Le Rapporteur — Quatrième trimestre de 2019

Un regain d’optimisme

Commençons cette revue trimestrielle par une question à choix multiple :

L’année dernière, l’action d’Apple a enregistré un rendement de + 86 %. Sachant que son bénéfice annuel par action était de 11,91 $ en 2018, d’après vous, quel a été son bénéfice annuel par action en 2019 ?

  1. 11,89 $
  2. 14,35 $
  3. 17,82 $
  4. 19,56 $

En se fiant uniquement à la performance boursière, on s’attend au minimum à ce que le bénéfice annuel par action se soit accru. Or, détrompez-vous ; la réponse est A! Mais comment s’explique un tel constat ?

Prix d’une action

=

Performance organisationnelle

+

Attentes des participants de marché

Mesurée par le bénéfice par action

Reflétées dans le ratio cours/bénéfice

 

 

Exemple de calcul

 

 

 

 

30 $

=

Bénéfice par action

X

Ratio cours/bénéfice

2 $

15 X

Dans le cas qui nous intéresse, bien que le bénéfice annuel par action soit légèrement inférieur à  celui de l’année précédente, le ratio cours-bénéfice d’Apple a pratiquement doublé entre son creux enregistré en décembre 2018 et la fin de l’année dernière! En effet, les participants de marché sont optimistes quant à une reprise de la croissance du bénéfice par action. Cela s’explique notamment par l’introduction d’Apple TV + (un service de diffusion vidéo sur abonnement semblable à Netflix), par l’arrivée prochaine du nouvel iPhone 5 G (une technologie jusqu’à 1000 fois plus performante que celle utilisée en 2010) et, surtout, par l’amélioration de la conjoncture macroéconomique ainsi que par le progrès réalisé sur certains enjeux géopolitiques au cours du dernier trimestre.

Nous sommes d’avis que le même raisonnement s’applique au S&P 500, le principal indice de référence aux États-Unis. Sur une base annualisée, le bénéfice annuel par action a baissé de 0,17 %, mais le ratio cours-bénéfice est passé de 14,4 X à 18,2 X, expliquant ainsi son excellente performance boursière en 2019. À l’image de l’action d’Apple, la communauté financière est marquée par un regain d’optimisme, car elle projette un bénéfice par action plus élevé en 2020. Bien entendu, le S&P 500 a été davantage touché par les récents événements positifs sur les fronts macroéconomiques et géopolitiques, ce que nous verrons plus en détail dans la prochaine section.

Sommaire des rendements boursiers - 2019

Indice de référence Rendement CAD
S&P 500 25,24 %
S&P/TSX 22,84 %
MSCI World 22,35 %
MSCI EAFE 16,95 %
FTSE TMX Canada Universe Bond 6,87 %
Indice de référence Rendement USD
L’or   19,09 %
Le pétrole 34,46 %

Sommaire des rendements - 4e trimestre 2019

Indice de référence Rendement CAD
S&P 500 6,90 %
S&P/TSX 3,16 %
MSCI Monde 6,53 %
MSCI EAEO 6,08 %
Obligataire universel FTSE TMX Canada -0,85 %
Indice de référence Rendement USD
L’or    3,04 %
Le pétrole 12,93 %

 

Faits saillants – quatrième trimestre de 2019

Selon nous, voici les quatre principaux catalyseurs positifs pour les marchés financiers.

