Depuis le début de l’année 2024, les marchés boursiers ont poursuivi leur excellente performance débutée en novembre de l’année précédente, mais, alors que la majorité des intervenants financiers tablaient sur des baisses de taux d’intérêt, autant aux États-Unis qu’au Canada, ces dernières tardent encore à se concrétiser. Pour permettre des baisses de taux, l’inflation devait rentrer dans le rang et s’approcher de la cible des 2 % établie par les banques centrales. Malheureusement, l’inflation semble s’accrocher à un niveau supérieur, c’est-à-dire à 3 %, ce qui retarde les baisses en question. Cette obstination de l’inflation, jumelée à une économie plus dynamique que prévu, pousse maintenant à la hausse les taux obligataires à 2 ans et à 10 ans. Ce revirement de situation pourrait-il freiner la bonne prestation des marchés boursiers?
CANADA - La Banque du Canada a maintenu son taux directeur, mais exclu toute nouvelle augmentation des taux. Alors que les responsables politiques affirment qu’il est encore trop tôt pour envisager une baisse, l’inflation a ralenti et le relâchement des pressions sur les prix a été relativement généralisé. Néanmoins, le conseil des gouverneurs demeure préoccupé par la persistance de l’inflation dans divers secteurs de l’économie et souhaite que les pressions sur les prix s’atténuent davantage avant de crier victoire.
À cet effet, la croissance économique demeure résiliente en surface, mais on assiste depuis plusieurs mois à un important déclin du produit intérieur brut (PIB) réel par habitant. Certaines tendances inquiétantes sont déjà présentes dans les mesures du crédit des ménages et les données sur l’insolvabilité des entreprises, ce qui signifie qu’il ne sera pas facile d’éviter une contraction de l’économie. Dans l’ensemble, cela met en évidence la nécessité de réduire les taux d’intérêt.
ÉTATS-UNIS - Les économistes sont nettement plus optimistes qu’il y a six mois en ce qui concerne les perspectives économiques. Selon le consensus des économistes, la probabilité d’une récession au cours des 12 prochains mois a reculé à 35 %, soit son niveau le plus bas depuis juillet 2022, contre 55 % en septembre. Les prix continuent toutefois d’augmenter plus rapidement que la normale, ce qui suscite des inquiétudes quant aux risques d’inflation dans un contexte économique résilient. Le marché prédit maintenant deux baisses de taux d’ici la fin 2024 pour la Réserve fédérale américaine (Fed).
EUROPE - La production industrielle de la zone euro s’est effondrée au début de l’année, laissant ainsi présager une croissance pénible de l’économie dans son ensemble au premier trimestre. La Banque centrale européenne a dévoilé des perspectives revues à la baisse pour 2024 et prédit un maintien de la croissance « modérée » pour l’instant.
MARCHÉS FINANCIERS - L’idée d’un atterrissage en douceur a dominé le comportement des marchés financiers en mars, la plupart des principaux actifs risqués mondiaux affichant des rendements supérieurs à la moyenne. Les indices boursiers font bonne figure depuis le début de 2024, grâce à l’effet combiné des données économiques américaines positives, des attentes quant à la réduction des taux d’intérêt de la Fed et de l’optimisme suscité par l’intelligence artificielle (IA). La dynamique est toutefois en train de changer sous la surface de l’indice. La réduction de la concentration des rendements se reflète également dans la performance des secteurs de l’indice S&P 500, puisque l’on assiste à une bifurcation vers des titres prédominants moins concentrés dans le secteur de la technologie. Après avoir connu une contre-performance au cours des mois précédents, les secteurs de l’énergie et des matériaux sont désormais deux des trois secteurs les plus performants au cours du mois de mars.
Le TSX, indice de référence des actions canadiennes, a clôturé à un nouveau record historique, grâce aux actions des banques, à l’augmentation des prix des matières premières et à la reprise du secteur technologique. Le TSX est en hausse alors que la Banque du Canada laisse entrevoir des réductions de taux d’intérêt à venir. Même si le Canada est confronté à des difficultés économiques en ce moment, le secteur des services financiers demeure sain.
