Lettre financière – Février 2023

L’intelligence artificielle est un vecteur d’innovation et de croissance comme l’ont été le charbon, la métallurgie, la vapeur, la mécanisation, la locomotive, le moteur à combustion, les engrais et l’électricité au fil des époques et des révolutions industrielles. Ces inventions et ces technologies ont permis des avancées significatives, dont l’agriculture et l’industrialisation de masse. Les paysans ont quitté la campagne pour travailler dans les manufactures durant la première révolution industrielle. À partir du 19e siècle, la deuxième révolution a vu apparaître l’extraction du pétrole et du gaz, l’électricité et le moteur à combustion. De nouveaux modèles organisationnels axés sur la productivité ont émergé dans les entreprises. À compter de 1970, l’énergie nucléaire, l’électronique (dont les transistors et les microprocesseurs), la robotisation, la miniaturisation, le micro-ondes, la pilule anticonceptionnelle, l’informatique et Internet ont marqué la troisième révolution industrielle.

La quatrième révolution industrielle repose sur la numérisation de l’information, l’interconnectivité, l’impression 3D, la nanotechnologie, l’information quantique et l’intelligence artificielle. L’automatisation des tâches, la numérisation et l’intégration des solutions technologiques commencent à peine à émerger. L’intelligence artificielle en est à ses tout premiers débuts, et ce que nous pensons connaître et savoir aujourd’hui est possiblement microscopique par rapport à son potentiel. La question n’est pas de savoir si elle va bouleverser le cours de la vie, mais bien comment s’y adapter et baliser sa portée à l’aide de règles d’éthique?

Dans sa gestion de portefeuille, notre équipe porte une attention particulière à ce nouveau marché fort prometteur que représente l’intelligence artificielle. Nous aimons toutefois y participer par l’entremise d’entreprises qui, à première vue, ne sont pas uniquement des entreprises d’intelligence artificielle, mais qui utilisent cette technologie afin d’optimiser leurs activités. Ces entreprises ont recours à l’intelligence artificielle dans leur chaîne d’approvisionnement, leur gestion administrative, la sécurité ou l’optimisation de leurs données. Dans nos portefeuilles gérés se trouvent quelques titres qui participent directement ou profitent indirectement au secteur de l’intelligence artificielle : Microsoft, Alphabet (Google), Salesforce, JP Morgan, Metro, Telus, WSP et UPS. Nous faisons aussi appel au savoir-faire de l’équipe de gestionnaires du Fonds Dynamic Croissance US Power afin de dénicher des entreprises à plus petite capitalisation et moins connues, qui deviendront les chefs de file de l’avenir dans ce secteur de grande croissance.

ÉCONOMIE

CANADA

La Banque du Canada aurait-elle agité le drapeau blanc? Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, et ses collègues ne considèrent plus que l’économie est en surchauffe et ils ont revu à la baisse leurs perspectives de croissance de l’économie et de l’inflation.

Un plus grand nombre de consommateurs réduisent leurs dépenses, tandis que les entreprises prévoient une croissance mitigée des ventes, des intentions d’investissement modestes et des coupures dans les plans d’embauche. Dans ce contexte, la Banque du Canada devrait pouvoir commencer à assouplir sa politique monétaire prochainement, soit en début d’été selon les économistes de Desjardins.

UNIS

Après une période de plusieurs mois durant laquelle les ventes au détail ont eu tendance à produire des résultats supérieurs aux attentes, les données de janvier se sont avérées plutôt décevantes. Les prévisions générales annonçaient une baisse de 0,2 % seulement. Le recul de 0,8 % en janvier et celui de 0,5 % si l’on exclut les automobiles et l’essence sont les plus importants depuis mars 2023.

À première vue, les résultats de janvier pour les ventes au détail et la production manufacturière laissent entrevoir le début possible d’un essoufflement de l’économie américaine. Cela dit, les aléas de la météo rendent plus floue notre lecture de la conjoncture, et il faudra donc attendre un peu afin d’avoir une idée plus claire de la situation économique américaine au cours du premier trimestre de 2024. Quant aux dirigeants de la Réserve fédérale (Fed), ils pourraient voir dans les dernières données certains signes que l’économie n’est pas vraiment en surchauffe malgré la résilience du marché du travail et de l’inflation en janvier.

L’indice américain des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,3 % en janvier, après avoir enregistré deux hausses consécutives de 0,2 % en novembre et en décembre. Si l’on exclut les aliments et l’énergie, la hausse est de 0,4 % en janvier, soit l’augmentation la plus élevée depuis avril 2023. La variation annuelle de l’IPC total a tout de même ralenti de 3,4 % en décembre à 3,1 % en janvier. L’inflation de base est demeurée à 3,9 %. Les résultats de janvier nous rappellent que le chemin vers une inflation stable à 2 % n’est pas sans écueils. La Fed voudra sans doute constater un ralentissement plus important de l’IPC au cours des prochains mois, surtout du côté des services. Il semble de plus en plus évident qu’elle n’annoncera aucune baisse des taux directeurs au cours de ses prochaines réunions de mars et de mai.