1. Les États-Unis et la Chine ont conclu un accord commercial préliminaire

En dépit du fait que les États-Unis maintiennent l’imposition de droits de douane punitifs de 25 % sur des marchandises chinoises importées représentant quelque 250 milliards de dollars, l’administration Trump a, d’une part, renoncé à une nouvelle salve de tarifs douaniers sur une série de produits chinois de grande consommation (téléphones cellulaires, ordinateurs portatifs, jouets et vêtements) et, d’autre part, réduit de moitié le tarif douanier (de 15 % à 7,5 %) applicable à 120 milliards de dollars d’importations chinoises en date du 1er septembre 2019note de bas de page 1. En échange, au cours des deux prochaines années, le gouvernement chinois s’engage à acheter au moins 200 milliards de dollars de produits et de services américains provenant des secteurs agricole, manufacturier et énergétiquenote de bas de page 2. Cette « phase 1 » de l’accord commercial est un pas dans la bonne direction, et l’économie mondiale devrait en ressentir les effets positifs. À cet égard, les tensions commerciales mondiales auraient réduit de 7 % à 8 % la croissance du bénéfice par action du S&P 500 en 2019note de bas de page 3.

2. La Réserve fédérale américaine abaisse son taux directeur pour une troisième fois en 2019

Le 30 octobre 2019, pour parer à la guerre commerciale sino-américaine et à l’affaiblissement de la croissance annualisée de l’économie mondiale (de +3,6 % à +3,0 %note de bas de page 4), la Réserve fédérale américaine (Fed) a diminué le taux directeur d’un quart de point (0,25 %), pour le porter à 1,75 %. Toutefois, en décembre dernier, la banque centrale américaine a signalé une pause des réductions subséquentes du principal taux d’intérêt. Avec une prévision de croissance du PIB (produit intérieur brut) de +2 % et d’un taux de chômage de 3,5 % l’an prochain, le président Jerome Powell s’est dit à l’aise avec la politique monétaire en placenote de bas de page 5. De même, historiquement, la Fed a plus de chances de maintenir une politique monétaire expansionniste à l’approche d’une élection présidentiellenote de bas de page 6, comme ce sera le cas en 2020, autre élément qui favorise la prise de risque pour les actions.

3. L’espoir d’un dénouement positif pour le Brexit

« L’incertitude est de tous les tourments le plus difficile à supporter. »

— Alfred de Musset, écrivain français

Grâce à son écrasante victoire aux élections législatives, le premier ministre britannique Boris Johnson sera en mesure d’activer le Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne) le 31 janvier prochain, minorant ainsi l’incertitude qui plane sur la tenue de l’économie depuis le référendum de juin 2016. Par exemple, le PIB britannique a affiché une croissance décevante au cours des deux dernières années (+1,4 % en 2018, +1,3 % en 2019note de bas de page 7) et, par rapport aux autres pays membres du G7, le montant total des investissements effectués dans les entreprises britanniques est inférieur de 9 % depuis la victoire du Brexitnote de bas de page 8. Étant donné que le Royaume-Uni représente près de 4 % de l’économie mondialenote de bas de page 9, une transition en douceur (la date butoir est le 31 décembre) serait la bienvenue pour maintenir le sentiment favorable des investisseurs quant à la conclusion de cette interminable saga politique.

4. Le retour à la normalité de la courbe des taux d’intérêt aux États-Unis

Sans contredit, l’inversion de la courbe des taux d’intérêt aux États-Unis a été l’un des faits marquants de 2019. À des fins de rappel, lorsque la courbe est dite « inversée », le taux directeur établi par la Réserve fédérale américaine (taux d’intérêt à court terme) est supérieur au taux d’intérêt d’une durée de dix ans (taux d’intérêt à long terme). En général, ce type de courbe est associé à un risque de récession plus élevé. Par contre, l’automne dernier, la courbe des taux d’intérêt est revenue à la « normale », c’est-à-dire que le taux d’intérêt à 10 ans s’est de nouveau établi au-dessus du taux directeur, diminuant ainsi la probabilité d’une récession américaine au cours des 12 prochains mois à 29 %. À titre de comparaison, il y a un an, ce pourcentage était à près de 50 %note de bas de page 10.

En plus des facteurs cités ci-haut, certaines données économiques très encourageantes ont contribué à ce retour à la normale pour la courbe des taux d’intérêt aux États-Unis. Par exemple, en novembre dernier, le J.P. Morgan Global Manufacturing PMI a affiché une lecture au-dessus de 50 (une indication d’expansion de l’activité économique globale), une première en sept mois.

