L'élection présidentielle américaine

Commençons cet article par un petit test.

Chaque année, la revue économique Forbes publie son classement des personnalités les plus puissantes et les plus influentes de la planète. D’après vous, laquelle des célébrités suivantes s’est classée parmi les trois premières pour la septième année consécutive en 2015 : Bill Gates, Janet Yellen, Barack Obama ou le pape François ?

Sans surprise, la réponse est Barack Obama, car le président américain est reconnu pour son rôle prépondérant dans plusieurs domaines comme la lutte contre le terrorisme, le maintien de la stabilité internationale et la promotion des échanges commerciaux. Voilà pourquoi un grand nombre de personnes s’intéressent à la prochaine élection chez nos voisins du Sud, qui se tiendra le 8 novembre 2016. Les électeurs devront alors choisir entre la candidate démocrate, Hillary Clinton, et son rival républicain, Donald Trump.

Notre analyse portera sur les éventuelles répercussions de ce résultat électoral sur les perspectives de rendement des marchés boursiers et sur la stratégie de placement et de gestion de portefeuille que nous adopterons pour composer avec cet événement.

Si le passé est garant de l'avenir... « L’histoire ne se répète pas, mais elle rime. »

— Mark Twain

Tout d’abord, étant donné la complexité et la diversité des enjeux de cette élection – l’immigration, la sécurité intérieure, le commerce international, etc. –, il est extrêmement difficile de prévoir avec exactitude quelle sera la réaction des marchés boursiers à l’annonce d’une victoire d’Hillary Clinton ou de Donald Trump. Nous vous proposons ici un survol de différentes statistiques.

  • Depuis 1926, les États-Unis ont eu sept présidents démocrates et huit présidents républicains. Au cours de cette période de 90 ans, le S&P 500, l’indice de référence américain, a terminé l’année à la hausse plus des deux tiers du temps.
  • Entre 1945 et 2015, sous un président démocrate, le rendement moyen annualisé du S&P 500 a été de 9,7 %, comparativement à 6,7 % lors d’un mandat républicain.
  • À partir de 1928, le S&P 500 a généré un rendement moyen annualisé d’environ 6 % au cours de la première année d’un nouveau cycle présidentiel.
  • Depuis 1928, le S&P 500 a baissé en moyenne de 2,8 % chaque année où le président en fonction n’était pas dans la course et où un nouveau président était élu.

À la lumière de ce qui précède, deux constatations s’imposent. En premier lieu, nonobstant le parti au pouvoir, il y a de fortes chances que le S&P 500 affiche un rendement annuel satisfaisant. En second lieu, un changement de leadership crée de l’incertitude et influe alors négativement sur la performance boursière à court terme.

 

Une victoire de Donald Trump : le pire des scénarios ?

Compte tenu du fait que le programme politique d’Hillary Clinton comporte des priorités semblables à celles de l’administration Obama, le S&P 500 risque de reculer davantage si Donald Trump l’emporte. En plus d’une divergence sur le plan des politiques, le côté excentrique, impitoyable et politiquement incorrect de cet homme pourrait entraîner une volatilité accrue des cours boursiers. Doit-on pour autant s’inquiéter d’une telle éventualité ?

Nous répondrons à cette question par la négative. Tout d’abord, le président américain a un impact très limité. D’après Gregg Fisher, de la firme d’investissement Gerstein Fisher, il n’existe aucune preuve empirique démontrant la nécessité de modifier une stratégie de placement en fonction d’un président, qu’il soit démocrate ou républicain. En effet, selon Bernadette Mayer, professeure de droit à l’Université Cornell, les domaines sur lesquels le chef d’État exerce une influence notable sont, notamment, l’armée, la politique étrangère, le choix des plus hauts fonctionnaires de la justice, et le respect des lois et des accords en matière d’environnement. Sur le plan économique, le pouvoir réside entre les mains du Congrès américain, qui est responsable de la gestion du budget fédéral.

Ensuite, à moins d’un choc géopolitique ou économique majeur d’ici le jour du scrutin, l’équipe de recherche économique de Credit Suisse évalue à plus de 70 % les chances qu’Hillary Clinton soit la nouvelle présidente des États-Unis. D’ailleurs, les marchés boursiers semblent être du même avis. Depuis le début de l’année, les épisodes de baisses prononcées s’expliquent plutôt par le ralentissement de l’économie chinoise, la chute des cours pétroliers, le Brexit et les politiques monétaires des banques centrales.

 

Notre positionnement

Comme nous l’avons mentionné antérieurement, il est fort probable que les marchés boursiers réagissent négativement, peu importe qui remportera l’élection. Toutefois, compte tenu de l’avantage dont jouit le S&P 500 sur le plan du rendement lors de la première année d’un nouveau mandat présidentiel, cette baisse devrait être de courte durée.

Advenant une victoire-surprise de Donald Trump, nous devrons nous attendre à un recul plus important des cours boursiers. Cependant, dans les faits, un grand nombre d’entreprises seront peu touchées au quotidien. Par exemple, Unilever, un des titres que nous avons en portefeuille, continuera de vendre du savon !

Pour toutes ces raisons, nous privilégions le statu quo. Toutefois, beaucoup seront tentés d’ajuster leur portefeuille de façon défensive en prévision de cet événement – dont le résultat est incertain – et surtout, de la réaction des participants au marché. En agissant ainsi, ces investisseurs s’exposent à un risque accru. Par exemple, entre le 24 et le 27 juin 2016, le S&P 500 a perdu près de 6 % à la suite de la victoire du Brexit. Néanmoins, à la mi-juillet, l’indice de référence avait regagné le terrain perdu et se négociait à un nouveau sommet historique. Bien qu’il puisse paraître logique d’être proactif en matière de gestion de portefeuille, la meilleure stratégie consiste souvent à ne rien faire !

 

Sources :

Economic Research. “US Economy Notes – After the Election”, Credit Suisse, 7 septembre 2016. Merrill Lynch. “How Presidential Elections Affect the Markets”, https://www.ml.com/articles/how-presidential-elections-affect-the-markets.html, consulté en septembre 2016.

Stephen J. Dubner. “How Much Does The President Really Matter?”, Freakonomics, 22 juin 2016.

Taylor Tepper. “How The Election Will Really Affect Your Investments”, Money, 22 juin 2016. William Watts. “2016 predictions: What presidential election years mean for stocks”, MarketWatch, 29 décembre 2015.

 

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