Commençons ce bulletin par une question : D’après vous, entre 1972 et 2002, laquelle des actions du S&P 500, le principal indice de référence américain, a généré le meilleur rendement note de bas de page 1 ?
De manière générale, on pense à des entreprises comme Johnson & Johnson, IBM ou Intel. Or, la palme revient plutôt à Southwest Airlines, une compagnie aérienne.
Il va sans dire que ce résultat est surprenant. En effet, il est bien connu que la rentabilité financière est généralement un défi de taille pour les transporteurs aériens. Que ce soit en raison d’un niveau d’endettement élevé, d’une inefficience opérationnelle, de périodes de ralentissement économique ou d’une concurrence accrue, plusieurs organisations de renom ont disparu, comme Pan American Airways, Swissair et Trans World Airlines (TWA). Plus près de nous, Air Canada a été placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies à deux reprises dans les années 2000note de bas de page 2 .
Mais alors, qu’est-ce qui explique le succès de Southwest Airlines?
En adoptant diverses stratégies, comme un nombre de destinations très limité, l’absence de repas servis à bord, l’achat de billets en ligne depuis 1995 et un service à la clientèle hors pair, la direction a misé sur l’essentiel. En limitant ses coûts d’exploitation et en maximisant l’expérience client, cette compagnie a su se démarquer et se tailler une solide réputation dans les milieux financiers.
Il est donc intéressant de suivre le modèle de Southwest Airlines, dans un monde où la prise de décision est devenue plus complexe. En effet, nous avons aujourd’hui accès à des sources d’information riches, variées, volumineuses et non traditionnelles accessibles en temps réel. Par exemple, chaque minute, on dénombre 347 000 publications sur Twitter et 300 heures de téléchargement sur YouTube. Par ailleurs, chaque jour, quelque 4 000 rapports de recherche sont publiés par des firmes de courtagenote de bas de page 3 , sans oublier les quelque 54 000 données économiques que fait paraître le Bureau of Economic Analysis (BEA) aux États-Unis !
Sachant qu’il est irréaliste de traiter toutes les données disponibles, Jeff Bezos, fondateur et président-directeur général d’Amazon, propose la règle des 70 % note de bas de page 4 pour simplifier la prise de décision. Tout d’abord, il nous invite à cibler et à classer par priorité les principaux éléments d’information à prendre en considération. Ensuite, nous devons sélectionner et additionner les plus importants facteurs et lorsque nous aurons obtenu au moins 70 % de l’information nécessaire pour prendre une décision éclairée, nous arrêtons le processus.
En ce qui nous concerne, nous sommes d’avis que l’inversion de la courbe des taux d’intérêt aux États-Unis et l’évaluation boursière du S&P 500 répondent à ces conditions pour guider notre gestion de portefeuille.
Dans notre Avis d’exécution du premier trimestre de 2019, nous avons souligné l’impressionnant rebond des cours boursiers au cours des deux premiers mois de l’année. L’une des raisons évoquées était la publication de données économiques encourageantes. Par contre, en mars, en l’espace de quelques jours, le vent a tourné. Voici un aperçu de ce qui s’est produit :
En réaction à ces données économiques décevantes, les banques centrales américaine, canadienne et européenne prônent maintenant le statu quo en ce qui a trait à leur politique monétaire. À titre d’exemple, Mario Draghi, président de la BCE, a indiqué que le taux directeur demeurera inchangé au moins jusqu’en 2020 et la Réserve fédérale américaine ne prévoit aucune hausse de taux d’intérêt en 2019.
Sans le moindre doute, ce changement de ton a contribué à la première inversion de la courbe des taux d’intérêt aux États-Unis depuis 2006. En effet, le 22 mars dernier, le taux d’intérêt à long terme (2,42 %) était inférieur au taux d’intérêt à court terme (2,50 %). Par le passé, un tel scénario a été précurseur de récession aux États-Unis. Malgré cela, au premier trimestre, les principales places boursières ont clôturé fortement à la hausse.
Comment peut-on justifier une telle performance?
Aujourd’hui, conformément aux signes indiquant un ralentissement économique global, la prévision du bénéfice annuel du S&P 500 a été revue à la baisse (de 174 à 167 $). Par contre, à la fin du premier trimestre, le ratio cours/bénéfice était à près de 17 fois (2834/167), soit supérieur au multiple moyen des 25 dernières années (16). Étant donné le signal d’alerte d’une récession potentielle émis par notre modèle prévisionnel et l’évaluation boursière du S&P 500, nous jugeons que le S&P 500 est à risque d’une contraction tant sur le plan du multiple que de la croissance de son bénéfice.
