Vent de panique autour du coronavirus : Wall Street chute de près de 3 %

Entrevue réalisée sur les ondes de Radio Canada, Daniel Ouellet nous donne son point de vue- Lien externe au site. S’ouvre dans une nouvelle fenêtre.. Bonne écoute!

Philippe Marcoux :

Les Bourses de New York et Toronto, en fait toutes les bourses dans le monde ont chuté abruptement lundi. Les investisseurs s’inquiétaient d’un ralentissement économique mondial de longue durée du fait de la recrudescence des cas liés au coronavirus hors de la Chine. Parce que c’est quand ce virus-là se promène qu’on commence à s’inquiéter sérieusement.

Est-ce que tout ça était justifié? Est-ce que c’est une panique momentanée? Qu’est-ce que ça veut dire pour les marchés boursiers et pour l’économie en général? Bien, on va en parler avec le gestionnaire de portefeuille du Groupe Ouellet Bolduc, qui est affilié à Desjardins Gestion de patrimoine, Daniel Ouellet, qui est en ligne pour nous parler.

Bonjour, M. Ouellet.

Daniel Ouellet :

Oui, bon matin.

Philippe Marcoux :

Dites-moi, les bourses mondiales donc ont plongé dans le rouge apparemment à cause de cette épidémie de coronavirus. Est-ce qu’on devrait craindre les répercussions de cette très, très mauvaise journée sur les marchés boursiers dans l’économie, dans la vraie économie?

Daniel Ouellet :

Effectivement. Bien, le coronavirus évidemment s’ajoute dans un contexte à une économie mondiale qui était déjà fragile. L’économie mondiale connaît déjà un certain ralentissement du secteur manufacturier, mais on espérait que les choses s’améliorent, puis ça semblait être le cas. Évidemment, ce dossier-là va inévitablement affecter les données économiques à venir pour le premier trimestre 2020 et probablement le deuxième. Puis, évidemment, on ne connaît pas la suite des choses.

Philippe Marcoux :

Oui. Mais on dit souvent que ce n’est pas la vraie économie, les marchés boursiers. Est-ce que c’est juste une panique d’investisseur qui finalement n’aura pas plus d’impact que ça sur nous?

Daniel Ouellet :

Probablement...

Philippe Marcoux :

Est-ce que ça pourrait mener à autre chose? Oui?

Daniel Ouellet :

Probablement. Bien, c’est un… Vous savez, en partant, les corrections de 5 %... hier, les marchés ont baissé d’environ 3 à 5 % un peu partout sur la planète. Ça arrive en moyenne trois fois par année. Donc, jusque là tout est normal. On revient aussi uniquement à la case départ, la baisse d’hier annule les rendements qui étaient positifs depuis le début de l’année 2020 puis qui font suite à une hausse de plus de 20 % des indices boursiers un peu partout sur la planète en 2019.

Donc, les marchés étaient à un niveau déjà assez bien valorisé. Donc, évidemment, un élément d’inquiétude par rapport à un ralentissement potentiel de l’économie causé par le dossier du virus amène une correction qui était un peu à prévoir puis qui est loin d’être anormale, comme vous dites. C’est de voir un peu est-ce que c’est l’élément supplémentaire qui manquait pour que ce ralentissement économique se poursuive? Parce que c’est un peu ce que les marchés obligataires nous indiquent au cours des derniers jours, mais les taux de 10 ans aux États-Unis, au Canada touchent des creux qu’on n’a pas vus depuis très, très longtemps. Donc, les courbes de rendement sont complètement inversées.

Donc, là, le marché nous envoie comme signal que la Banque du Canada puis probablement la Réserve fédérale vont être obligées d’agir un peu plus tard dans l’année peut-être pour aider justement à ce que ce ralentissement ne devienne pas une petite récession. Donc, on voit que les marchés anticipent peut-être deux baisses de taux au cours des prochains trimestres tant aux États-Unis qu’au Canada.

Philippe Marcoux :

Et on a la marge de manœuvre nécessaire pour, justement, baisser les taux et éviter la petite récession dont vous parlez? On y reviendra.

