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Arguments en faveur d’une récession « douce » (si récession il y a)

Le monde économique demeure obsédé par le spectre d’une récession. Le ralentissement chinois, l’érosion du pouvoir d’achat des consommateurs dans la plupart des pays développés et le resserrement monétaire expéditif en sont les principaux motifs, cependant une récession ne serait pas obligatoirement très douloureuse. Bien que la plupart des discussions tournent autour de la capacité à l’éviter, on a peu parlé de la façon dont une éventuelle récession serait gérée. Et c’est là qu’on atteint les limites de l’établissement de parallèles avec les situations passées. La façon dont les décideurs ont géré les récessions il y a 30 ou 40 ans offre peu de renseignements utiles sur ce qu’ils feront lors de celles à venir. Les approches stratégiques et les outils ont évolué, en partie grâce aux leçons tirées des ralentissements précédents.

La récession causée par la pandémie a servi de base à un certain nombre de politiques qui devraient être réintroduites dans l’éventualité d’un repli cyclique. Les subventions salariales sont un bon exemple. Elles ont aidé les employeurs à conserver leur personnel malgré la forte baisse des revenus. À leur apogée, ces subventions ont soutenu les salaires de plus de 5 millions de travailleurs au Canada et ont permis au marché du travail de se redresser rapidement lorsque les mesures de confinement ont pris fin. Leçon à retenir : la meilleure façon de favoriser un marché du travail vigoureux après une récession est d’empêcher les gens de perdre leur emploi.

La démographie peut aussi aider à limiter les pertes d’emplois. Les baby-boomers sont entrés sur le marché du travail dans les années 1970 et 1980, et ils partent maintenant à la retraite. Les graves pénuries de main-d’œuvre généralisées datent d’avant la pandémie et devraient se poursuivre pendant au moins une décennie, ce qui aura une incidence durable sur le sentiment des employeurs. Les entreprises soulignent qu’il est difficile et coûteux pour elles d’attirer et de retenir des travailleurs, et que ce problème limite leurs projets d’expansion. Si nous assistions à un repli de la croissance, beaucoup d’employeurs feraient probablement tout leur possible pour garder leurs employés au lieu de les licencier et de se démener pour les réembaucher lorsque cela ira mieux. Les programmes temporaires de subventions salariales les aideraient justement à garder leurs employés, et la pandémie a prouvé que cela fonctionnait.

Pour ceux qui perdront leur emploi, le gouvernement a bonifié le régime d’assurance-emploi. Ces efforts, combinés à diverses mesures de soutien du revenu, ont limité les difficultés financières. La baisse des faillites et des défaillances durant la dernière récession a démontré leur efficacité.

Ainsi, grâce aux politiques novatrices introduites pendant la pandémie, la perte d’emploi n’est peut-être plus autant synonyme de perte de revenu qu’auparavant. Or, la gravité d’une récession dépend de ce qu’il advient des revenus. Cela dit, il y a une inconnue de taille : la Banque du Canada. La dette contractée pour financer ces nouvelles politiques aurait coûté plus cher sans sa forte présence sur les marchés obligataires. Toutefois, étant donné qu’elle se concentre actuellement sur la réduction de l’inflation, elle pourrait réagir de façon plus mesurée lors de la prochaine récession. Il en reviendrait alors largement aux investisseurs privés de décider combien il en coûtera pour emprunter l’argent nécessaire au financement de ces programmes. Ce coût serait probablement plus élevé que pendant la pandémie, forçant le gouvernement à devenir plus sélectif dans le choix de ses politiques. La vigueur de la reprise du marché du travail observée après le choc pandémique suggère néanmoins que des programmes de rétention de la main-d’œuvre referaient leur apparition.

Par Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège

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