Le Rapporteur - Perspectives pour 2015

Le jeu des prévisions est inévitable et toujours très captivant. Toutefois, avec les années, nous avons appris à les mettre en perspective, particulièrement les prévisions extrêmes qui proviennent de stratèges de la finance en quête de visibilité.

En fait, ce ne sont pas tant les prévisions qui sont importantes comme la façon de les utiliser. Ce qui est primordial, pour l’investisseur, c’est de bien comprendre ce qui a déjà été interprété par le marché, car les attentes sont souvent déjà partiellement ou pleinement intégrées dans les prix actuels. C’est à ce moment-là que les perspectives de l’ensemble des investisseurs prennent vraiment leur importance : elles nous permettent de cibler nos visions uniques sur la conjoncture, c'est-à-dire les différences entre l’opinion générale et notre propre opinion. De là, nous pouvons identifier les opportunités, les principaux facteurs de risque et les secteurs à éviter.

Évaluation du marché dans son ensemble

Projection 2019 : S&P 500

Hypothèses :

  • Taux de croissance moyen historiques des bénéfices de 6,6 %
  • Multiples de valorisation utilisé : 15, 17,5 et 20
      BPA S&P500 Multiple Rendement
    2015 130 $ 2250 17,3 12 %
    2019 Scénario "pessimiste" 163 $ 2445 15,0 31 %
    2019 Scénario "réaliste" 163 $ 2853 17,5 51 %
    2019 Scénario "optimiste" 163 $ 3260 20,0 71 %
  • D’ici 2019, le rendement annuel moyen composé, y compris les dividendes, se situerait approximativement entre 6 et 14 %.

 

Marché obligataire

Au début de 2014, la grande question était de savoir comment allaient réagir les taux d’intérêt lors du retrait de la Fed. Les taux ont finalement chuté, annulant presque la hausse enregistrée en 2013. Donc, après une année 2013 négative, le marché obligataire a repris le temps perdu avec un rebond de 8,7 % en 2014. Au niveau actuel, le risque que présente le marché obligataire a nettement augmenté et son potentiel de rendement a diminué.

Nous avons décidé d’éliminer la portion longue des portefeuilles pour 2015. En accordant des probabilités de 25 %, à quatre scénarios possibles, on obtient un rendement anticipé négatif de -1,5 %.

Recommandation :

  1. Sous-pondération des obligations par rapport à la cible des modèles;
  2. Portefeuille concentré en obligations de courte échéance;
  3. Les obligations à haut rendement demeurent intéressantes;
  4. Une position en dollars américains demeure toujours une stratégie pertinente à court terme.

 

Taux de change

Après deux années de fortes hausses, le dollar américain n’est plus dans une zone de nette sous évaluation. Toutefois, si le dollar suit sa trajectoire historique, la tendance devrait se poursuivre en 2015. Nous pensons même que la baisse du dollar pourrait surprendre par son ampleur et atteindre 1,30 $, compte tenu de la synchronisation de différents événements :

  • Un prix du pétrole qui reste bas pour un certain temps;
  • Une hausse des taux directeurs aux États-Unis alors que la Banque du Canada doit se faire plus accommodante;
  • Un recul des secteurs de l’emploi et de l’immobilier au Canada;
  • Une baisse des dépenses de consommation qui crée un risque de récession au pays;
  • Une économie américaine qui demeure vigoureuse.

 

Analyse sectorielle

Immobilier : L’endettement des ménages au Canada continue d’inquiéter

Selon Statistique Canada, l’endettement des ménages par rapport au revenu disponible atteint 162.6 % au troisième trimestre, un nouveau sommet historique.

Énergie : Le rebond pourrait se faire attendre

L’effondrement des prix du pétrole a été le fait saillant de 2014. Dans notre lettre financière « Perspective pour 2014 », nous expliquions quel était le risque d’un excès de l’offre et son effet potentiel sur le prix du brut. Le scénario que nous avions élaboré s’est finalement matérialisé au cours du deuxième semestre.

Selon notre compréhension, le marché anticipe une remontée des prix dès le deuxième semestre de 2015, ce qui nous semble rapide. Nous n’avons donc pas l’intention d’investir dans ce secteur à court terme.

OR et l’argent : La thématique des amateurs de scénarios catastrophe.