 

Notre gestion

Revue de la performance au quatrième trimestre de 2019

Type de portefeuille Rendement du portefeuille (A) Rendement de l’indice
de référence (B)
Alpha (C) = (A) – (B)
Croissance 3,53 % 4,84 % – 1,32 %
Obligataire  0,70 % -0,85 % +1,55 %
Actions privilégiées 3,46 % 3,89 % – 0,42 %
Équilibré fiscal* 3,36 % 3,17 % +0,19 %

Revue de la performance au 31 décembre 2019

Type de portefeuille Rendement du portefeuille (A) Rendement de l’indice
de référence (B)
Alpha (C) = (A) – (B)
Croissance 14,09 % 22,52 % – 8,43 %
Obligataire 1,35 % 6,51 % – 5,16 %
Actions privilégiées – 0,21 % 3,46 % – 3,68 %
Équilibré fiscal* 8,41 % 13,59 % –  5,18 %

* Le rendement est calculé à partir d’un compte client et ne tient pas compte des frais de gestion. Le rendement réel peut varier en fonction du moment de l’investissement. La répartition de l’indice de référence est la suivante : 25 % S&P/TSX, 25 % MSCI Monde, 25 % Indice d’actions privilégiées S&P/TSX et 25 % Indice obligataire universel FTSE TMX Canada pour le portefeuille équilibré fiscal. L’indice de référence du portefeuille Croissance est 50 % S&P/TSX et 50 % MSCI Monde, celui du portefeuille obligataire est 100 % Indice obligataire universel FTSE TMX Canada et celui du portefeuille d’actions privilégiées est 100 % Indice d’actions privilégiées S&P/TSX.

Nous avons adopté une position extrêmement prudente dans la portion revenu fixe de nos portefeuilles en privilégiant une durée très courte pour nos obligations.  Les baisses de taux surprenantes auxquelles nous avons assisté ont limité le rendement de cette portion de portefeuille.  Le niveau des taux actuels demeure un facteur de risque important pour la portion obligataire des portefeuilles.  Pour ce qui est des actions privilégiées, malgré le surplace enregistré en 2019, celles-ci demeurent, selon nous, la catégorie d’actif la plus susceptible de profiter d’un rapport rendement-risque exceptionnel.

Pour le portefeuille Croissance, malgré une gestion de portefeuille plus prudente (un niveau de liquidités à 23 %), la performance a été au rendez-vous (+14 %). En plus de bénéficier d’un marché haussier, nous étions prêts à profiter d’éventuelles occasions d’investissement advenant un recul prononcé des cours boursiers, ce qui ne s’est toutefois pas produit. Depuis 1980, en moyenne, l’écart entre le plus haut et le plus bas niveau du S&P 500 pendant une année est de 13,8 %note de bas de page 11. Eh bien, l’année dernière, la baisse la plus importante des cours pour l’indice de référence américain n’a été que de 7 %.

Sur le plan de la performance relative, il est à noter qu’au cours de la deuxième moitié de 2019, nous avons créé de la valeur ajoutée, ce qui est surprenant vu la performance de certains titres qui ne conviennent aucunement à notre approche de placement. Saviez-vous que l’année dernière, l’action de Shopify (SHOP.TO- une plateforme de commerce électronique qui permet de créer votre propre boutique en ligne) a été la plus performante parmi les titres du S&P/TSX, l’indice de référence canadien, avec un rendement de +173 %? Tenez-vous bien, car l’action se négocie à des ratios financiers aberrants, tels qu’à 21 X les ventes et à 464 X les profits! C’est ce qui nous amène à vous rappeler notre philosophie d’investissement :

Au moment d’investir, nous priorisons la sécurité de votre capital. Le risque que vous courez, c’est de perdre de l’argent, et non de vous faire battre par un indice, surtout à court terme note de bas de page 12.

