Sans surprise, au début du mois de mars, la Banque du Canada (BdC) a annoncé qu’elle maintenait le taux cible du financement à un jour à 5 %. Il s’agit d’une décision qui se répète depuis septembre 2023. Dans sa déclaration préliminaire à la conférence de presse, le gouverneur Tiff Macklem affirmait ce qui suit : « La décision d’aujourd’hui a été prise parce que le Conseil estime qu’un taux directeur de 5 % reste approprié. Il est encore trop tôt pour penser à le baisser. » Même si les formulations sont essentiellement inchangées par rapport à l’annonce précédente, le ton de la BdC s’est quelque peu adouci.
Dans son communiqué, la Banque mentionne que « l’expansion de l’économie au quatrième trimestre a été supérieure aux attentes », mais que « son rythme est demeuré faible et en dessous de son potentiel ». On explique qu’il y a eu une contraction de la demande intérieure finale qui est attribuable à une baisse importante des investissements des entreprises.
« Des pressions inflationnistes sous-jacentes persistent : les mesures de l’inflation fondamentale sur un an et sur trois mois se situent dans la fourchette de 3 à 3,5 %, et si la part des composantes de l’IPC dont la croissance est supérieure à 3 % a baissé, elle demeure au-dessus de la moyenne historique. La Banque s’attend encore à ce que l’inflation reste près de 3 % dans la première moitié de 2024, puis diminue progressivement », peut-on lire dans le communiqué. Le Conseil de direction est encore préoccupé par les perspectives d’inflation et vise toujours la stabilité en ce qui a trait aux prix. La BdC laisse donc le couvercle fermé sur la marmite des anticipations d’une baisse hâtive du taux directeur.
La Banque n’était peut-être pas prête à s’engager pleinement à réduire les taux d’intérêt lors de son annonce du mois de mars, mais en reconnaissant les progrès réalisés, elle prépare le terrain pour les baisses à venir. Les économistes de Desjardins sont d’avis qu’elle commencera à diminuer son taux directeur au cours du deuxième trimestre de cette année, soit à partir de juin.
Pour ce qui est de la politique monétaire américaine, notons que la prochaine réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) aura lieu les 19 et 20 mars. Dans un témoignage préparé pour le comité des services financiers de la Chambre des représentants, Jerome Powell a déclaré que la Fed « ne s’attend pas à ce qu’il soit approprié de réduire la fourchette cible tant qu’elle n’aura pas acquis une plus grande confiance dans le fait que l’inflation évolue durablement vers l’objectif de 2 % ». Il a toutefois dit être d’avis que le taux directeur en était à son maximum pour le cycle de resserrement, ce qui a fait taire ceux qui prétendaient autrement. « Si l’économie évolue globalement comme prévu, il serait approprié de commencer à réduire la rigueur politique à un moment donné cette année, mais les perspectives économiques sont incertaines et la poursuite des progrès vers notre objectif d’inflation de 2 % n’est pas assurée », a-t-il expliqué.
Selon l’avis des économistes de Desjardins, la Fed risque d’être beaucoup plus prudente que d’habitude une fois les baisses de taux commencées. Sans récession grave ni crise financière à gérer, ses dirigeants peuvent réduire les taux plus lentement. Leurs homologues d’autres banques centrales adopteront probablement une stratégie différente. La BdC, la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre amorceront vraisemblablement l’assouplissement de leur politique monétaire en juin, au moment même où la Fed devrait annoncer une première diminution du taux directeur. Toutefois, le Canada, la zone euro et le Royaume-Uni flirtent déjà tous avec une récession.
Par conséquent, les réductions de taux pourraient y être plus importantes. Afin de combattre la morosité de l’économie intérieure, la BdC assouplira davantage que la Fed sa politique monétaire cette année et l’an prochain.
Alors que les emprunteurs des autres pays, comme les Canadiens, profiteront de baisses de taux plus nombreuses, ils seront déçus de voir la réaction de leur monnaie locale. Il est probable que le dollar américain demeure fort par rapport au dollar canadien, en supposant que le cycle de réduction des taux soit moins prononcé aux États-Unis.
CANADA - Les dernières données suggèrent que l’économie ne serait pas en chute libre, malgré le ralentissement de la demande. D’ailleurs, une nouvelle hausse importante du nombre d’emplois et d’heures travaillées a été enregistrée en début d’année. Les récentes annonces de licenciements de grandes entreprises de tous les secteurs laissent entendre que l’économie va connaître des turbulences et que les effets passés des taux d’intérêt élevés continueront de peser sur l’activité.