D’après nous, investir dans ce secteur n’ajoute aucune valeur à nos portefeuilles. L’or est perçu comme un rempart contre différents scénarios extrêmes. En fait, il constitue une vraie protection quand personne n’a peur et que son prix est déprimé, ce qui n’est pas le cas actuellement. Nous pensons que l’or reprendra sa direction baissière de 2013, après avoir fait une pause en 2014. La normalisation des taux d’intérêt et la vigueur du dollar américain pourraient faire reculer le prix de l’or sous la barre des 1 000 $.

Les banques américaines : Plus de valorisation qu’au Canada

La perception négative à l’égard des banques américaines a été tellement forte que ce secteur nous semble toujours une opportunité.

Technologies : Le Nasdaq approche son record de 5 132 atteint le 10 mars 2000

Au 31 décembre dernier, l’indice était à moins de 400 points, soit à 8 % de son sommet historique. Même si rien n’est acquis, il semble très probable que ce record sera dépassé cette année. Ce secteur devrait profiter d’une augmentation des investissements des entreprises. Les multiples d’évaluation sont également raisonnables et n’ont surtout rien à voir avec la bulle technologique des années 2000.

Les Télécommunications : Opportunités en Europe

À notre avis, ce secteur est affecté par un contexte économique extrêmement difficile, un cadre réglementaire lourd et une forte concurrence des prix. Ce secteur nous plaît, car il nous permet de profiter de la faiblesse des évaluations actuelles, de bilans relativement solides et d’un rendement de dividende intéressant.

Consommation de base : Toujours le cœur de nos portefeuilles

De façon générale, on estime que les titres de ce secteur sont chèrement évalués et ont profité de l’appétit des investisseurs pour les titres à dividende. Pourtant, le multiple actuel de 18 fois les profits n’est que légèrement supérieur au multiple du marché. Historiquement, les titres de ce secteur se négocient à une prime de 15 % par rapport au marché. Cette prime se justifie par plusieurs facteurs, tels :

  • La durabilité et la faible volatilité des bénéfices;
  • Une diversification par produits et par région géographique;
  • Un taux de dividende intéressant d’environ 3 %, avec un taux de distribution de seulement 35 %.

 

Résumé : Nos visions uniques

Comme nous le mentionnons au début de cette lettre, l’important, en matière de gestion de portefeuille, c’est de comprendre ce que le marché anticipe déjà pour être en mesure de déceler les opportunités et les risques. Voici un résumé de nos visions uniques et de ce que nous inspire la conjoncture :

  • Aucun investissement dans les obligations à long terme ;
  • Il y a un risque de récession au Canada qui pourrait affecter le secteur immobilier ;
  • Le prix du pétrole pourrait rester bas plus longtemps que prévu ;
  • L’or pourrait descendre sous la barre des 1 000 $ ;
  • Le Nasdaq continuera de monter, malgré un sommet imminent ;
  • Les banques américaines sont plus intéressantes que leurs consœurs canadiennes ;
  • La consommation de base demeure à un niveau attrayant ;
  • Les télécommunications mondiales offrent des opportunités ;
  • L’Europe pourrait nous surprendre et notre pondération en titres européens pourrait augmenter ;
  • Le dollar américain pourrait atteindre 1,30 $ CAN.

 

Conclusion

L’ensemble des investisseurs est optimiste à l’égard de la bourse américaine et croit que le billet vert poursuivra sa progression. Or, cette unanimité ne nous plaît pas. L’histoire nous montre toutefois que les tendances sont souvent séculaires et que les marchés passent d’un extrême à l’autre. Nous sommes donc portés à penser que nous devons nous montrer patients quant à notre positionnement actuel et profiter de la vague d’investisseurs qui migrent vers la bourse américaine et vers le dollar américain. Nous devons toutefois rester sur nos gardes et poursuivre graduellement nos rotations sectorielles vers l’Europe.

Nous sommes très satisfaits de la performance de nos portefeuilles au cours des dernières années. Toutefois, pour nous, le compteur repart à zéro. La prochaine période de cinq ans sera fort intéressante et complexe. Nous sommes prêts à relever le défi et à déployer tout le discernement nécessaire pour vous assurer une gestion de patrimoine à la hauteur de vos attentes.

Merci de votre confiance !

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