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Avis d’exécution - Mai 2020

Passer à l’action

Il est bien connu que, confronté à la peur ou à une menace, l’humain réagit instinctivement. Cet automatisme se manifeste par trois types de réponses : la fuite, la lutte ou la paralysie temporaire. C’est cette dernière que nous examinerons dans le cadre de cette lettre financière. Pour l’illustrer, effectuons un retour sur un des accidents aériens les plus tragiques de l’histoire.

Le 27 mars 1977, deux Boeing 747 entrent en collision sur la piste de décollage de l’aéroport de Tenerife, aux îles Canaries. En raison d’un épais brouillard et d’une visibilité réduite, le pilote de l’avion de la KLM n’a aperçu l’appareil de la Pan Am qu’au dernier moment, le choc étant alors inévitable. Le bilan de la tragédie est lourd : 583 victimes, dont les 248 personnes à bord de l’avion de la KLM et 335 personnes sur un total de 396 passagers et membres de l’équipage de la Pan Am. Cela signifie que 61 personnes ont survécu, ce qui est une excellente nouvelle dans les circonstances.

Toutefois, d’après la journaliste d’enquête Amanda Ripley, le nombre de rescapés aurait pu être beaucoup plus élevé. En effet, la principale cause de décès n’est pas la collision entre les deux avions, mais plutôt l’incendie qui s’est déclaré peu de temps après l’impact. Les gens auraient eu au moins une minute pour sortir de l’appareil, un délai jugé raisonnable. Or, frappés de stupeur, la majorité d’entre eux sont restés cloués à leur siège, impuissants face à cette situation irréelle (paralysie temporaire)note de bas de page 1.

Mais qu’est-ce qui explique cette réaction physiologique d’immobilité ?

Selon le neuroscientifique Joseph Ledoux, le patrimoine génétique et l’expérience vécue nous poussent à réagir ainsi. Heureusement, grâce à la préparation et à l’entraînement, nous sommes en mesure de modifier notre comportement pour répondre de manière plus adéquate. À cet égard, le Conseil national de la sécurité des transports avance que les voyageurs qui prennent le temps de lire les notices de sécurité placées devant leur siège et d’écouter les directives avant le décollage ont plus de chances de s’en sortir indemnes en cas d’urgence. Certes, la connaissance est une condition nécessaire, mais non suffisante. Figées par la gravité de la situation, certaines personnes ont besoin d’être accompagnées pour se tirer d’affaire, ce qui nécessite du leadership de la part d’individus expérimentés et dévouésnote de bas de page 2

« Ce n’est pas l’action qui m’inquiète, c’est l’inaction. »

— Winston Churchill

Depuis le début de la crise sanitaire, d’un point de vue boursier, il y a eu deux phases. La première a été marquée par une baisse généralisée des cours boursiers (entre le 19 février et le 23 mars). En tant que gestionnaire de portefeuille, lorsque la liquidité est disponible, il est logique de faire le plein d’investissements, car à long terme, le marché boursier a un biais haussier. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait. Pour plus de détails à ce sujet, nous vous invitons à consulter Le Rapporteur — Avis d’exécution du premier trimestre 2020, publié en mars dernier.

En ce qui concerne la deuxième phase (entre le 24 mars et le 30 avril), elle a plutôt été caractérisée par l’étonnante performance des indices de référence, ce qui peut compliquer la gestion de portefeuille. À l’image de la plupart des personnes à bord de la Pan Am, la capacité décisionnelle des portefeuillistes risque d’être paralysée. Frappés de surprise par la vélocité du rebond des cours boursiers, ils doivent composer simultanément avec la peur de rater une belle occasion d’investir (FOMO, ou Fear of Missing Out) et la peur de mal paraître advenant un nouveau recul des marchés boursiers. Pour limiter les regrets, plusieurs choisissent l’inaction, ce qui peut nuire à la création de valeur ajoutée.

Comme mentionné précédemment, pour contrer le risque de paralysie temporaire, nous devons faire preuve de leadership en nous préparant adéquatement et en misant sur un plan d’action fondé sur l’analyse de différents scénarios et hypothèses. Voilà pourquoi notre comité de placement se consulte régulièrement, et plus particulièrement dans ce contexte boursier plus émotif.

