Voici un extrait de la plus récente mise à jour publiée par les Études économiques de Desjardins.
Bien que la croissance économique soit demeurée forte en première moitié d’année aux États Unis, les données récentes signalent un ralentissement. À l’inverse, les derniers résultats indiquent une amélioration des perspectives ailleurs dans le monde, notamment en Europe et au Japon. Le refroidissement du marché de l’emploi paraît d’ailleurs plus marqué en Amérique du Nord, alors que les principales économies mondiales ont vu leur taux de chômage augmenter plus lentement. Il y a un bémol du côté de l’Allemagne, où le secteur manufacturier peine encore à se relever, et en Chine, où les difficultés économiques perdurent.
La Réserve fédérale (Fed) commence son cycle baissier avec un ajustement de 50 points de base
Les investisseurs et les prévisionnistes étaient divisés quant à l’ajustement à prévoir lors de la rencontre du 18 septembre dernier, mais la Fed a finalement opté pour une baisse plus importante. Il ne faut cependant pas voir ce choix comme un geste de panique, mais plutôt comme une reconnaissance que l’assouplissement de la politique monétaire américaine avait peut être pris un peu de retard. La Fed n’entend pas non plus maintenir un tel rythme pour la suite. Les attentes des dirigeants concernant le niveau du taux des fonds fédéraux à la fin de cette année permettent d’anticiper deux autres diminutions de 25 points de base. L’inflation, qui a atteint 2,5 % aux États-Unis en août, semble maintenant moins préoccupante pour la Réserve fédérale que l’est le marché de l’emploi.
L’inflation est de retour à sa cible au Canada
Après un dérapage qui a duré plus de trois ans, l’inflation canadienne était finalement de retour à sa cible de 2,0 % en août. Cette stabilisation s’est faite sans conséquences trop graves pour la croissance économique. En effet, le PIB réel a continué de croître à un rythme annualisé de 2,1 % au deuxième trimestre. En revanche, il semble que ce soient les ménages canadiens qui aient dû en faire les frais. D’une part, le marché de l’emploi s’est modéré très rapidement sous l’effet d’une forte croissance de la population, ce qui a ramené le taux de chômage à 6,6 % en août. Les taux d’intérêt élevés ont aussi amené le ratio du service de la dette des ménages à des sommets, et celui ci pourrait continuer d’augmenter pour bon nombre de Canadiens et de Canadiennes au cours des prochains mois alors que les emprunteurs renouvelleront des prêts contractés à des taux très bas durant la pandémie.
La Banque du Canada (BdC) a le feu vert pour revenir au taux neutre plus rapidement
Avec l’inflation de retour à sa cible et un marché de l’emploi qui paraît maintenant mieux équilibré, il devient de plus en plus difficile de justifier le maintien d’une politique monétaire restrictive au Canada. Bien que la BdC ait déjà diminué son taux directeur par trois fois pour le porter à 4,25 %, celui-ci demeure bien au dessus du niveau considéré comme neutre. Nous croyons donc que la Banque pourrait emboîter le pas à la Réserve fédérale et annoncer une baisse de 50 points de base en octobre afin de revenir plus tôt à la fourchette du taux neutre, laquelle est estimée entre 2,25 % et 3,25 %. À l’approche de ce niveau, la BdC pourrait cependant se montrer plus prudente et continuer avec des ajustements de plus petite taille jusqu’à la limite inférieure de cette fourchette. Notre scénario de base prévoit 6 autres baisses de taux de 0,25 % en 2025.
La tendance baissière du dollar américain pourrait bien persister
Pas de divergence des politiques monétaires à l’avantage du billet vert
Il n’y a encore pas très longtemps, la bonne performance de l’économie américaine et l’inflation qui semblait vouloir persister laissaient présager que la Réserve fédérale allait diverger de la plupart des autres banques centrales avec moins de baisses de taux d’intérêt. Décidément, la situation est en train de changer et le dollar américain s’en trouve pénalisé.