La bonne nouvelle, c’est que notre cadre de gestion ne nous a pas empêchés de créer de la valeur ajoutée à long terme. Depuis le 1er janvier 2013note de bas de page 13, le portefeuille Croissance a généré un rendement annuel moyen de +13,14 % comparativement à +11,24 % pour l’indice de référence correspondant.

Dans le Rapporteur-Perspectives 2020, nous présenterons notre stratégie de portefeuille pour la prochaine année, et vous constaterez que notre positionnement actuel ne nécessite aucune modification majeure. La morale de cette histoire est qu’il faut résister aux rendements alléchants qui nous chantent la pomme...

 

Sources :

Agence France-Presse (2019). Trump renonce à imposer de nouveaux tarifs douaniers contre Pékin. Le journal de Montréal.https://www.journaldemontreal.com/2019/12/13/la-chine-annonce-un-accord-commercial-preliminaire-avec-les-etats-unis-1 - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre. Consulté en janvier 2020.

Agence France-Presse (2019). L’accord Chine-États-Unis est ‘’remarquable’’ même s’il ne résout pas tout. TVA Nouvelles. https://www.tvanouvelles.ca/2019/12/15/laccord-chine-etats-unis-est-remarquable-meme-sil-ne-resout-pas-tout. - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtreConsulté en janvier 2020.

Bernadette Kilroy Martin (2016). The Federal Reserve and the Presidential Election Year.The Gail Foster Group. https://www.gailfosler.com/federal-reserve-presidential-election-cycle - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre. Consulté en janvier 2020.

CME Group (2020). CME FedWatch Tool. https://www.cmegroup.com/trading/interest-rates/countdown-to-fomc.html - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre. Consulté en janvier 2020.

J.P. Morgan Asset Management (2019). Guide to the Markets.U.S. 1 Q 2020. Market Insights.

Michael Cembalest (2020). Eye on the Market Outlook 2020. J.P. Morgan Asset Management.

Read Pickert, Yue Qiu et Alexander McIntyre (2019). U.S. Recession Odds Steady as Stocks Reach Fresh Record. Bloomberg. https://www.bloomberg.com/graphics/us-economic-recession-tracker/ - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre. Consulté en janvier 2020.

Robie Grammer (2017). Infographic: Here’s How the Global GDP is Divvied UP. Foreign Policy. https://foreignpolicy.com/2017/02/24/infographic-heres-how-the-global-gdp-is-divvied-up/ - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre. Consulté en janvier 2020.

Vanguard Research  (2019). Vanguard economic and market outlook for 2020: The new age of uncertainty.

Virginie Montet (2019). Taux: la Fed pourrait poursuivre sa pause en 2020. La Presse. https://www.lapresse.ca/affaires/economie/201912/11/01-5253301-taux-la-fed-pourrait-poursuivre-sa-pause-en-2020.php - Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre. Consulté en janvier 2020.

Wells Fargo Economics (2019). Annual Manual.

  1. Agence France-Presse (2019)Return to footnote 1 referrer
  2. Agence France-Presse (2019)Return to footnote 3 referrer
  3. Cembalest (2020)Return to footnote 5 referrer
  4. Wells Fargo Economics (2019)Return to footnote 7 referrer
  5. Montet (2019)Return to footnote 9 referrer
  6. Kilroy Martin (2016)Return to footnote 11 referrer
  7. Wells Fargo Economics (2019)Return to footnote 13 referrer
  8. Vanguard Research (2019)Return to footnote 15 referrer
  9. Grammer (2017)Return to footnote 17 referrer
  10. Pickert, Qiu et McIntyre (2019)Return to footnote 19 referrer
  11. J.P. Morgan Asset Management (2019)Return to footnote 21 referrer
  12. Groupe Ouellet Bolduc (2020)Return to footnote 23 referrer
  13. Date de début de la gestion discrétionnaireReturn to footnote 25 referrer

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