L’importance de se rappeler les antécédents du marché

L’histoire financière est parsemée de périodes d’euphorie suivies de brutaux retours à la réalité. Au cours des derniers siècles, ces épisodes se sont succédés sans que les investisseurs ne semblent jamais apprendre de leurs erreurs. Les leçons de l’histoire sont d’excellents repères. Ceux qui ne la connaissent pas sont condamnés à la répéter.

En effet, les bulles spéculatives sont des phénomènes de masse où les analyses rationnelles font place à une exubérance irrationnelle, selon l’expression d’Alan Greenspan. C’est ce phénomène que nous avons connu sur les marchés boursiers, surtout pour les titres technologiques de 1998 à 2000. L’irrationalité était devenue générale.

Le casino de Shanghaï

Nous traitons de ce sujet aujourd’hui, car malheureusement, une des plus importantes bulles spéculatives de l’histoire s’est créée depuis environ 18 mois en Chine. Ce qui se passe aujourd’hui sur les places boursières chinoises aura inévitablement un impact sur les places boursières mondiales et principalement sur l’indice TSX de Toronto. Nous devons absolument évaluer les répercussions potentielles de cette crise pratiquement inévitable.

Analyse de la situation actuelle

Depuis 18 mois, l’indice Shanghai Composite est passé d’environ 1100 points à un sommet cette semaine de 5412 points. Une hausse de près de 400 %. Le Nasdaq avait pour sa part amorcé son ascension à 1600 points pour atteindre un sommet en mars 2000 de 5132 points. De1986 à 1989, le Nikkei japonais est passé de 15 000 points à près de 40 000 points pour une hausse de 166 % en 3 ans. L’ampleur de la hausse actuelle en Chine, n’a plus rien à envier aux autres bulles de l’histoire de la finance moderne.

À Shanghaï, les gens utilisent le mot « wan » (jouer) pour les placements en Bourse. La Bourse est un casino colossal baptisé par les chinois de « bocal aux poissons d’or ». Depuis avril, une moyenne de 250 000 comptes sont ouverts chaque jour chez les courtiers. En avril, 21 milliards de dollars ont glissé des dépôts bancaires vers la bourse. En mai, 37 milliards de dollar ! Le 10 mai dernier, pour la première fois dans l’histoire, le volume des échanges boursiers de la journée à Shanghaï (36 milliards d’euros) dépassait ceux Le Courriiell Fiinanciier Préparé par Daniel Ouellet et Jonathan Bolduc L’importance de se rappeler les antécédents du marché combinés des Bourses d’Australie, de Hongkong, de Thaïlande, de Singapour, de Malaisie, de Corée, d’Inde, du Japon, d’Indonésie, de Nouvelle-Zélande et du Vietnam. Il y a seulement six mois, Shanghaï brassait 10 % seulement de cette somme.

Ces chiffres tellement faramineux peuvent sembler abstraits, mais ils nous concernent directement. Les comportements grégaires des Chinois n’ont rien de rassurant. Car la bonne croissance des économies mondiales repose sur l’hypothèse que les deux moteurs de la planète (les États-Unis et la Chine) vont continuer de ronronner sans surchauffe…

En plus de se transiger à des ratios financiers démesurés (environ 80 fois les profits), la Chine est une blague en matière de transparence dans la gestion des affaires. La bourse demande de la transparence avec des méthodes comptables reconnues et vérifiables. Sur les 1400 sociétés cotées à Shanghai, à peine 200 présentent quelques garanties de sérieux…

À Nankin, une entreprise s’est soudainement retrouvée paralysée : 90 % des employés boursicotaient au lieu de travailler. Une enquête récente indique que 70 % des cols blancs chinois ont pris l’habitude d’aller pêcher dans « le bocal aux poissons d’or » pendant leurs heures de bureau. Le ministre de l’Éducation vient d’envoyer une circulaire aux universités pour que les 17 millions d’étudiants cessent de jouer en Bourse au lieu d’assister au cours.

L’ancien patron de la Réserve Fédérale, Alan Greenspan, a pour sa part annoncé une prochaine « correction dramatique » des marchés d’actions chinois. « Cela est clairement intenable. Il va y avoir à un moment donné une contraction dramatique. Ces cinq dernières années, la croissance mondiale a été plus rapide que jamais dans l’histoire. Cela ne peut et ne va pas durer car il s’agit d’un ajustement qui ne se produit qu’une seule fois ».

Conclusion

La crise immobilière aux États-Unis et la correction inévitable de la bourse chinoise nous amènent à recommander la prudence à court terme sur les marchés boursiers. La répartition d’actif se doit d’être appropriée à ces risques et les choix sectoriels faits en conséquence. Une synchronisation de ces deux facteurs pourrait amener un ralentissement important de la croissance économique mondiale et enlever de la pression sur le prix des ressources. Les pressions inflationnistes seraient alors relâchées et les taux d’intérêts à court et long terme pourraient diminués. Nous accordons une probabilité importante à ce scénario, mais d’autres scénarios sont également possibles et doivent être considérés dans l’élaboration d’un portefeuille.

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