Le Rapporteur — Quatrième trimestre de 2022

L’ANNÉE 2022 EST-ELLE VRAIMENT CELLE DES SURPRISES NÉGATIVES?

Au Québec, dans les années 90, Surprise sur prise était une émission de télévision fort populaire animée par l’humoriste Marcel Béliveau. Le concept consistait à piéger, avec l’utilisation de caméras cachées, des personnalités québécoises, le plus souvent avec la complicité d’une connaissance. L’intérêt résidait surtout dans l’observation de la réaction des célébrités face à des scénarios fictifs, mais très crédibles. Ce qui était intéressant à noter, c’était la diversité des réactions à la suite d’une mise en scène surprenante. Effectivement, aucune personne ne réagissait de la même façon.

Selon Michael Roussel, psychologue et auteur du livre The Power of Surprise, la surprise est la seule émotion qui requiert une interprétation personnelle. En effet, une surprise n’est ni négative ni positive en soi, seule notre interprétation en déterminera la nature. Par exemple, pour un grand nombre d’investisseurs, l’année 2022 a été remplie de surprises négatives, notamment en raison de la survenue d’événements tels que la plus forte augmentation de l’inflation observée en 40 ans, une deuxième année consécutive de rendements négatifs pour le marché obligataire et l’effondrement spectaculaire des cryptomonnaies et d’une panoplie d’actions prisées par la communauté financière (p. ex. : Amazon, Shopify, Tesla).

De notre côté, l’année 2022 a été plutôt celle de la « normalisation », en ce sens que nous avons assisté à un retour vers la moyenne dans plusieurs thématiques déjà évoquées par le passé. En voici trois exemples :

  • En janvier dernier, lors de la conférence annuelle virtuelle, nous avons réitéré notre conviction selon laquelle les cryptomonnaies sont des véhicules financiers à éviter;
  • Dans le cadre d’un article intitulé « Bulle techno 2.0 » paru dans La Presse, le gestionnaire de portefeuille Daniel Ouellet a sonné l’alarme à l’égard des titres technologiques1;
  • Depuis quelques années, pour la gestion des titres à revenus fixes, nous optons pour la détention d’obligations ayant des échéances de courte durée, une stratégie logique et avantageuse dans un environnement de taux d’intérêt à la hausse. Cela nous a d’ailleurs permis de limiter les dégâts dans ce contexte de forte poussée des taux d’intérêt visant à contrer l’inflation.

« Contrôlez votre destinée ou quelqu’un d’autre le fera à votre place. »

— Citation de l’ancien président de General Electric Jack Welch

Bien entendu, certains événements nous ont surpris, comme le conflit russo-ukrainien. Heureusement, grâce à une saine diversification et à notre positionnement favorable, nous avons réussi à tirer notre épingle du jeu. Il suffit de penser à certaines actions détenues en portefeuille comme Nutrien et Suncor qui ont profité pleinement du choc d’offre causé par le conflit armé. Il y a aussi le taux directeur supérieur à 4 % au Canada et aux États-Unis qui accentue la volatilité des différentes classes d’actifs. En conséquence, nous avons choisi d’adopter une posture plus tactique en fonction des seuils extrêmes tant pour le marché des actions que celui des obligations, une approche qui s’est avérée fructueuse. Concrètement, cela veut dire que nous avons mis en place des transactions dont l’objectif était de profiter uniquement d’un renversement de tendance avantageux à court terme. Pour mieux saisir ce point, nous vous présentons deux exemples.

1 — Transactions sur le iShares NASDAQ 100 ETF (CAD-Hedged)

Comme nous l’avons décrit dans le Rapporteur - 3e trimestre de 2022, depuis juin, les principaux indices de référence nord-américains évoluent à l’intérieur d’un large couloir transactionnel bien défini. Par exemple, le S&P 500 se promène grosso modo entre 3 600 et 4 300 points. En septembre dernier, grâce à la liquidité disponible en portefeuille (4 %), nous avons été en mesure de profiter du fait que le S&P 500 s’est négocié brièvement sous la barre des 3 600 points pour acheter le iShares NASDAQ 100 Index ETF (CAD-Hedged) à un prix de 86,10 $. Ce fonds négocié en bourse américain réplique la performance des 100 plus grandes entreprises non financières cotées au NASDAQ, tout en éliminant l’impact du dollar américain sur le rendement. Sur ce dernier point, il est à noter que le dollar vert venait de s’apprécier considérablement par rapport au dollar canadien, passant de 1,30 à 1,38 au cours des deux semaines précédentes, le rendant ainsi vulnérable à court terme. Lorsque le S&P 500 a repris sa tendance haussière vers le haut de la fourchette de ses cours des derniers mois, nous avons alors liquidé cette position à un prix de 92,70 $ pour un gain d’environ 8 %.

2 — Transactions pour allonger et raccourcir la durée du portefeuille obligataire

Comme nous l’avons mentionné précédemment, lorsqu’un gestionnaire de portefeuille obligataire anticipe une hausse des taux d’intérêt, il cherchera à raccourcir la durée de son portefeuille, tandis qu’il fera l’inverse s’il s’attend plutôt à une baisse des taux d’intérêt.