ÉTATS-UNIS - La thématique de la résilience se poursuit, mais la trajectoire qu’empruntera l’économie est nébuleuse. L’emploi demeure sain, mais les licenciements sont en hausse. La Fed mise sur un scénario sans récession et pourtant, la courbe de rendement et l’indice économique avancé LEI (Leading Economic Index) sont rouges et clignotent.
INTERNATIONAL - La zone euro continue de connaître une croissance timide, en grande partie due à l’économie allemande qui a enregistré trois trimestres consécutifs de croissance négative. La production et la consommation sont en baisse. La Chine s’enlise dans une déflation liée à l’affaiblissement des prix des matières premières. Les données soulignent les graves problèmes auxquels sont confrontés les décideurs politiques à Pékin : on cherche à relancer la demande intérieure et à stimuler la consommation. Le Royaume-Uni et le Japon ont connu un deuxième trimestre consécutif de contraction du PIB réel et seraient donc en récession théorique.
En février, les actions américaines ont maintenu leur ascension, menées par les perspectives d’une économie solide qui continuera d’alimenter les bénéfices des entreprises. Les investisseurs ont ignoré les inquiétudes liées aux valorisations élevées et les commentaires prudents des responsables de la Fed. À l’image du Dow Jones, du NASDAQ-100 et du S&P 500, l’indice mondial MSCI ACWI a atteint un niveau record. Le S&P 500 a augmenté de 5,34 % en février (6,79 % en CAD), prolongeant ainsi sa série positive sur quatre mois consécutifs.
Au Canada, le S&P/TSX a grimpé de 1,82 %. Six des onze secteurs ont enregistré des performances positives au cours du mois.
L’évaluation des marchés des capitaux est compatible avec l’atteinte d’un avenir idéal, comprenant une période soutenue de croissance économique saine, une inflation de retour à sa cible et des réductions de taux d’intérêt dans l’année à venir. Les valorisations des titres du S&P 500 restent nettement plus élevées que celles des autres bourses mondiales.
Les valorisations actuelles nous amènent en effet à être prudents, mais les marchés pourraient poursuivre leur ascension, menés à court terme par le dynamisme de l’intelligence artificielle (IA). Il subsiste toujours quelque 6 000 milliards de dollars dans les produits monétaires aux États-Unis, des sommes qui pourraient être redéployées à tout moment dans les marchés financiers.
Bien que les investisseurs semblent être déterminés à escalader le « mur des inquiétudes » qui se dresse sur leur passage, une phase de repli boursier n’est pas à écarter. Il apparaît raisonnable de penser que le marché puisse entrer dans une nouvelle période de plus grande volatilité, caractérisée par des hausses et des baisses plus impétueuses.
Répartition tactique des portefeuilles en gérés par l’équipe Moreau Bergeron Paré
Nous tenons à vous préciser que la position tactique actuelle de nos portefeuilles se situe tout près des cibles établies dans notre politique de placement. Nous avons opté pour une légère sous-pondération en actions et profité des hausses de taux d’intérêt survenues en 2023 pour augmenter notre pourcentage en obligations. De plus, nous détenons un certain niveau de liquidité (10 %) nous permettant de réagir aux fluctuations de marché et d’acquérir des participations dans des entreprises de qualité à meilleur prix.
SURVOL DES TRANSACTIONS EFFECTUÉES AU COURS DU MOIS DE FÉVRIER
Au cours du dernier mois, nous avons déployé du capital et fait des achats pour la partie « actions » des portefeuilles. Du côté américain, nous avons profité de baisses de prix pour faire l’acquisition de UnitedHealth Group (UNH), une société du secteur de la santé, ainsi que de Apple (AAPL). Au Canada, quelques titres ont été ajoutés : Franco-Nevada Corporation (FNV), relié aux redevances sur le prix de l’or, et Crescent Point (CPG), un important producteur de pétrole dans l’Ouest canadien. Nous avons aussi augmenté nos positions dans Suncor et Cenovus Energy, qui ont des bilans solides, une excellente rentabilité et des dividendes en hausse.
Sources : Études économiques de Desjardins, Valeurs Mobilières Desjardins, BCA Research, MRB Research
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