Le Rapporteur - deuxième trimestre de 2018

Respecter le plan de match

En cette période de Coupe du monde de soccer, ce sport devient omniprésent. Les bons coups comme les moins bons font la manchette. Sans contredit, l’un des moments forts de cet événement sportif a été la participation de l’Islande. Malgré une population d’environ 335 000 habitants et une température moyenne avoisinant zéro degré pendant près de la moitié de l’année, cette petite île volcanique s’est qualifiée pour la première fois de son histoire. Qui plus est, elle a livré un match nul face à l’Argentine, un adversaire prestigieux classé cinquième meilleur au monde. Comment expliquer un tel exploit? Il faut savoir qu’en 2000, le gouvernement islandais a adopté un plan d’action à long terme visant à investir dans les infrastructures sportives et dans un encadrement de qualité. Entre 2004 et 2013, près de 150 nouvelles surfaces de jeu ont vu le jour et on compte maintenant quelque 800 entraîneurs certifiés, ce qui représente un ratio d’un entraîneur pour 825 Islandais! Or, nous ne sommes pas sans savoir que ce pays a dû faire preuve de patience avant d’obtenir des résultats concluants. En 2011, après plus d’une dizaine d’années d’investissement et d’efforts concertés, l’Islande se trouvait encore loin derrière, classée au 133e rang mondial…

Pour faire un parallèle avec la Bourse, nous pouvons sans aucun doute tirer une leçon de cette belle réussite : pour obtenir des rendements satisfaisants à long terme, il est important de respecter son processus d’investissement. Dans ce contexte boursier caractérisé par des enjeux géopolitiques, une plus grande volatilité des cours et un climat d’incertitude en cette fin du cycle économique actuel, il peut être tentant de dévier de son « plan de match » pour déjouer le marché boursier. Or, nous nous fions plutôt à une analyse macroéconomique qui nous permet de prendre des décisions éclairées, nonobstant notre performance à court terme. Dans le cas présent, c’est l’évaluation du contexte économique américain qui nous sert de fondement.

Faits saillants du deuxième trimestre de 2018

En vue de réduire son déficit commercial colossal avec la Chine (375 milliards de dollars en 2017), l’administration Trump a annoncé une hausse des tarifs douaniers sur 34 milliards de dollars de marchandises chinoises importées. Or, la Chine a répliqué en imposant des tarifs douaniers pour un montant identique sur une liste de produits importés des États-Unis. Selon plusieurs, ces annonces marquent le début de la plus grande guerre commerciale de l’histoire. Pourtant, malgré les mises en garde alarmistes, les principales places boursières nord-américaines se négocient bien au-dessus de leurs creux enregistrés en février. Nous sommes d’avis que c’est la vigueur de l’économie américaine qui en est la principale raison.

Voici un aperçu des données qui soutiennent notre point de vue :

  • Le marché de l’emploi est vigoureux, avec une moyenne de 211 000 emplois créés au cours des trois derniers mois;
  • Le 13 juin dernier, la Réserve fédérale américaine a relevé son taux directeur de 0,25 % pour le porter à 2 %, en plus de signaler son intention de l’augmenter à deux autres reprises d’ici la fin de l’année;
  • L’indice manufacturier, une indication de l’expansion économique, a affiché une lecture de 60,2 points en juin, la troisième plus élevée en un an;
  • Plus tôt cette année, le degré de confiance des consommateurs s’est élevé à son plus haut niveau depuis 2000;
  • L’indice des indicateurs avancés, mesuré par le Conference Board, a atteint un sommet historique en mai.

Selon ce qui précède, l’économie américaine ne semble pas affectée par l’incertitude liée aux négociations entre les deux premières puissances économiques, ce qui est de bon augure pour les perspectives boursières. Sur ce point, lorsque l’indice des indicateurs avancés enregistre un nouveau record, voici la probabilité que le S&P 500 recule d’au moins 10 % selon ces horizons de placement :

Période Probabilité d’une baisse d’au moins 10 %
2 mois 2 %
3 mois 4 %
6 mois 11 %
1 an 18 %

Source : SentimenTrader.

Voilà pourquoi notre thématique Optimisme Prudent demeure valide; ainsi, à moins d’une détérioration de la conjoncture économique américaine, notre stratégie de portefeuille restera inchangée.

Sommaire des rendements boursiers – premier semestre de 2018

Indices de référence Rendement
S&P 500 2,65 %
S&P/TSX 1,95 %
MSCI World 0,74 %
MSCI EAFE – 2,40 %
FTSE TMX Canada Universe Bond 0,61 %
L'or – 3,83 %
Le pétrole 22,72 %

Notre gestion

Au 30 juin dernier, le taux d’intérêt de 10 ans américain s’échangeait au même niveau qu’au début de février (2,83 %), réduisant ainsi considérablement l’écart avec le taux d’intérêt de deux ans américain (2,50 %) et créant un environnement moins favorable pour les titres du secteur financier américain. En effet, les institutions financières empruntent à court terme pour prêter à long terme par le biais, par exemple, d’une hypothèque résidentielle. Elles génèrent donc un profit moindre lorsque l’écart diminue entre les taux d’intérêt à long terme et à court terme. À ce propos, l’action de JP Morgan (JPM), l’une de nos principales positions, a affiché un rendement négatif au premier semestre.

Certes, cette situation peut être justifiée par une nervosité accrue des participants de marché en ce qui a trait à une éventuelle escalade des tensions sino-américaines. Dans un contexte boursier plus incertain, ces derniers ont tendance à se réfugier davantage dans le marché obligataire, ce qui crée une pression baissière sur les taux d’intérêt à long terme, un indicateur très sensible aux changements d’humeur des investisseurs.