La devise américaine n’a pas la réputation de faire des gains importants lorsque l’économie va bien. C’est plutôt une devise reconnue pour son rôle de valeur refuge, qui s’apprécie lorsque les craintes augmentent. Avec les baisses de taux aux États Unis, la Réserve fédérale (Fed) vise justement à réduire le risque de récession, ce qui a de quoi rassurer les investisseurs.
Optimisme modéré pour le dollar canadien
Que les États Unis évitent la récession est une bonne nouvelle pour le Canada et pour sa devise. Néanmoins, l’économie canadienne fera face à des vents contraires, avec une croissance plus faible de la population et des renouvellements hypothécaires encore difficiles malgré les baisses des taux directeurs. L’économie du Canada nous inspire donc un optimisme modéré et cela limitera le potentiel d’appréciation du huard.
Une remontée de certains prix des matières premières pourrait aussi aider le dollar canadien, de même qu’une réduction des écarts de taux d’intérêt avec les États Unis. Actuellement à 1,36 $ CA/$ US, nous prévoyons que le taux de change pourrait converger vers 1,33 $ CA/$ US l’an prochain.
Les marchés boursiers semblent en quête de direction
Septembre apporte bien souvent un vent glacial sur les marchés boursiers et le début du mois n’a pas fait exception cette année. Mais à l’instar du redoux observé dans l’est du Canada, l’atmosphère s’est réchauffée sur les marchés mondiaux dans les jours suivants. La réaction initiale au terme de la rencontre de la Réserve fédérale (Fed) a été négative, mais elle a été suivie d’un important rebond le lendemain, ce qui témoigne d’une certaine ambivalence des investisseurs face à la situation actuelle. D’une part, la thèse de l’atterrissage en douceur de l’économie américaine semble bien vivante pour les investisseurs, ce qui explique l’optimisme ambiant. Cependant, elle est indispensable pour justifier les niveaux de valorisation actuels des titres de l’indice S&P 500. Les gains attribuables aux anticipations de baisses de taux pourraient pour leur part avoir atteint leur limite.
Cela fait déjà plusieurs mois que les niveaux de valorisation des entreprises du S&P 500 nous préoccupent. Pour de nombreuses compagnies, ces ratios sont justifiés par des perspectives de croissance exponentielle dues aux gains générés par les développements et l’intégration des technologies de l’intelligence artificielle. Pourtant, au delà des secteurs liés à la haute technologie, on observe maintenant que 9 des 11 secteurs industriels du S&P 500 affichent des ratios cours bénéfices moyens élevés par rapport à leurs valeurs historiques. Certes, les gains liés aux technologies de l’intelligence artificielle pourraient toucher plusieurs secteurs, mais tant qu’il n’y aura pas d’effets observables sur les bénéfices des entreprises, il est bon de demeurer prudent par rapport aux niveaux de valorisation actuels de l’indice.
Bien que le contexte économique canadien soit plus difficile, cette faiblesse est déjà reflétée dans les niveaux de valorisation plus faibles des entreprises canadiennes. Le retour de l’inflation à sa cible et les baisses rapides de taux directeur que celui ci permet sont de très bonnes nouvelles pour les titres canadiens. En plus d’apporter un soutien à l’économie canadienne, les taux plus faibles rendent plus attrayants les dividendes relativement élevés offerts par les entreprises du S&P/TSX. L’entrée en fonction de l’oléoduc TMX a aussi permis au secteur énergétique du pays de limiter les pertes liées au recul des cours du baril de pétrole grâce au nouvel accès du marché asiatique.
Contrairement à la situation en Amérique du Nord, la Banque centrale européenne dispose d’une marge de manœuvre plus limitée pour réduire les taux d’intérêt. Cela dit, l’économie semble tout de même vouloir se relever en zone euro après plusieurs trimestres difficiles en 2022 et en 2023. Il en va de même pour les bénéfices attendus des entreprises européennes, qui ont repris une tendance haussière récemment. La politique monétaire est aussi déjà moins restrictive, ce qui permet de demeurer relativement optimiste pour l’Europe en 2025. Les marchés asiatiques restent plus à risque, notamment au Japon, où la Banque centrale devrait poursuivre son resserrement monétaire.