À la fin juillet, le taux d’intérêt à 30 ans canadien était de 2,80 % et la durée du portefeuille obligataire était de 7,8 ans. En anticipation d’une possible accélération haussière de ce taux d’intérêt à long terme, nous avons réduit la durée à 6,3 ans. Au début septembre, alors que notre prévision se matérialisait, nous avons allongé la durée à 8,40 ans puisque le taux d’intérêt à 30 ans canadien se cotait à 3,20 %, un niveau extrême pour les dernières années. Finalement, à la fin novembre, nous avons de nouveau raccourci la durée à 6,40 ans après le recul du taux d’intérêt à long terme de 24 points de base (0,24 %) pour s’établir à 2,96 %. Comme vous vous en doutez, nous prévoyions une reprise haussière pour ce taux d’intérêt de référence.

Le mot de la fin

À la lumière de ce qui précède, malgré cette période tumultueuse que nous venons de vivre, nous sommes très satisfaits d’être restés fidèles à nos convictions d’investissement, tout en faisant preuve de flexibilité afin de profiter pleinement des occasions de placement qui se présentaient. Sans contredit, notre belle performance relative enregistrée en 2022 est le reflet de ce constat. D’ailleurs, dans la section Annexe, vous trouverez un sommaire des transactions effectuées dans le portefeuille Croissance au cours du plus récent trimestre.

En ce qui concerne les actions privilégiées, nous sommes d’avis qu’elles représentent toujours une opportunité d’investissement de premier plan. À ce propos, vous recevrez prochainement une capsule vidéo dans laquelle le gestionnaire Daniel Ouellet présentera sa vision des choses sur cette classe d’actifs à privilégier en 2023.

Voilà qui résume la situation des derniers mois. En ce qui concerne nos perspectives pour 2023, nous préférons garder la « surprise » pour la conférence virtuelle de début d’année qui aura lieu le 25 janvier!

SOMMAIRE DES RENDEMENTS — 2022

Indices de référence Rendement en $ CA
S&P 500 -12,42 %
S&P/TSX -5,75 %
MSCI WORLD -11,98 %
NASDAQ Composite -27,81 %
FTSE TMX Canada Universe Bond -11,69 %
Indices de référence Rendement en USD
Or -0,28 %
Pétrole +6,71 %

REVUE DE PERFORMANCE — QUATRIÈME TRIMESTRE DE 2022

TYPE DE PORTEFEUILLE GOB Indice de référence Valeur ajoutée
CROISSANCE +9,07 % +6,91 % +2,16 %
OBLIGATAIRE -0,12 % +0,10 % -0,22 %
ACTIONS PRIVILÉGIÉES -4,05 % -3,25 % -0,81 %
ÉQUILIBRÉ FISCAL +4,08 % +2,67 % +1,41 %

REVUE DE PERFORMANCE – 2022

TYPE DE PORTEFEUILLE GOB Indice de référence Valeur ajoutée
CROISSANCE -0,20 % -8,87 % +8,67 %
OBLIGATAIRE -9,02 % -11,68 % +2,67 %
ACTIONS PRIVILÉGIÉES -20,56 % -18,09 % -2,47 %
ÉQUILIBRÉ FISCAL -6,58 % -11,72 % +5,14 %

ANNEXE

Chaque fin d’année, nous procédons à une série de transactions visant à réaliser des pertes en capital. L’objectif est de réduire l’impôt à payer en appliquant le montant de ces pertes contre les gains en capital matérialisés dans l’année en cours. Grâce à notre gestion discrétionnaire et personnalisée, il nous est possible de maximiser votre rendement après impôt.

La plupart du temps, nous souhaitons réintégrer un titre vendu pour fins fiscales dans le portefeuille. Afin de bénéficier de la déduction de la perte en capital, le rachat de l’action doit être effectué après une période de 30 jours, sans quoi la perte en capital sera considérée comme une « perte apparente » et donc non admissible. Le cas échéant, nous remplaçons l’action vendue par l’achat d’un actif corrélé, c’est-à-dire qui se comporte sensiblement de la même façon. Ainsi, la stratégie de portefeuille demeure inchangée.

Cette position sera bien entendu vendue lors du rachat de ladite action, si nous le désirons. Autrement, nous conservons l’actif corrélé, ce qui a été le cas pour la quasi-totalité des transactions fiscales réalisées au dernier trimestre. En effet, seule la transaction d’achat portant sur le SPDR S&P 500 ETF NYSE a été liquidée et le produit de la vente a été investi dans le marché monétaire américain. En tenant compte de la liquidité générée par la fermeture de la transaction sur le iShares NASDAQ 100 ETF (CAD-Hedged) décrite ci-haut, le niveau de l’encaisse est d’environ 9 % pour le portefeuille Croissance. Voici le résumé en fonction de l’appariement des transactions.

Titres Type de transaction
Vodafone Vente
AT & T Achat
Walgreens Boots Alliance Vente
Rio Tinto Vente
SPDR S&P 500 ETF NYSE Achat
Intel Vente
Micron Achat
Barrick Gold Vente
Agnico-Eagles Mines Vente
iShares S&P/TSX Global Gold ETF Index Achat
SPDR S&P 500 ETF NYSE Vente
Marché monétaire américain Achat

Source :

Dufour, R. (2020). Bulle techno 2.0. Marchés financiers. La Presse, 8 octobre.

  1. Dufour, R. (2020). Bulle techno 2.0. Marchés financiers. La Presse, 8 octobre.Return to footnote 1 referrer

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