Le Rapporteur - quatrième trimestre de 2018

Je me souviens

Pour une deuxième année consécutive, les Packers de Green Bay, une équipe de la Ligue nationale de football (NFL), ont raté les séries éliminatoires. Malgré une fiche impressionnante entre 2010 et 2018 de 89 victoires, 54 défaites et 1 match nul en saison régulière, ainsi que sept participations consécutives aux séries éliminatoires – dont une victoire au Super Bowl –, les supporteurs ont manifesté bruyamment leur mécontentement. Il s’agit d’un bel exemple de « l’effet de récence », cette tendance à retenir plus facilement les dernières informations auxquelles nous avons été exposés, minorant ainsi le poids des arguments ou des renseignements plus anciens. Leur insatisfaction était donc fondée uniquement sur la performance récente de l’équipe et non sur une analyse plus approfondie portant sur une plus longue période.

Récemment, à la Bourse, les investisseurs se sont comportés sensiblement de la même façon. Au quatrième trimestre de 2018, les principales places boursières ont enregistré leur pire performance depuis 2008 et en décembre, le S&P 500 a chuté de plus de 10 %, une première en 87 ans pour le dernier mois de l’année! À l’image des partisans des Packers de Green Bay, les investisseurs ont alors capitulé, évoquant notamment une éventuelle récession économique aux États-Unis.

Sommaire des rendements boursiers – 2018
Indices de référence Rendement
(converti en $ CA)
S&P 500 3,98 %
S&P/TSX – 8,88 %
MSCI World – 0,15 %
MSCI EAFE – 5,73 %

 

Sommaire des rendements - quatrième trimestre de 2018
Indices de référence Rendement
(converti en $ CA)
S&P 500 – 8,95 %
S&P/TSX – 10,11 %
MSCI World – 8,72 %
MSCI EAFE – 7,85 %
FTSE TMX Canada Universe Bond 1,76 %

 

Matières premières Rendement
(converti en $ US)
Or 7,54 %

Notre gestion

Revue de performance

  Décembre 4e trimestre 2018
Portefeuille obligataire 0,57 % – 0,76 % – 0,08 %
Actions privilégiées – 3,53 % – 11,78 % – 9,24 %
Portefeuille Croissance – 8,04 % – 6,05 % – 4,90 %
Portefeuille équilibré fiscal * – 6,09 % – 7,02 % – 4,82 %

* Le rendement est calculé à partir d’un compte client et ne tient pas compte des frais de gestion. Le rendement réel peut varier en fonction du moment de l’investissement. La répartition de l’indice de référence est la suivante : 25 % S&P/TSX, 25 % MSCI World, 25 % Indice d’actions privilégiées S&P/TSX et 25 % Indice obligataire FTSE TMX Canada Universe Bond pour le portefeuille équilibré fiscal. L’indice de référence du portefeuille Croissance est 50 % S&P/TSX et 50 % MSCI World, celui du portefeuille obligataire est 100 % FTSE TMX Canada Universe Bond, et celui du portefeuille d’actions privilégiées est 100 % Indice d’actions privilégiées S&P/TSX.

 

En examinant le tableau ci-dessus, il est facile de constater que la fin de l’année et plus particulièrement le mois de décembre ont influencé grandement la performance de 2018. Outre le portefeuille obligataire, dans la foulée de la récente correction boursière, les autres portefeuilles n’ont pas été épargnés. Généralement, en fin de cycle, notre style de gestion devrait bien performer. D’ailleurs, comme nous l’avons soulevé dans le dernier Avis d’exécution, entre le 1er octobre et le 30 novembre, le style valeur s’est bien tiré d’affaire en ne reculant que de 2,96 % comparativement à des baisses respectives de 5 et de 6,79 % pour le S&P 500 et pour le portefeuille Croissance1. Pendant la même période, le portefeuille Croissance a même généré un rendement positif (plus de 2 %) ! Or, en décembre, la chute des cours boursiers a été brutale, généralisée et indiscriminée, car elle a touché de plein fouet l’ensemble des actions.