Il est donc primordial de prendre le recul nécessaire afin d’évaluer objectivement la direction future des taux d’intérêt à long terme; encore une fois, le portrait de l’économie américaine décrit précédemment pointe vers une reprise de sa tendance haussière pour la deuxième moitié de l’année. De plus, selon le Wells Fargo Investment Institute, il n’y a que 10 % de risque que se produise une course généralisée au protectionnisme susceptible de causer un ralentissement marqué de la croissance économique mondiale. Nous avons donc d’autres choix que de conserver notre pondération actuelle dans le secteur financier américain.

Ce constat s’applique aussi à notre positionnement dans le secteur de la santé. Récemment, Amazon a finalement fait son entrée dans ce créneau tant convoité en se portant acquéreur de la société PillPack, une pharmacie en ligne qui a généré 100 millions de dollars de revenus dans 49 États américains en 2017. Sachant que les ventes totales de prescriptions chez nos voisins du Sud ont été de 300 milliards de dollars en 2015, PillPack est un joueur négligeable. Toutefois, selon les experts, l’accès à la presque totalité du territoire américain est le point saillant de cette transaction pour Amazon. C’est la raison pour laquelle nos actions dans le secteur de la santé ont réagi négativement et perdu 4 %, baissant à 10 %. Faut-il s’en inquiéter?

Bien entendu, Amazon fait peur. Grâce à des acquisitions et à des investissements massifs dans les technologies et dans les infrastructures clés en logistique et en transport, cette société a bouleversé de nombreuses industries, et beaucoup d’entreprises ont dû fermer leurs portes, incapables de se plier aux nouvelles règles du jeu imposées par le géant du commerce en ligne. Néanmoins, nous croyons toujours au potentiel de rendement de nos titres.

D’une part, depuis l’acquisition de Whole Foods – une société spécialisée dans la vente d’aliments biologiques – en 2017, une rumeur selon laquelle Amazon percerait un jour ce secteur d’activité circulait. Partant de ce fait, les ratios cours/bénéfice ont déjà reflété cette éventualité. Par exemple, pour 2018, le multiple actuel de la Walgreens Boots Alliance (WBA) est de 12, ce qui est nettement inférieur à celui qui avait cours au début de 2017 (18). D’autre part, plusieurs initiatives stratégiques ont été mises en place par des chefs de file de l’industrie pour contrer l’arrivée d’Amazon. À cet égard, CVS Health Corp. (CVS) offre maintenant un service de livraison à domicile de médicaments, de vitamines et de produits ménagers.

Revue semestrielle de performance

Type de portefeuille Rendement du portefeuille (A) Rendement de l’indice de référence (B) Alpha (C) = (A) – (B)
Croissance – 1,34 % 3,90 % – 5,24 %
Obligataire 0,67 % 0,60 % 0,07 %
Actions privilégiées 1,04 % 0,69 % 0,35 %
Équilibré fiscal * ** – 0,03 % 2,28 % – 2,31 %

* Le rendement est calculé à partir d’un compte client et ne tient pas compte des frais de gestion. Le rendement réel peut varier en fonction du moment de l’investissement. La répartition de l’indice de référence est la suivante : 25 % S&P/TSX, 25 % MSCI World, 25 % Indice d’actions privilégiées S&P/TSX et 25 % Indice obligataire FTSE TMX Canada Universe Bond pour le portefeuille équilibré fiscal. L’indice de référence du portefeuille Croissance est 50 % S&P/TSX et 50 % MSCI World, celui du portefeuille obligataire est 100 % FTSE TMX Canada Universe Bond et celui du portefeuille d’actions privilégiées est 100 % Indice d’actions privilégiées S&P/TSX.

** Le portefeuille équilibré fiscal est composé de titres de croissance, d’obligations et d’actions privilégiées; par le fait même, une analyse rigoureuse de l’écart de performance est futile.

Conclusion

Que ce soit dans le sport ou dans le domaine de l’investissement boursier, la pression qui s’exerce pour livrer des résultats à court terme est bien présente. Malheureusement, cette quête est futile, car beaucoup d’éléments échappent à notre contrôle, d’où l’importance de respecter notre plan de match, seul gage de réussite à long terme.

À la lumière de ce qui précède, rien n’indique que nous devrions modifier notre stratégie de placement. À l’image de la participation de l’Islande à la Coupe du monde, il est important de se rappeler continuellement que notre objectif ultime est de créer de la valeur ajoutée à long terme. Or, en gardant le cap, tout est possible…

Sources :

Angelica LaVito. Amazon shakes up drugstore business with deal to buy online pharmacy PillPack, CNBC, 28 juin 2018.

COPA90. How A Country of Only 335 000 People Qualified For The World Cup, YouTube, 14 octobre 2017.

Jeffrey Bartash. Consumer confidence dips in June but still strong, MarketWatch, 26 juin 2018.

Les Échos. Amazon accélère dans la santé en rachetant l’américain PillPack, 28 juin 2018.

Société Radio-Canada. « La plus grande guerre commerciale » est lancée, 6 juillet 2018.

Ryan Vlastelica. No longer just ‘noise’: ongoing trade uncertainty saps investor confidence, MarketWatch, 6 juillet 2018.

SentimenTrader. Leading Indicators Keep Leading, 21 juin 2018.

Séverin Husson. Le déficit commercial des États-Unis avec la Chine se creuse, La Croix, 8 mai 2018.

Sinead Carew. U.S. bank investors await stress test results for capital returns, The Globe and Mail, 21 juin 2018.

Tae Kim. Walgreens, CVS shares tank after Amazon buys online pharmacy PillPack, CNBC, 28 juin 2018.

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