Commentaire financier – Septembre 2023

RETOUR SUR TERRE

L’année 2023 nous a réservé de belles surprises jusqu’à maintenant, notamment avec une reprise des marchés boursiers que peu auraient pu prédire. Cet élan risquait de connaître une pause, et le mois d’août s’est terminé en laissant plusieurs questions en suspens pour l’automne. En début d’année, plusieurs prédisaient une récession imminente. Cette récession ne s’est pas encore matérialisée, même si certains signaux de faiblesses se pointent à l’horizon. Pour l’instant, les marchés semblent vouloir croire au scénario d’atterrissage en douceur de l’économie américaine, attendu pour le printemps prochain. Les plus optimistes croient même à un scénario sans atterrissage du tout — ce qui risquerait cependant de maintenir l’inflation au-delà de la fourchette souhaitée et forcerait la Réserve fédérale américaine (Fed) à maintenir son taux directeur plus haut, mais surtout, plus longtemps.

ACTIONS : En août, le S&P 500 a cédé 1,6 %. Il s’agit de la seconde performance négative seulement depuis le début d’année. Cependant, pour l’investisseur canadien, l’indice phare américain a plutôt dégagé un gain de 1,26 %, alors que le huard a laissé aller quelques plumes! Le mois d’août s’est avéré plus difficile pour l’indice Russell 2000 des petites capitalisations, qui a fléchi de 5,01 %. Plombé par les bourses chinoises et brésiliennes, le MSCI Marchés émergents a perdu 6,14 % le mois dernier. Pour sa part, le TSX canadien a suivi la plupart des bourses avec une perte de 1,37 %. Aux États-Unis, seul le secteur énergétique a terminé le mois en territoire positif avec un gain de 1,81 %. Au Canada, l’énergie a été rejointe en terrain positif par la technologie (0,75 %), la consommation de base (2,46 %) et la santé (0,90 %).

OBLIGATIONS : La possibilité d’un atterrissage en douceur ou même d’une absence d’atterrissage a poussé à nouveau les taux d’intérêt à leurs sommets des douze derniers mois. Tant au Canada qu’aux États-Unis, les taux ont ajouté de cinq à dix points de base sur l’ensemble de la courbe, entraînant un recul de 0,18 % de l’indice obligataire canadien. Le segment à long terme (-1,12 %) a souffert davantage que celui à moyen terme (-0,07 %), tandis que le segment à court terme a encaissé un gain de 0,37 %.

Malgré une inertie et même un recul des prix des obligations en 2023, il faut noter que le coupon d’intérêt des nouvelles obligations émises est maintenant très intéressant. En effet, il servira de protection pour le portefeuille au cours des prochaines années en amoindrissant les chocs du côté des actions. Par exemple, si les taux à 10 ans devaient poursuivre leur ascension vers les 4,50 %, et qu’une récession devait ensuite se produire, on pourrait, selon BCA Research, voir ces taux à 10 ans fondre à 1,5 ou 2,0 %, entraînant un rendement de 20 % pour ces mêmes obligations. En résumé, les obligations sont à leur niveau le plus attrayant depuis les 20 dernières années.

ÉCONOMIE CANADIENNE : Ça commence à ressembler à une récession. Nul besoin que les premiers ministres provinciaux tentent de persuader la Banque du Canada (BdC) de mettre fin à ses hausses de taux. Comme on l’a vu avec les comptes économiques du deuxième trimestre, les données sont suffisamment convaincantes. Non seulement la croissance du PIB a-t-elle été largement en deçà des prévisions de la BdC, mais l’économie a enregistré une contraction de 0,2 % — la deuxième au cours des trois derniers trimestres. Comme si cela n’était pas suffisant, la croissance du premier trimestre a été révisée à la baisse, passant de 3,1 % à 2,6 %. Ironiquement, le consensus prévoyait un résultat de 2,5 % avant cette publication. Il s’agit d’un revirement notable lorsqu’on se souvient que l’apparente robustesse des chiffres du premier trimestre avait été un facteur déterminant motivant la décision de la BdC de reprendre les hausses en juin.

La récession a-t-elle donc commencé? C’est bien possible, car l’estimation préliminaire pour le PIB de juillet oriente la croissance vers un autre résultat négatif au troisième trimestre. Si seulement le PIB avait été la seule mauvaise nouvelle de la semaine! Mais les récents résultats des banques canadiennes ont aussi été décevants. Non seulement les banques augmentent-elles leurs provisions pour pertes de crédit, ce qui les empêche de répondre aux attentes de bénéfices des analystes, mais on constate également que les prêteurs mettent de plus en plus l’accent sur l’optimisation des dépenses.