Augmentation du niveau d’encaisse pour le portefeuille Croissance

En anticipation d’une reprise de l’activité économique au 30 avril, le S&P 500 a clôturé à 2912, ce qui procure un ratio cours/bénéfice de 17 pour le bénéfice anticipé de 170 $ pour 2021note de bas de page 3 . Pour vous donner une idée, le bénéfice par action obtenu au cours des deux dernières années a été d’environ 162 $ pour le principal indice de référence américain. Cela veut dire que les participants de marché prévoient que l’économie américaine va reprendre rapidement sa vitesse de croisière, ce qui est loin d’être une certitude. C’est la raison pour laquelle nous avons augmenté le niveau de liquidité à 8,5 % pour le portefeuille Croissance, l’objectif étant d’avoir la latitude nécessaire pour profiter d’occasions d’investissement qui pourraient se présenter. Voici un aperçu des principales raisons motivant notre décision :

Reprise économique très graduelle. Au début mai, 22 états américains, représentant 38 % du produit intérieur brut (PIB), ont rouvert leur économienote de bas de page 4. Le redémarrage va se faire en trois étapes en fonction de l’évolution de la courbe épidémique. Bien entendu, au moindre signe d’une deuxième vague potentielle de COVID-19, le projet de relance économique sera alors freiné.

Un délai minimal de 12 à 18 mois pour mettre au point un vaccin. Bien que le Remdesivir, un médicament produit par Gilead Sciences, semble intéressant, le fait demeure que c’est un traitement qui écourte la période de guérison des personnes infectées et non un vaccin. La venue d’un vaccin est une condition sine qua non pour une reprise soutenue de l’activité économique. D’après Sarah Gilbert, spécialiste de la question et professeure à l’Université Oxford, il est probable qu’un vaccin soit disponible d’ici la fin de l’annéenote de bas de page 5.

Un nombre insuffisant de tests de dépistage. Selon l’économiste Steven Levitt, les États-Unis doivent réaliser quotidiennement 20 millions de tests de dépistage pour permettre à l’économie de fonctionner à plein régimenote de bas de page 6. À l’heure actuelle, on parle d’environ 200 000 tests de dépistage par jour, ce qui est loin d’être idéal.

Sans contredit, tout comme un accident d’avion, la pandémie de la COVID-19 est une tragédie. Sur le plan boursier, en raison de la volatilité des cours, il est normal d’être abasourdi et confus, ce qui pousse à l’inaction. En misant sur notre processus décisionnel et notre expérience passée à naviguer dans des contextes boursiers incertains, nous avons décidé de passer à l’action en nous redonnant une marge de manœuvre.

Ventes
Date Titre Prix Pourcentage
07-avr Suncor 24,28 $ 2,3% ( 1/3 de la position )
09-avr Ishares Banques US 19,14 $ 3,0 % ( 1/2 de la position )
16-avr Barrick Gold 35,06 $ 0,7 % ( 1/2 de la position )
24-avr Barrick Gold 38,54 $ 0,7 % ( Vente totale )
28-avr CVS 63,61 $us 1,3 % ( 12,5 % de la position )
28-avr Mckesson 141,25 $us 1,0 % ( 10 % de la position )
28-avr Intel 59,11 $us 1,8 % ( 1/2 de la position )
Achats
Date Titre Prix Pourcentage
07-avr Liquidités - (BTB100)   2,3 %
09-avr Liquidités - (BTB100)   3,0 %
16-avr Liquidités - (BTB100)   0,7 %
24-avr Manuvie 16,08 $ 0,7 % Ajout à la position
28-avr Liquidités en dollar us - ( SHV )   2,5 %
28-avr Wells Fargo 29,11 $us 1,5 % Ajout à la position
  Total nouvelles liquidités   8,5 %

Sources :

  • Agence France-Presse (2020). Course au vaccin à travers le monde. Le Devoir.
  • Dubner, S. (2020). How Do You Reopen a Country? Freakonomics.
  • Lee, T. (2020). Flash: COVID-19 Update: Florida announces re-opens plans (5/4). Fundstrat.
  • Ripley, A (2008). The Unthinkable: Who Survives When Disaster Strikes – and Why. Harmony.
  • Yardeni Research (2020). Stock Market Briefing: S&P 500/400/600 Weekly Fundamentals.

Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.

  1. Ripley (2008)Return to footnote 1 referrer
  2. Ripley (2008)Return to footnote 3 referrer
  3. Yardeni Research (2020)Return to footnote 5 referrer
  4. Lee (2020)Return to footnote 7 referrer
  5. Agence France-Presse (2020)Return to footnote 9 referrer
  6. Dubner (2020)Return to footnote 11 referrer
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