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Aussi intemporel qu’un film de Noël

Mercredi, la Banque du Canada (BdC) a réaffirmé son indication prospective d’octobre, soutenant que le resserrement monétaire pourrait commencer quelque part entre avril et septembre, conformément à l’horizon prévu pour la fermeture de l’écart de production. L’avertissement récent du gouverneur Tiff Macklem en novembre, selon lequel les hausses se rapprochaient, nous avait donné l’impression qu’un changement plus substantiel aurait été apporté à l’indication prospective, en particulier le segment indiquant qu’un « appui considérable » était nécessaire. Comme l’indique le communiqué, la croissance du Canada a été forte au quatrième trimestre, du moins jusqu’aux perturbations en Colombie‑Britannique et les craintes sur le variant Omicron. L’inflation s’est accélérée et le communiqué qualifie le taux d’emploi « d’essentiellement » normalisé. Le marché du logement avait commencé à ralentir au printemps dernier, mais nous avons assisté à une résurgence des ventes au cours des deux derniers mois, peut-être sous l’impulsion des derniers acheteurs qui se bousculent pour devancer la hausse des coûts d’emprunt.

Il est vrai que la vague actuelle d’infections doit rester sur le radar et que l’on attend toujours des réponses plus décisives sur Omicron (même si les découvertes initiales ont été rassurantes). Mais il n’aurait pas été inopportun que le communiqué rende mieux justice à l’idée que les hausses de taux ne sont plus lointaines, et il aurait été possible de modifier la formulation d’« appui considérable » tout en conservant une grande partie de la conditionnalité. Il convient de noter que lors de la conférence de presse qui a suivi son discours de jeudi, le sous‑gouverneur Toni Gravelle a déclaré que le Canada connaissait une croissance robuste et que le besoin en soutien diminuait.

À notre avis, cela aurait dû être mis par écrit. En effet, Toni Gravelle a partagé une vision plutôt optimiste de la situation d’ensemble. La façon dont il a conclu son discours en est un exemple : « Même si nous anticipons une baisse de l’inflation au second semestre de 2022, nous surveillons de près les attentes d’inflation et les coûts de main-d’œuvre pour voir à ce que les forces qui font grimper les prix n’aient pas, en fin de compte, une influence durable sur l’inflation. Soyez assurés que la Banque du Canada maintient fermement son engagement à maîtriser l’inflation ». Ce commentaire fait écho aux remarques formulées par le gouverneur Tiff Macklem en octobre, selon lesquelles la tolérance à des dépassements futurs de l’inflation était plus limitée. Les taux canadiens de court terme ont chuté à la suite des communications de cette semaine, signe que les marchés s’étaient préparés également en vue d’un changement de ton dans le communiqué. En même temps, les marchés escomptaient presque entièrement une hausse dès janvier, avec cinq hausses prévues en 2022. Même la modification du communiqué que nous pensions plausible n’aurait pas su justifier un scénario aussi radical.

Pendant ce temps, le renouvellement du mandat d’inflation a capté l’attention en toile de fond. Le délai dans une annonce qui est généralement faite au mois de novembre a alimenté les spéculations selon lesquelles la BdC réservait peut-être une surprise. Après tout, la Réserve fédérale s’était également engagée dans un processus de renouvellement de mandat qui a été plus long que prévu et qui a abouti en un passage au ciblage de l’inflation en moyenne. Néanmoins, jeudi, des rumeurs (subséquemment validées par la BdC) ont indiqué que la BdC garderait finalement sa cible inchangée, donnant raison au consensus.

Certains avaient parié sur l’adoption potentielle d’un double mandat, mais il s’agit d’un débat qui fait rage à chaque échéance de renouvellement du mandat, et qui finit toujours en un renouvellement tel quel du mandat unique de ciblage de l’inflation à 2 %. Cette année, les dirigeants avaient déjà prévenu que le défi existentiel de bien capter l’état du marché du travail avec une seule variable n’avait pas été résolu. Les souhaits formulés par les banquiers centraux pour le marché du travail (meilleure inclusivité, représentation et participation) ont toujours été confrontés au fait qu’ils ne possèdent pas les outils pour s’attaquer correctement à ces problèmes. À vrai dire, ces enjeux sont compliqués même pour les élus, qui demeurent ceux disposant des meilleurs leviers pour atteindre ces objectifs.

Par conséquent, la meilleure manière dont la BdC peut contribuer à une reprise équitable du marché de l’emploi est de permettre une certaine flexibilité dans le ciblage de l’inflation, tant au niveau de l’écart par rapport à la cible que de l’horizon temporel pour atteindre cette cible. Et c’est à peu près la façon dont la BdC fonctionne depuis au moins la récession de 2008‑2009. Cela a-t-il fonctionné? Le fait que les attentes d’inflation à long terme soient restées solidement ancrées, même pendant l’hystérie inflationniste de cette année, en dit long. De son côté, le marché du travail canadien a son lot d’enjeux, mais on peut au moins dire qu’à bien des égards, qu’il est en meilleure posture que son équivalent américain. Le mandat de la BdC est peut-être vieux, mais il fonctionne, il est simple et il est familier, tel un bon vieux film de Noël.

Par Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège

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