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Inflation : quand les politiciens s’en mêlent

Lorsque la Banque du Canada (BdC) a mis fin à son programme d’assouplissement quantitatif en octobre dernier, elle a fourni une certaine indication quant au moment où les taux d’intérêt seraient appelés à être rehaussés. Constatant que l’économie avait encore besoin d’une détente monétaire considérable et insistant sur le fait qu’il n’y aurait pas de hausse de taux tant que l’économie était dans une situation de capacité excédentaire, la BdC a estimé qu’il serait probablement approprié d’amorcer le processus entre avril et octobre. Trois mois plus tard, les marchés et de nombreux prévisionnistes estiment que le point-milieu de cette fenêtre est trop lointain de six mois, et que la BdC devrait donc agir dès la semaine prochaine. Bien qu’une hausse en janvier soit un risque appréciable, nous avons tendance à croire que la BdC profitera de la réunion de la semaine prochaine pour préparer le début d’une campagne de normalisation monétaire à la réunion de mars.

Le débat sur la BdC est bien sûr directement lié à la dynamique actuelle de l’inflation, dynamique qui a également suscité des échanges animés sur la colline parlementaire. La voix la plus forte, et de loin, a été celle du député conservateur Pierre Poilievre, qui prétend que les dépenses du gouvernement fédéral liées à la pandémie sont en grande partie responsables de la flambée de l’inflation. La vérité est plus complexe, car la montée en flèche de l’inflation est également due à la politique monétaire, aux distorsions dans les habitudes de consommation, à la pénurie de main-d’œuvre et aux goulots d’étranglement qui entravent la chaîne d’approvisionnement mondiale.

Néanmoins, le discours conservateur au Canada fait écho à celui de la droite américaine alors que les républicains reprochent aux démocrates leurs « dépenses inconsidérées ». Une pluralité d’électeurs pourrait s’avérer réceptive à ce point de vue. Cette semaine, une enquête Gallup a montré qu’à la fin de l’année 2021, seuls 42 % des répondants s’identifiaient comme démocrates (ou de tendance démocrate), contre 47 % qui s’identifiaient comme républicains (ou de tendance républicaine). C’est un énorme changement par rapport au début de l’année où 49 % s’identifiaient comme démocrates et seulement 40 % comme républicains. Il s’agit du plus grand avantage dont les républicains ont pu bénéficier depuis le début de l’enquête en 1991.

Qui plus est, ce changement s’est produit malgré une forte croissance des salaires, une baisse du chômage et un retour à des niveaux d’activité proche de la normale dans la plupart des États américains. Bien que ce désenchantement ne soit pas dû uniquement à l’inflation, les augmentations du coût de la vie ont habituellement un impact négatif sur l’humeur des ménages. L’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan est proche de son plus bas niveau depuis le début de la pandémie. Ces derniers mois, la faiblesse de la confiance est venue en grande partie des ménages à faible revenu, qui sont particulièrement vulnérables à une inflation élevée. Pour de nombreux salariés à faible revenu, l’accélération de la croissance des salaires n’a pas suivi l’inflation. Cela a sans aucun doute contribué à la chute du taux d’approbation du président Joe Biden, qui est passé de 57 % à 43 % après seulement un an de mandat. De tous les présidents depuis la Seconde Guerre mondiale, seul Donald Trump a eu de pires résultats à ce stade d’un mandat, avec seulement 38,4 % d’approbation. Bref, les choses se présentent mal pour les démocrates en vue des élections de mi-mandat de l’automne prochain.

Ce qu’on a moins entendu des critiques, cependant, c’est comment ils ralentiraient l’inflation. Certes, ils promettraient probablement de réduire les dépenses. Mais il est peu probable que cela ait un effet marginal significatif, étant donné que la baisse prévue des déficits rend déjà la politique fiscale en posture restrictive. Décréter des hausses d’impôt serait une manière de freiner la demande davantage. Inutile de dire qu’il s’agirait d’un sacrilège pour les conservateurs. La manière la plus constructive dont les gouvernements de tous acabits peuvent aider, cependant, est de mettre le maximum d’effort sur la stimulation de l’offre agrégée, notamment par l’entremise d’une croissance plus forte de la productivité. Dommage que ce concept n’ait pas la même résonance auprès des électeurs.

Par Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège

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