Les taux obligataires à long terme ont diminué au début septembre, reflétant les craintes plus importantes de récession. À l’inverse, les taux ont augmenté à la suite de l’annonce d’une baisse de 50 points de base par la Fed, ce qui a rassuré les investisseurs quant aux perspectives économiques. Les marchés boursiers semblent donc moins sensibles aux niveaux des taux et beaucoup plus influencés par les perspectives économiques, ce qui a ramené une corrélation négative entre les rendements des marchés boursiers et obligataires.
Présentement, le marché surfe sur une vague d’optimisme. Les investisseurs sont convaincus que la Fed maîtrise la situation et qu’elle va réaliser un atterrissage en douceur de l’économie, ce qui explique la forte progression des actifs à risque. La décision prise par la Fed de baisser les taux de 0,50 % a renforcé les attentes selon lesquelles l’économie américaine échappera à une récession. Une enquête menée auprès des personnes abonnées à Bloomberg montre que 75 % d’entre elles s’attendent à ce que les États-Unis évitent une récession technique d’ici la fin de l’année prochaine.
Peter Berezin, stratège en chef chez BCA Research, ne partage pas entièrement cette confiance. À l’heure actuelle, nous restons moins optimistes que la Fed quant à la possibilité d’éviter une récession. Les effets de la politique monétaire (qui reste restrictive) se font sentir avec du retard et les conditions actuelles réagissent au resserrement passé.
La décélération du marché du travail peut encore atteindre le point de bascule de la récession avant que la baisse de taux de 0,50 % puisse avoir une incidence. Même si nous pensons que les actions de la Fed sont pleinement justifiées et opportunes, il est peu probable qu’elles changent la trajectoire de l’économie américaine de manière significative. Dans le passé, les fortes réductions de taux de la Fed dans une économie en ralentissement ont toujours été suivies d’une récession. La réponse vigoureuse de la Fed à la détérioration des données était la bonne chose à faire. Et même si cela limite les inconvénients de tout ralentissement potentiel, il est peu probable que ces mesures puissent l’empêcher.
En résumé, les banquiers centraux veulent s’assurer qu’ils ont vaincu l’inflation. Ils ne veulent absolument pas répéter les erreurs d’Arthur Burns dans les années 1970. Ultimement, c’est la destination des taux d’intérêt qui importe, beaucoup plus que le rythme des réductions. L’histoire montre que les baisses de taux en elles-mêmes ne sont pas problématiques. C’est plutôt le contexte économique dans lequel elles interviennent qui doit retenir l’attention des investisseurs. À court terme, ils doivent naviguer entre baisses de taux et craintes de récession. Ajoutons à cela un contexte politique incertain, et la situation devient soudainement fort complexe.
Face à toute cette ambivalence, votre équipe de gestionnaires a joué de prudence dans la répartition tactique des portefeuilles. Nous avons opté pour une surpondération des titres à revenu fixe et une sous-pondération des actions en fonction des balises établies dans notre politique de placement. Nous détenons un niveau de liquidités qui nous permet de profiter des possibilités offertes par la volatilité des marchés boursiers à l’approche de l’automne et des élections américaines.
En septembre, nous avons pris des profits sur certains titres dont Apple, Palo Alto Network, Salesforce, Brookfield et le NASDAQ QQQT. Nous nous sommes départis de UPS, nous avons aussi diminué nos positions dans l’indice américain S&P 500 équipondéré EQL.F, Suncor et Cenovus pour faire des achats dans Telus et Canadian Pacific. Nous avons aussi acheté une obligation de la Colombie-Britannique venant à échéance en 2031.
Sources : Desjardins, Études économiques et BCA Research.
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