En juin, le Canada a été le premier pays du G7 à abaisser son taux directeur. La première réduction de taux de la Banque du Canada (BdC) depuis le début de la pandémie en mars 2020 montre que les autorités sont de plus en plus convaincues qu’elles se rapprochent d’une victoire sur l’inflation, puisque cette dernière est passée à un rythme annuel de 2,7 % après avoir atteint un sommet au milieu de l’année 2022. Cela permet aux décideurs de commencer à normaliser les taux d’intérêt après l’un des cycles de hausse les plus vigoureux de l’histoire de la banque centrale. Dans le dernier mois, la Banque centrale européenne, la Suisse et la Suède ont commencé à assouplir leur politique monétaire. Malgré cette première réduction, les mesures canadiennes demeurent très restrictives, et d’autres diminutions devront être appliquées graduellement pour ramener le taux directeur dans une zone plus neutre, soit aux alentours de 2,75 %.
La BdC a réduit le taux des fonds à un jour de 25 points de base pour le faire passer de 5 % à 4,75 %. Pour justifier sa décision, elle a souligné les progrès accomplis dans la lutte contre l’inflation. On pouvait lire ceci dans son communiqué de presse : « Les données continuant de montrer que l’inflation sous-jacente ralentit, le Conseil de direction a convenu que la politique monétaire n’avait plus besoin d’être aussi restrictive et a donc abaissé le taux directeur de 25 points de base. » Cette annonce est sans doute de la musique aux oreilles des Canadiens et Canadiennes. Non seulement la BdC a fait reculer le taux directeur comme on s’y attendait, mais elle a laissé entendre que cette réduction n’était que la première parmi d’autres à venir.
Quant à la Réserve fédérale américaine (Fed), elle a opté pour le statu quo et n’a pas bougé lors de sa réunion du 12 juin dernier. Même si elle entrevoit une seule baisse en 2024, le marché en prédit deux. Dans son communiqué de presse, la Fed a signalé qu’elle attendrait que l’inflation tende vers sa cible avant d’ajuster sa politique. Pour le moment, elle prévoit réduire le degré de contraction monétaire en 2024. Puisqu’une diminution de taux en novembre est très improbable en raison des élections, il lui reste septembre ou décembre.
Selon les économistes de Desjardins, si l’inflation continue de progresser dans la bonne direction, il devrait y avoir trois autres baisses du taux directeur canadien d’ici la fin de l’année, suivies de réductions supplémentaires en 2025 et 2026. On estime que le taux cible des fonds à un jour de la BdC pourrait descendre jusqu’à environ 2,25 % au début de 2026.
Signification de la réduction de taux pour les prêts hypothécaires
Bien que la baisse ait débuté, les taux d’intérêt au détail ne vont pas tous suivre la même tendance que les taux directeurs de la BdC. L’évolution des taux aux États Unis, la pente de la courbe des taux obligataires et les coûts de financement des institutions financières vont aussi avoir une importance. Et notons l’incertitude quant au véritable nombre de futures baisses du taux directeur et au rythme de celles-ci. La diminution des taux d’intérêt demeurera particulièrement conditionnelle à ce que l’inflation continue de se diriger vers sa cible de 2 %. Fort heureusement pour les emprunteurs, les marchés anticipent déjà plusieurs réductions de taux pour les années à venir.
À ce stade, la baisse de taux reste surtout symbolique. Les principaux gagnants de l’annonce faite le 5 juin par la BdC sont les détenteurs de prêts à taux variable, mais ils ont aussi été les principaux perdants face à l’augmentation des taux ces deux dernières années. Les taux variables sont basés sur le taux préférentiel des institutions financières, lequel s’ajuste généralement dans les mêmes proportions que le taux des fonds à un jour établi par la banque centrale.
Les taux fixes dépendent d’un plus grand nombre de facteurs. Pour les emprunteurs détenant des prêts à taux fixe, la décision prise par la BdC le 5 juin ne change rien. Cependant, leur taux sera modifié au moment du renouvellement. Les taux fixes offerts à l’heure actuelle demeurent plus élevés qu’il y a quelques années. Ils ont certes été touchés par la hausse de taux directeur, mais ils n’ont pas augmenté autant que les taux variables. Ceux-ci avaient même déjà commencé à diminuer avant l’annonce du 5 juin.
Choisir aujourd’hui un taux variable au renouvellement de son prêt hypothécaire n’est pas forcément opportun. En effet, si l’on compare l’option variable à l’option fixe sur un terme un peu plus long, les économies potentielles ne compensent pas le risque. Lorsque les taux seront stabilisés à des niveaux plus bas (selon nous, dans environ deux ans), l’option variable redeviendra avantageuse. Mais pour les emprunteurs qui s’inquiéteront des risques de hausses de paiement, un taux fixe sur une longue durée sera aussi intéressant. C’est d’ailleurs pourquoi Desjardins favorise l’offre de prêts hypothécaires à taux fixe sur 10 ans.
Canada — Au Canada, dans une période où l’inflation est plus élevée, la surperformance attendue de la Bourse de Toronto ne s’est pas concrétisée. Les bons résultats du secteur technologique américain ont plutôt mené à une sous-performance de 50 % en 2024. Les bilans trimestriels positifs indiquent néanmoins que les entreprises du Canada peuvent encore générer de la croissance dans un contexte de ralentissement économique. Cette tendance pourrait se poursuivre tant que les prix des matières premières et les perspectives économiques des États-Unis restent solides.
