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Le PIB est-il une mesure fiable de l’impact des inondations en Colombie-Britannique?

Une autre catastrophe climatique a frappé le Canada cette semaine et nous sommes naturellement de tout cœur avec les personnes et les communautés touchées par les inondations en Colombie‑Britannique. L’ironie d’une telle tragédie, survenant immédiatement après la COP26, n’échappe évidemment à personne. Elle illustre à quel point l’on doit investir non seulement pour réduire les risques reliés à la transition énergétique, mais aussi les risques physiques. En attendant, l’accent est mis sur l’étendue des dégâts et l’impact économique. Au moment où nous écrivons ces lignes, la Colombie‑Britannique est en état d’urgence, des communautés entières ont été évacuées et les principales infrastructures ferroviaires et routières ainsi que plusieurs bâtiments ont été submergés ou gravement endommagés par les glissements de terrain.

Les chaînes d’approvisionnement étant déjà mises à rude épreuve, cette catastrophe ne pouvait pas survenir à un pire moment. Le port de Vancouver, le plus fréquenté du Canada, était déjà aux prises avec une croissance dans les deux chiffres des importations, avec une augmentation correspondante du transport par rail et par camion. Bien que les compagnies ferroviaires s’attendent à ce que la plupart de leurs lignes soient réparées d’ici la semaine prochaine, les inondations sont survenues au moment où le système logistique local était le moins apte à les supporter. Et cela pourrait signifier des pénuries de produits essentiels pour d’autres secteurs. Le secteur agricole en est un bon exemple : non seulement les terres ont été endommagées, mais de nombreux animaux ont péri dans les inondations. L’effet de celles-ci se fera probablement aussi sentir dans la province voisine de l’Alberta. L’oléoduc Trans Mountain est toujours en panne au moment de la rédaction de cet article. Chaque jour, ce pipeline transporte 300 000 barils de produits énergétiques de l’Alberta vers la vallée du Bas‑Fraser de la Colombie‑Britannique, où une partie de ces produits est expédiée à l’étranger. Il y a aussi l’impact économique de la diminution des heures travaillées sur le marché du travail.

La quantification de l’impact économique global, alors que la situation est encore incertaine, constitue un exercice périlleux. L’examen des tragédies précédentes peut néanmoins donner une idée. Les inondations du sud de l’Alberta de juin 2013 constituent un tel précédent. Le gouvernement de l’Alberta a estimé que les inondations ont fait chuter le PIB mensuel de la province de 2,2 %. À l’échelle nationale, le PIB s’est contracté de 0,4 % ce mois-là, mais le PIB a rebondi rapidement le mois suivant avec un gain de 0,6 %.

Une reprise économique rapide après une catastrophe naturelle est assez typique. L’ouragan Katrina en 2005 a été l’une des catastrophes naturelles les plus dévastatrices à frapper les États‑Unis depuis 1950. Pourtant, une étude du National Bureau of Economic Research (NBER) a montré qu’il n’avait eu que des conséquences « faibles et essentiellement transitoires » sur les salaires et l’emploi. Nous pouvons nous attendre à une situation similaire à la suite des inondations en Colombie‑Britannique.

La raison en est que le PIB est une mesure des biens et services produits à un moment donné. Le PIB sera directement affecté par la perturbation de l’activité économique, mais pas par la destruction des biens, du capital ou des infrastructures. La destruction du stock de capital aura un effet domino, entravant la capacité de production pendant que le capital est reconstruit. Toutefois, les dépenses nécessaires à la reconstruction ont tendance à être supérieures à l’effet de la perte de production.

En outre, une grande partie de l’argent non dépensé pendant une perturbation est dépensé plus tard, le fameux concept de demande refoulée. Ce phénomène s’est manifesté lorsque l’économie est sortie des confinements pendant la pandémie. À la suite d’une catastrophe naturelle, il y a également des dépenses pour les efforts de nettoyage ou, encore, l’hébergement temporaire dans des zones voisines.

Cela signifie qu’il est trompeur de considérer les catastrophes naturelles strictement à travers le prisme du PIB. Nous avions abordé ce point ainsi que d’autres lacunes du PIB dans un Point de vue économique. De par sa conception, le PIB tend à considérer les catastrophes naturelles comme des événements résultant en impact net positif, ce qui est absurde. Par exemple, le PIB ignore largement le coût d’opportunité des dépenses de reconstruction. Et le PIB ne tient pas compte de l’effet sur la santé physique et mentale des individus et des communautés ou, encore, de la valeur des possessions intangibles (ex. : souvenirs) qu’ils ont définitivement perdues. Il vaut donc mettre de côté le PIB pour un moment et se concentrer sur les efforts qu’il faudra entreprendre pour protéger la société et l’économie des catastrophes climatiques futures.

Par Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège

 

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