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Il y a quand même de bonnes nouvelles

Nous parlons des contraintes d’approvisionnement et d’inflation élevée depuis un certain temps déjà, et les autres mauvaises nouvelles n’ont pas manqué non plus. Cette semaine, parlons d’une rare bonne nouvelle : l’assouplissement significatif des restrictions sanitaires au Canada. De nombreuses provinces ont annoncé leurs intentions de supprimer les limites de capacité, les passeports vaccinaux et le télétravail obligatoire au cours des prochaines semaines. Le gouvernement fédéral a également annoncé que les voyageurs entièrement vaccinés n’auront plus à subir de test PCR à partir du 28 février.

Si les gouvernements tiennent ces promesses, le rebond de février que nous attendons pour le PIB, les heures travaillées et l’emploi sera probablement suivi d’un solide mois de mars. La fin du télétravail obligatoire pourrait être un changement important. Elle devrait relancer la demande chez les petites entreprises des grandes zones urbaines qui dépendent d’une affluence importante, ainsi que la demande dans les secteurs du transport, de la restauration, du divertissement et de l’hébergement.

Néanmoins, cette demande se heurtera au problème de la pénurie de main-d’œuvre, qui limitait déjà l’offre avant le passage d’Omicron. Ainsi, lorsque les gouvernements affirment que les entreprises pourront ouvrir à pleine capacité, cela ne signifie pas nécessairement qu’il s’agit de la capacité prépandémique. Et comme les entreprises doivent actuellement faire face à des coûts d’intrants plus élevés pour les biens, la main-d’œuvre, les services publics ou les assurances, cela signifie que les consommateurs doivent s’attendre à des prix élevés.

Selon une expression, les prix élevés sont le meilleur remède contre les prix élevés. Ceux-ci ont pour effet de ralentir la demande. Les dépenses discrétionnaires, comme les repas dans les restaurants haut de gamme, ont tendance à être plus élastiques, ce qui signifie qu’elles diminuent relativement rapidement lorsque les prix augmentent. Les personnes vaccinées retourneront sans doute dans les restaurants haut de gamme. Les non-vaccinés en auront probablement encore plus envie. Toutefois, les factures plus salées pousseront de nombreux convives à rechercher un meilleur rapport qualité-prix, quel que soit leur statut vaccinal. Les entreprises capables de répondre à cette demande gagneront des parts de marché. C’est l’autre façon dont les prix élevés sont leur propre remède : en encourageant les gains d’efficacité et les offres concurrentielles.

Tel qu’il est calculé actuellement, l’indice des prix à la consommation (IPC) officiel ne tient pas compte des changements aux habitudes de consommation en temps réel, car les pondérations du panier de dépenses sont fixes. Les clients qui optent pour des expériences gastronomiques un peu moins dispendieuses (mais tout de même relativement comparables) sont un exemple de ce que la littérature économique appelle le biais de substitution lié aux points de ventes. L’IPC omet l’impact de ce changement de comportement jusqu’à ce que les pondérations du panier soient mises à jour, mais dans l’intervalle, la substitution aide les consommateurs à quelque peu atténuer la hausse des prix. Par conséquent, l’IPC a tendance à surestimer l’inflation. Un biais similaire existe pour la consommation de biens, soit le biais de substitution des produits. La Banque du Canada (BdC) avait estimé que ces deux biais avaient un impact à la hausse d’environ 0,3 point de pourcentage par an, bien que la période couverte par ses travaux les plus récents date quelque peu (2005‑2011). On peut présumer que ces biais seront plus élevés lorsque l’inflation augmente, car les consommateurs sont alors davantage incités à magasiner. La technologie dont disposent les consommateurs aujourd’hui a également considérablement augmenté leur capacité à le faire.

La décision de Statistique Canada de mettre à jour annuellement les pondérations du panier de l’IPC est utile, car cela signifie que nous devrions avoir une mesure plus précise de l’inflation au moment de cette mise à jour, potentiellement vers le milieu de l’année. Nous pourrions même obtenir des indices à l’avance, puisque Statistique Canada publie sur une base occasionnelle une mesure de l’IPC à pondération variable.

Certes, il n’en ressortira pas que l’inflation n’est plus préoccupante. Mais vu la taille des enjeux, y compris pour la politique monétaire, il est utile d’avoir une lecture aussi précise que possible de la variable économique la plus importante à l’heure actuelle. Si cela nous démontre que les changements de comportement aident quelque peu les consommateurs à faire face à l’inflation et de façon plus importante, si nous voyons d’autres sources de soulagement (c’est-à-dire dans les chaînes d’approvisionnement, l’énergie, la géopolitique), peut-être la BdC sera-t-elle un peu plus confiante à l’idée qu’elle n’aura pas besoin d’agir avec trop de « fermeté », comme le sous-gouverneur Tim Lane l’a averti cette semaine. Compte tenu de la forte empreinte des secteurs sensibles aux taux d’intérêt au Canada (ex. : le logement), ce serait une nouvelle rassurante.

Par Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège

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