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Ce que les gouvernements donnent, la Banque du Canada le reprend

L’année a été pénible pour de nombreux ménages canadiens. Oui, la pandémie est derrière nous. Les emplois abondent et la croissance des salaires atteint presque un sommet en dix ans. Il est toutefois difficile de s’en réjouir lorsque l’on considère que l’inflation a augmenté encore plus rapidement et qu’elle a entraîné une baisse des salaires réels. Il y a aussi les hausses de taux d’intérêt décrétées par la Banque du Canada dans l’espoir de ramener la croissance des prix au pays près de la cible – faible, stable et prévisible – de 2 %. Ces augmentations ont eu pour effet de faire battre en retraite la valeur des actifs et les secteurs de l’économie sensibles aux taux d’intérêt. Comme l’actif principal de la plupart des ménages canadiens est leur maison, nombreux sont ceux qui ont vu la valeur de leur pécule fondre tout en devant assumer des paiements hypothécaires de plus en plus élevés. Par conséquent, les dépenses de consommation ont ralenti, et elles s’affaibliront probablement davantage tandis que les Canadiens feront tout ce qu’ils peuvent pour conserver leur propriété. (Consultez nos dernières Perspectives économiques et financières pour connaître nos dernières prévisions.)

Dans ce contexte, les gouvernements ont été appelés à la rescousse pour aider les ménages à affronter la hausse du coût de la vie. Et les provinces ont été les premières à s’atteler à la tâche. Certaines ont choisi de réduire les frais et les taxes sur l’essence. D’autres ont distribué des chèques à leurs citoyens, parfois de manière ciblée, parfois de manière large. L’ampleur des mesures a aussi varié considérablement d’une province à l’autre, représentant entre 0,1 % et 1 % de leur PIB. Le Québec remporte la palme de la générosité par habitant. Ensemble, ces mesures devraient contribuer à la croissance économique à hauteur de 0,1 point de pourcentage cette année. 

Il y a aussi le gouvernement fédéral. Malgré des appels répétés de soutien au revenu, il a mis plus de temps à répondre que la plupart de ses pairs. Mais il a tout de même fini par ouvrir les vannes. Le gouvernement a d’abord doublé le crédit d’impôt pour la TPS, bonifié l’Allocation canadienne pour le logement et adopté un programme fédéral de soins dentaires. Puis, dans l’Énoncé économique de l’automne, il a apporté des changements à l’Allocation canadienne pour les travailleurs et il a éliminé les intérêts sur les prêts étudiants. Ensemble, ces mesurent représentent 3,2 G$ pour l’exercice en cours. Leur incidence économique devrait toutefois être faible et ajouter moins de 0,05 point de pourcentage à la croissance du PIB réel en 2022 et en 2023. 

Quelles que soient l’ampleur et la portée des mesures annoncées, une chose est claire : elles sont inflationnistes. Pendant les périodes de repli économique, c’est en partie l’objectif des mesures de relance budgétaire. Mais en période de demande excédentaire, toute relance procyclique sera plus inflationniste qu’elle ne le serait normalement. Cela complique le travail de la Banque du Canada (BdC). Une inflation élevée pourrait pousser la BdC à relever davantage le taux directeur ou à le maintenir élevé plus longtemps. En effet, la dernière hausse de 50 points de base était loin d’être attendue avec certitude. Elle a sans doute reflété la progression surprise du PIB réel au troisième trimestre (malgré une contraction de la demande intérieure). Les révisions historiques à la hausse du PIB réel indiquant une demande excédentaire plus importante que prévu n’ont pas aidé. Et maintenant, notre prévision de croissance du PIB réel au quatrième trimestre est bien supérieure à la prévision annualisée de 0,5 % de la BdC dans le Rapport sur la politique monétaire d’octobre 2022. Cela accroît le risque d’une accentuation de l’écart de production lorsque le PIB réel du quatrième trimestre sera publié, ce qui entraînerait potentiellement une pression intérieure accrue sur l’inflation.

Un scénario d’inflation élevée soutenue ne signifierait qu’une chose : des taux plus élevés pendant plus longtemps. En fait, ce que les gouvernements donnent, la BdC le reprend. Les gouvernements doivent garder cela à l’esprit lorsqu’ils songent à adopter d’autres mesures de dépenses – aussi bonnes que soient leurs intentions. Avec la récession qui nous guette, les autorités budgétaires devraient s’en tenir à des mesures de soutien au revenu qui soient modestes, ciblées et limitées dans le temps, et laisser les stabilisateurs automatiques comme l’assurance-emploi faire le plus gros du travail. Toute marge de manœuvre restante devrait être dirigée vers des investissements qui augmenteront la productivité et la prospérité à long terme, comme les infrastructures. Noël n’en serait pas moins joyeux, mais cela contribuerait certainement à une meilleure nouvelle année.

Par Randall Bartlett, directeur principal, économie canadienne

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