Indices de référence | Rendement (converti en $ CA) |
---|---|
S&P 500 | 11,50 % |
S&P/TSX | 13,27 % |
MSCI World | 10,53 % |
MSCI EAFE | 8,07 % |
FTSE TMX Canada Universe Bond | 4,03 % |
Indices de référence | Rendement (calculé en $ US) |
---|---|
Or | 0,77 % |
Pétrole | 32,44 % |
Rendement | |
---|---|
Obligataire | 1,03 % |
Actions privilégiées | – 0,82 % |
Croissance | 5,5 % |
Équilibré fiscal* | 2,88 % |
*Le rendement est calculé à partir d’un compte client et ne tient pas compte des frais de gestion. Le rendement réel peut varier en fonction du moment de l’investissement. La répartition de l’indice de référence est la suivante : 25 % S&P/TSX, 25 % MSCI World, 25 % Indice d’actions privilégiées S&P/TSX et 25 % Indice obligataire FTSE TMX Canada Universe Bond pour le portefeuille équilibré fiscal. L’indice de référence du portefeuille Croissance est 50 % S&P/TSX et 50 % MSCI World, celui du portefeuille obligataire est 100 % FTSE TMX Canada Universe Bond, et celui du portefeuille d’actions privilégiées est 100 % Indice d’actions privilégiées S&P/TSX.
Aux fins de rappel, voici un résumé de notre philosophie d’investissement :
Au moment d’investir, nous priorisons la sécurité de votre capital. Le risque que vous courez, c’est de perdre de l’argent, et non de vous faire battre par un indice, surtout à court termenote de bas de page 14 .
Dans cette optique, nous avons récemment effectué une série de transactions pour amener notre répartition d’actifs vers un positionnement plus défensif. Comme le marché boursier baisse en moyenne sept fois plus vite qu’il ne monte, il est toujours préférable d’effectuer ce type de transactions quand l’optimisme règne. Bien sûr, il est probable que les marchés financiers continuent sur leur lancée et créent ainsi un écart de performance entre nos portefeuilles et les indices de référence correspondants.
Notre objectif est donc de faire abstraction des fluctuations boursières et de nous concentrer plutôt sur des facteurs d’analyse clés comme l’inversion de la courbe des taux d’intérêt aux États-Unis et l’évaluation boursière du S&P 500, qui dénotent un rendement/risque moins favorable. À l’image de Southwest Airlines, nous souhaitons créer de la valeur ajoutée en protégeant votre capital, car, pour nous, c’est essentiel !
Sources :
AFP (2019). Chine : les exportations s’effondrent de 21 % en février, regain d’inquiétude sur l’économie, Libération. https://www.liberation.fr/depeches/2019/03/08/chine-les-exportations-s-effondrent-de-21-en-fevrier-regain-d-inquietude-sur-l-economie_1713822 - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre.. Consulté en avril 2019.
BlackRock (2015). The Evolution of Active Investing Finding Big Alpha in Big Data.
Côté, R. (2009). Air Canada : le spectre de la faillite, L’actualité. https://lactualite.com/lactualite-affaires/2009/04/20/air-canada-le-spectre-de-la-faillite/ - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre.. Consulté en avril 2019.
Couet, I. (2019). Le taux d’emprunt de l’Allemagne chute sous 0 %, Les Échos. https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/le-taux-demprunt-de-lallemagne-tombe-a-0-1002840 - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre.. Consulté en avril 2019.
Cox, J. (2019). Job creation grinds to a near-halt in February; wages still on the rise, CNBC. https://www.cnbc.com/2019/03/08/nonfarm-payrolls-february-2019.html - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre.. Consulté en avril 2019.
Groupe Ouellet Bolduc (2018). Le Rapporteur – Notre modèle pour prévoir la prochaine récession. https://microsites.vmdconseil.ca/groupe-ouellet-bolduc/infos-pratiques/rapporteur/le-rapporteur-notre-modele-pour-prevoir-la-prochaine-recession/. Consulté en avril 2019
Groupe Ouellet Bolduc (2019). Ce qui nous distingue. https://microsites.vmdconseil.ca/groupe-ouellet-bolduc/equipe/distinction. Consulté en avril 2019.
Light, L. (2018). An Inverted Yield Curve Portends a Recession, But Guess What? Stock keeps climbing, Forbes. https://www.forbes.com/sites/lawrencelight/2018/07/11/an-inverted-yield-curve-portends-a-recession-but-guess-what-stocks-keep-climbing/#437044236bb7 - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre.. Consulté en avril 2019.
McKeown, G. (2014). Essentialism: The Disciplined Pursuit of Less, Currency.
Richter (2019). Compilation sur les prévisions des banques – mars 2019. https://www.richter.ca/fr/compilation-sur-les-previsions-des-banques-mars-2019/ - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre.. Consulté en avril 2019.
Rzepczynski, M. (2019). The Bezos ‘’70 percent rule’’ for decision-making. Disciplined Systematic Global Macro Views. http://mrzepczynski.blogspot.com/2019/03/the-bezos-70-percent-rule-for-decision.html - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre.. Consulté en avril 2019.
Scaggs, A. (2019). The Yield Curve Just Inverted. That’s Not as Scary as You Think, Barron’s. https://www.barrons.com/articles/the-yield-curve-just-inverted-that-doesnt-mean-sell-stocks-51553267161 - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre.. Consulté en avril 2019.
Sheetz, M. (2018). The stock market’s epic fourth-quarter reversal is one of the history books, CNBC. https://www.cnbc.com/2018/12/31/the-sp-500-will-make-history-when-it-ends-the-year-with-a-loss.html - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre.. Consulté en avril 2019.
Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.