Cependant, après avoir atteint son apogée en 2021, la fièvre spéculative semble connaître une nouvelle montée. Elle se caractérise sous différentes formes :
Certaines données suggèrent que nous devrions continuer de faire preuve de prudence, avec un ratio prix/ventes (P/S) élevé. La situation est plus sérieuse pour le secteur technologique. Il est donc encore possible d’imaginer une importante correction si l’IA générative ne se montre pas à la hauteur de l’effet prévu. Toutefois, d’après les données de Bloomberg Intelligence, la hausse fulgurante sur cinq mois des actions américaines a réellement fait grimper les valorisations en flèche, mais de nombreux secteurs du S&P 500 sont encore historiquement bon marché. Huit des onze groupes se négocient à escompte par rapport aux niveaux observés avant la pandémie, tandis que seuls les secteurs de la technologie, des matériaux et de l’industrie se négocient avec une prime. Une proportion similaire d’entreprises, soit 71 %, affichent de multiples cours/bénéfices prévisionnels inférieurs au niveau de l’indice, et près de la moitié sont inférieurs à leur moyenne enregistrée avant la pandémie de COVID.
Marché obligataire - Le moment opportun et le nombre de réductions potentielles de la politique monétaire américaine restent à débattre, car la tendance à la désinflation s’essouffle et la croissance mondiale demeure résistante. Une nouvelle poussée à la hausse des taux obligataires n’est pas à exclure si une expansion économique soutenue se poursuit aux États-Unis et dans le monde. Le président de la Fed, Jerome Powell, n’a guère de raisons pour l’instant d’encourager les discussions sur un assouplissement imminent, le risque réside dans une première baisse possiblement plus tardive. Les investisseurs obligataires qui étaient convaincus que la Fed commencerait à réduire les taux d’intérêt tôt en 2024 se rendent péniblement compte d’une réalité dans le cadre de laquelle les taux pourraient demeurer plus élevés pendant plus longtemps.
Commodités - Le pétrole brut a augmenté de près de 6,3 % depuis le début de l’année, après être sorti de la fourchette étroite dans laquelle il se trouvait au cours des deux premiers mois. La performance de l’or noir surpasse celle de tous les indices boursiers américains. À plus de 83 $ le baril, le pétrole a clôturé près d’un sommet en quatre mois, après que l’Agence internationale de l’énergie a prévu un déficit de l’offre jusqu’en 2024, modifiant sa projection antérieure d’un excédent, à condition que l’OPEP+ maintienne ses réductions de production. Le cartel doit confirmer sa politique de réduction de la production dans un contexte de tensions au Moyen-Orient et en Russie. Selon plusieurs responsables nationaux, les délégués de l’OPEP+ ne voient pas la nécessité de modifier la politique d’approvisionnement, les quotas en place jusqu’en juin ayant démontré leur efficacité jusqu’à présent.
Répartition tactique des portefeuilles en gestion discrétionnaires gérés par l’équipe Moreau Bergeron Paré
Nous tenons à vous préciser que le positionnement tactique actuel de nos portefeuilles se situe tout près des cibles établies dans notre politique de placement. Nous présentons une légère sous-pondération des actions, nous avons profité des hausses de taux d’intérêt survenu en 2023 pour augmenter notre pourcentage en obligations, et nous détenons un certain niveau de liquidité (5 %) nous permettant de réagir aux fluctuations de marché et d’acquérir des participations dans des entreprises de qualité à meilleur prix.
SURVOL DES TRANSACTIONS EFFECTUÉES AU COURS DU MOIS DE NOVEMBRE
Au cours du dernier mois, nous avons procédé à un rééquilibrage général des portefeuilles. Ensuite, nous avons profité de la baisse des titres suivants pour acquérir de nouvelles parts (Apple, Franco Nevada, Palo Alto, United Health ou FNB QQQT). Nous avons déployé du capital afin de positionner la partie actions des portefeuilles tout près des cibles de notre politique de placement. Nous avons ajouté le FNB Vanguard mondial à facteur momentum (VMO) afin de profiter de l’exposition à des chefs de file mondiaux actifs dans différents secteurs de l’économie.
Sources : Desjardins, Études économiques; Valeurs mobilières Desjardins; BCA Reaserch, MRB Research.
Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.