1 Le rendement du style valeur est déterminé par la performance du IVE (iShares S&P 500 Value ETF), tandis que celui du style croissance est établi en fonction de la performance du IVW (iShares S&P 500 Growth ETF).

 

D’après nous, la probabilité d’un rebond des cours boursiers est très élevée. Voici les trois critères qui appuient notre prévision :

Un contexte économique favorable. Il est vrai que certaines données économiques pointent vers un ralentissement économique. Néanmoins, en date du 9 janvier 2019, d’après la Réserve fédérale de New York, la probabilité d’une récession aux États-Unis au cours des 12 prochains mois n’était que de 21,35 %. D’ailleurs, selon la firme d’investissement Wells Fargo, la croissance économique prévue et mesurée au moyen du produit intérieur brut (PIB) demeure soutenue.

  2018 2019
États-Unis 2,9 % 2,7 %
Canada 2,1 % 2,0 %
Zone euro 1,9 % 1,7 %
Chine 6,6 % 6,2 %

Une bonne évaluation boursière du S&P 500. En 2018, le bénéfice par action du S&P 500 a été de 162 $. En se fiant à son cours à la fin de l’année (2 507 points), le S&P 500 s’échangeait à un multiple de 14,5 (2 507/162), ce qui est une évaluation boursière très abordable. Toutefois, il est préférable d’utiliser le bénéfice par action estimé en 2019. Selon le consensus établi par Yardeni Research, on s’attend à ce qu’il atteigne 174 $, procurant ainsi un ratio cours/bénéfice plus que raisonnable de 13,4 (2 507/174). En effet, il est important de rappeler que le multiple moyen des 25 dernières années est de 16, ce qui dénote un pessimisme certain.

Une correction boursière ne signifie pas nécessairement une récession à court terme. Beaucoup d’investisseurs croient que les marchés financiers se comportent comme si une récession était imminente. Faut-il s’en inquiéter? Il semblerait que non. Selon une analyse effectuée par l’excellent blogueur Ben Carlson, depuis la fin des années 1920, le S&P 500 a perdu plus de 10 % à 47 reprises. Dans 66 % des cas (31 fois), aucune récession n’a suivi.

 

Conclusion

En 1883, l’architecte Eugène-Étienne Taché a fait graver dans la pierre la devise « Je me souviens », juste en dessous des armoiries du Québec. Son rappel était le suivant : nous n’oublions pas et nous n’oublierons jamais notre origine, nos traditions et notre mémoire du passé. Il y a ici un parallèle à faire avec l’investissement boursier. Peu importe la situation, il est impératif d’adopter une perspective élargie en analysant la performance sur une période plus longue, en tenant compte du comportement humain, et surtout, en tirant des leçons du passé avec l’aide de statistiques historiques. Ainsi, nous serons en mesure de prendre le recul nécessaire pour une prise de décision éclairée dans ce contexte boursier plus émotif. Voilà pourquoi, dans Le Rapporteur – Perspectives pour 2019, nous présenterons notre ligne de conduite en ce qui a trait à la gestion de portefeuille en nous fiant principalement à notre modèle de prévision de récession économique, une méthode qui a fait ses preuves par le passé.

Sources :

Ben Carlson. Can the Stock Market Predict the Next Recession ? A Wealth of Common Sense, 23 octobre 2018.

Charles Stein. Mutual Fund Outflows Surge to $56 Billion, Most Since 2008, Bloomberg, 26 décembre 2008.

Éric Desrosiers. La Fed fait fi des pressions de Trump et élève ses taux d’intérêt, Le Devoir, 20 décembre 2018.

La Toupie. Effet de récence, 2018.

Robert J. Shiller. Market Volatility, MIT Press, 1989.

Ted Kavadas. The Probability of a US Recession – January 2019, Seeking Alpha, 9 janvier 2019.

Wells Fargo Economics. Macro Manual-Annual Edition, 13 décembre 2018.

Wells Fargo Securities. Time to Press Pause? Financial Conditions & the FOMC, Special Commentary, 3 janvier 2019.

Wikipédia. Je me souviens, 2019.

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