EUROPE

L’activité du secteur privé continue de se contracter, et les banques européennes raffermissent les normes de financement pour les entreprises et les consommateurs, ce qui pèse sur l’utilisation du crédit. Cette dynamique corrobore les prévisions selon lesquelles l’économie de la zone euro est confrontée à une récession cette année, et ce, peu après l’avoir évitée de justesse au second semestre de 2023.

L’EMPLOI, INDICATEUR CRUCIAL EN PRÉVISION DES BAISSES DE TAUX

Le taux de chômage est demeuré faible dans toutes les grandes économies. Il s’agit certes d’un indicateur précieux, mais aussi d’une mesure retardataire. Sous la surface, il existe des signes évidents d’affaiblissement de la demande de main-d’œuvre. Aux États-Unis, les offres d’emploi, le taux de démission et le taux d’embauche sont tous en baisse. L’emploi temporaire et le nombre moyen d’heures de travail par semaine suivent la même tendance. Les personnes qui perdent leur emploi commencent à avoir plus de difficulté à en trouver un autre. La plupart des enquêtes de conjoncture indiquent une détérioration de la demande de main-d’œuvre.

Toutes ces données semblent indiquer que la désinflation salariale reste intacte et que le dynamisme du marché de l’emploi s’atténue. La prochaine étape serait de voir un début de hausse des demandes initiales F, demeurées faibles jusqu’à présent. Le taux de chômage suivrait naturellement de près. Étant donné que la plupart des banques centrales ont été prises de court par la forte hausse de l’inflation en 2021-2022, on peut avancer qu’elles opteront pour la prudence en ne réduisant les taux qu’après avoir vu des signes clairs indiquant que l’inflation est maîtrisée ou qu’une récession est imminente.

MARCHÉS BOURSIERS

À l’image de 2023, l’avancée du premier mois de 2024 a été menée par les « sept magnifiques », et cette performance explique la majeure partie des gains du S&P 500, ce qui continue de susciter des inquiétudes quant à l’étroitesse et à la concentration du marché. Cependant, la trajectoire de moindre résistance pour les actions pourrait bien être à la hausse jusqu’à ce que le consommateur se retire, que le marché de l’emploi se replie ou que les résultats financiers ne soient pas au rendez-vous.

.Les valorisations actuelles nous incitent en effet à la prudence. Il reste à savoir si les marchés pourront poursuivre leur ascension en 2024. Plusieurs arguments soutiennent cette hypothèse : l’inflation diminue fortement (pas seulement aux États-Unis, mais partout) et des baisses de taux sont attendues au niveau mondial (un signe positif pour la liquidité); ajoutons à tout cela un peu d’intelligence artificielle, et on pourrait voir le plafond cible du S&P 500 devenir un plancher!

Prudence, toutefois, car les perspectives de bénéfices des entreprises joueront un rôle central. Si la résilience de l’économie américaine se poursuit et que les probabilités d’un atterrissage en douceur s’élèvent, cela s’accompagnerait d’une augmentation des bénéfices attendus, ce qui pourrait soutenir des multiples de plus en plus élevés.

Le marché boursier pourrait continuer son redressement tant que l’économie ne sera pas en récession et que les consommateurs continueront à dépenser, et ce, même si la Fed ne réduit pas immédiatement ses taux. Si les données fondamentales sont présentes, quelque chose de cher peut toujours le devenir davantage. D’un autre côté, le marché des actions est positionné pour voir la concrétisation d’un scénario parfait. Dans un tel contexte, il est plus facile d’être déçu! Il serait donc prudent de conserver un tantinet de sagesse dans notre allocation d’actifs.

Répartition tactique des portefeuilles en gestion discrétionnaires gérés par l’équipe Moreau Bergeron Paré

Nous tenons à vous préciser que le positionnement tactique actuel de nos portefeuilles se situe tout près des cibles établies dans notre politique de placement. Nous avons une légère sous-pondération en actions et nous avons profité des hausses de taux d’intérêt survenues en 2023 pour augmenter notre pourcentage en obligations. Nous détenons un certain niveau de liquidité (10 %) nous permettant de réagir aux fluctuations de marché et d’acquérir des participations dans des entreprises de qualité à meilleur prix.

SURVOL DES TRANSACTIONS EFFECTUÉES AU COURS DU MOIS DE NOVEMBRE

En janvier 2024 nous avons effectué des modifications dans plusieurs de nos portefeuilles. Dans le portefeuille des fonds négociés en bourse (FNB), nous avons favorisé les secteurs défensifs ainsi que les secteurs sensibles aux baisses des taux d’intérêt. Nous avons donc ajouté les secteurs de l’immobilier canadien, des services publics, de la santé, de l’énergie et de la consommation de base américaine.

Du côté des actions, nous avons acquis des parts dans Métro, la Banque TD, la Banque de Nouvelle-Écosse, Boeing et Canadian Tire.

Sources : Desjardins, Études économiques; Valeurs mobilières Desjardins; BCA Research; MRB Research; et Mackenzie Financial.

Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.

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