Daniel Ouellet :

Oui, bien, heureusement la Banque du Canada avait remonté ses taux directeurs jusqu’à 1,75. Aux États-Unis, on avait remonté à 2,5. Il y a eu trois baisses l’an passé. Donc, à 1,75, oui, je pense que deux, trois baisses de taux pourraient aider à favoriser un atterrissage en douceur puis une reprise. Mais, tu sais, on voit vraiment par rapport à ça, c’est plus un scénario en V, des données économiques un peu plus faibles sur un ou deux trimestres, mais avec un genre de rattrapage qui pourrait se faire une fois que le dossier du virus on revient un peu à une situation un peu plus normale. Donc, c’est ce qu’on appelle, nous, un scénario en V.

Donc, les marchés financiers, vous savez que c’est une machine à anticipation. Donc, si on voit qu’il y a ralentissement des données économiques, mais que c’est de quoi de courte durée, il ne faut vraiment pas qu’un investisseur essaie de déjouer les marchés dans un contexte comme ça.

Philippe Marcoux :

Mais, justement, vous parlez de petite récession. Je vous sens très prudent quand vous utilisez le mot récession. Il faut mettre « petite » à côté parce que, justement, on n’a pas de grosses craintes. C’est normal que les marchés se réajustent périodiquement.

Daniel Ouellet :

Tout à fait. On dit le mot « petite » parce évidemment, ça fait longtemps, han, on sait que le cycle économique est long. Tout le monde, ça fait longtemps qu’on entend parler de ralentissement ou de récession à venir. Ce n’est pas le scénario qui est prévu pour l’instant. Je veux dire, la différence entre un ralentissement de l’économie ou une récession, ce n’est pas grand-chose. Ralentissement, bien, c’est qu’on a une croissance économique qui est légèrement positive, comme on a en Allemagne à +0.1, alors qu’une récession, bien, ça peut être une décroissance du PIB de -0.1. Donc, ce n’est pas deux scénarios opposés. Nous, on ne voyait pas de récession pour 2020. C’est pas mal le consensus du marché. Est-ce que ce dossier pourrait nous amener dans une récession technique sur deux trimestres? Ce n’est pas ça qu’on prévoit pour l’instant. Est-ce que c’est une possibilité? Je pense qu’il y a des probabilités à ce que ça arrive, mais est-ce que c’est la fin du monde pour les marchés boursiers? Nous, ça ne nous inquiète pas.

Philippe Marcoux :

Oui. Je notais hier, en regardant les résultats de la journée pour les marchés boursiers, que ç’a été un peu moins pire à Toronto, la dégringolade, alors qu’on vit ici au Canada avec ces blocus ferroviaires. Est-ce que ça veut dire qu’il n’y a pas d’impact à ces blocus-là sur les marchés boursiers?

Daniel Ouellet :

Pour l’instant, je n’en ai pas vu énormément. Sur la Bourse de Toronto, il y a eu une pondération dans le secteur aurifère hier qui a amorti et l’or touchait un sommet très près de 1 700 $ l’once. Il y a des titres comme Barrick Gold, Iamgold. Donc, il y a un genre de pondération dans le secteur aurifère qui amortit un peu la baisse d'hier, quand on compare le 3 % des marchés américains avec le 1,5 environ de Toronto. Mais, non, pour l’instant… évidemment il y a eu des projets annulés encore dans le secteur du pétrole, hier : Teck qui a annoncé qu’il n’allait pas aller de l’avant avec son projet de sables bitumineux. Donc, évidemment, dans le secteur pétrolier, l’Alberta est le plus touchée. Mais dire que j’ai vu des gros mouvements sur le marché dus à ce dossier-là, ça ne paraît pas trop pour l’instant.

Philippe Marcoux :

Daniel Ouellet, merci beaucoup.

Daniel Ouellet :

Au plaisir, merci.

Philippe Marcoux :

Au revoir. Daniel Ouellet, gestionnaire de portefeuille du Groupe Ouellet Bolduc, est affilié à Desjardins Gestion de patrimoine. Il est 6 h 53.

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