États-Unis — Alors que l’on avait assisté à un changement de leadership sectoriel plus tôt cette année, on constate une fois de plus que les technologies de l’information, en hausse de 10 %, sont sous les feux de la rampe. Les services publics tirent leur épingle du jeu (+9 %), puisque les investisseurs considèrent qu’ils bénéficieront de l’intelligence artificielle (IA). Celle-ci devrait engendrer une augmentation importante de la consommation énergétique dans les prochaines années et ainsi favoriser les titres de ce secteur.
On avait espoir de voir la présente reprise boursière réduire sa dépendance aux « sept magnifiques », mais la tendance semble s’être arrêtée brusquement. Cette année, les titres technologiques ont ajouté plus de valeur marchande au S&P 500 que tous les autres titres de l’indice réunis. La société Nvidia est responsable à elle seule de 34 % du rendement annuel du S&P 500. Nvidia, Alphabet, Microsoft, Meta et Amazon représentent environ 60 % de la croissance de l’indice de référence. La concentration des performances du marché est également bien démontrée par l’évolution du S&P 500 équipondéré. Malgré une hausse de 2,8 % en mai, celui-ci fait moins bien en 2024 que l’indice classique avec un écart de 51 %, soit le plus grand depuis 2009.
International — Les actions mondiales ont rattrapé la plupart, voire la totalité, de leurs pertes du mois d’avril et ont grimpé grâce à des bénéfices supérieurs aux attentes. Le recul de ces actions en avril n’aura pas duré longtemps, les investisseurs se manifestant régulièrement pour soutenir les indices.
En ce qui concerne l’Europe, les fondamentaux (bénéfices élevés, reprise des données économiques et assouplissement attendu de la politique monétaire) ont propulsé l’indice européen du STOXX 600 à de nouveaux sommets (+4,3 % en mai). Le marché des actions britanniques revient à la mode (+3 % en mai) grâce à ses caractéristiques (valeurs cycliques et biais sur les commodités) et aux faibles valorisations des actions. L’indice britannique FTSE 100 a surpassé le STOXX 600 de 42 % au cours des trois derniers mois, renversant ainsi complètement sa sous-performance du début de l’année.
En 2024, parmi les principaux marchés internationaux, seul l’indice taiwanais fait mieux que le S&P 500 (+2 %). Ce rendement est attribuable à l’amélioration des bénéfices des entreprises, au ralentissement de l’inflation et à l’intérêt marqué pour le boom de l’IA. Le marché américain représente maintenant 70 % de la capitalisation mondiale.
Marché obligataire — Une pression à la hausse était exercée sur les taux depuis le début de l’année, mais la poussière semble à présent retomber. Les surprises économiques sont suffisamment encourageantes pour permettre à la Fed de signaler un assouplissement monétaire, même si la première baisse de taux n’est pas imminente.
Il est psychologiquement difficile pour les investisseurs de voir leur part d’obligations contribuer faiblement au rendement de leur portefeuille, mais la bonne nouvelle est que les revenus fournis par celles-ci ont augmenté dans cet environnement de taux élevés. Le marché obligataire a retrouvé son rôle traditionnel de source de revenus fiables, un élément manquant au cours des 20 dernières années.
Produit de base — La stabilisation de l’activité manufacturière, l’espoir d’une relance de la Chine et les investissements en cours dans les énergies propres et les centres de données d’IA ont tous contribué à la reprise du secteur des métaux en 2024. Les investisseurs prévoient que l’offre minière limitée créera une « pénurie du métal » dès cette année. Dans l’ensemble, la hausse des prix des métaux industriels contraste avec plusieurs autres indicateurs économiques et envoie un signal de résilience pour l’économie mondiale.
Importance de la stratégie d’investissement à long terme — L’histoire nous rappelle une fois de plus que malgré les fluctuations de marché, il est important de prendre du recul, et que pour l’investissement à long terme, il est généralement préférable de conserver ses placements plutôt que d’abandonner. L’environnement financier est toujours parsemé d’embûches, et la personne qui investit doit rester pragmatique et rationnelle. On ne doit pas céder à l’inquiétude ou, pire encore, tomber dans la panique. L’essentiel est de croire en la répartition stratégique d’actifs à laquelle nous avons consacré beaucoup de réflexion et d’efforts. Les investisseurs doivent s’en tenir à leur profil de risque et à leur plan d’action.
Répartition tactique des actifs des portefeuilles en gestion discrétionnaire pris en charge par l’équipe Moreau Bergeron Paré
Nous tenons à vous préciser que la position tactique actuelle de nos portefeuilles se situe tout près des cibles de répartition (en matière de titres à revenu fixe et d’actions) qui sont établies dans notre politique de placement.
Au cours du dernier mois, nous avons vendu les actions de Bank of America et de J.P. Morgan et nous les avons remplacées par un billet à revenu annuel de 10 % sur les sept grandes banques américaines.
Nous avons également pris une position dans le groupe financier Berkshire Hathaway (BRK) du célèbre investisseur Warren Buffett. BRK détient des positions dans Apple, Coca-Cola, Chevron et American Express, ainsi que dans plusieurs entreprises privées. Nous avons aussi ajouté le titre de Cameco Corp., leader mondial dans l’entretien et la mise à niveau des centrales nucléaires. Cameco est également l’un des plus importants producteurs d’uranium au monde.
Sources : Desjardins, Études économiques, Valeurs mobilières Desjardins, BCA Research, MRB Research
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