Le manque d’investissement des entreprises au Canada est encore plus alarmant. L’investissement dans les ouvrages non résidentiels a été porté par les prix élevés des matières premières, mais les dépenses en immobilisations relatives à la machinerie et à l’outillage ont été très faibles. Au lieu d’investir dans des technologies qui améliorent la productivité, les entreprises semblent se tourner vers les travailleurs étrangers pour s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre. Les heures travaillées au Canada ont ainsi augmenté, mais la productivité, elle, a constamment diminué pendant la reprise postpandémique. En effet, les données du T2 2023 publiées plus tôt cette semaine ont démontré que la productivité des entreprises canadiennes est à son niveau le plus faible depuis 2016. Et la situation ne risque pas de s’améliorer de sitôt. Par exemple, la dernière Enquête sur les perspectives des entreprises de la BdC a montré que les intentions d’investissement des entreprises non liées aux ressources naturelles étaient à leur plus bas depuis 2020.

Si l’on se tourne vers l’avenir, la détérioration de la confiance des entreprises porte à croire que les investissements non résidentiels ne sont pas près d’augmenter. La confiance des consommateurs, elle aussi en baisse, semble indiquer que la consommation des ménages connaîtra le même sort. Étant donné qu’une récession pourrait commencer n’importe quand, on s’attend à ce que le PIB réel et la demande intérieure par habitant ralentissent davantage, surtout si les gains de population restent aussi élevés. Même si le déclin de la demande de main-d’œuvre, attribuable au recul des ventes, devrait entraîner un ralentissement des admissions nettes de résidents non permanents, cela ne suffira probablement pas à soulager la morosité du PIB réel par habitant au Canada, bien installée depuis longtemps. Il faudrait pour cela accélérer la productivité au Canada, qui fait cruellement défaut depuis un certain temps déjà et qui ne semble pas sur le point de s’améliorer.

Comme on pouvait s’y attendre, la BdC a laissé le taux des fonds à un jour inchangé le 6 septembre dernier. Dans son communiqué de presse, elle a clairement indiqué qu’elle estime en avoir suffisamment fait pour l’instant. Pour le moment, nous nous attendons à ce que la BdC se tienne à l’écart et surveille l’effet des hausses de taux passées qui continuent de se propager au sein de l’économie. En effet, selon l’équipe de Desjardins, Études économiques, le prochain mouvement de taux serait une réduction et surviendrait au premier semestre de 2024.

ÉCONOMIE AMÉRICAINE : Résilience! Au moment d’écrire ces lignes, nous attendons les plus récentes données sur le PIB américain. Les données sur l’inflation sont également très attendues en amont de la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) prévue le 20 septembre. En août, 187 000 emplois ont été créés; ce gain, le plus élevé depuis le mois de mai, a surpassé les attentes. Toutefois, les révisions des données de juin et de juillet, soit -100 000 emplois au total, viennent mettre un bémol à ce tableau. C’est aussi le troisième mois consécutif où les résultats sont révisés considérablement à la baisse. Cela dit, la situation par secteur continue de refléter un marché du travail vigoureux. Une proportion de 63,8 % des 250 industries répertoriées a enregistré une hausse de leur nombre de travailleurs en août. Fait à noter, le taux de chômage a grimpé à 3,8 % parallèlement à une augmentation du taux de participation. Cela dit, ce ne sont pas des pertes d’emplois qui ont causé cette progression, mais plutôt une vive augmentation de la population active. Le chômage est en hausse, car ceux qui arrivent sur le marché du travail ne se trouvent plus d’emploi aussi rapidement. Si cette tendance se raffermit, cela pourrait aider à diminuer les pressions sur le marché du travail et à appuyer un ralentissement des salaires et de l’inflation.

RÉPARTITION TACTIQUE DES PORTEFEUILLES EN GESTION DISCRÉTIONNAIRE GÉRÉS PAR L’ÉQUIPE MOREAU BERGERON PARÉ

Le positionnement tactique actuel se situe juste au-dessus des limites minimales de détention en actions permises par notre politique de placement. En d’autres termes, nous avons un positionnement relativement prudent et attendons patiemment l’arrivée d’un ralentissement économique. Nous avons les liquidités suffisantes pour revenir avec un pourcentage plus élevé en actions au moment voulu.

SURVOL DES TRANSACTIONS EFFECTUÉES AU COURS DU MOIS D’AOÛT 2023

Afin de profiter de l’excellente performance du marché américain depuis le début de l’année, nous avons transféré début août la position que nous détenions dans le S&P 500 vers sa version équipondérée afin de mieux diversifier le risque. De cette façon, le poids que représentent les 500 entreprises de l’indice est réparti également entre chacune d’elles.

À la fin août, comme le marché se montrait résilient, nous avons pris une position dans l’indice NASDAQ-100 afin d’augmenter notre exposition aux grandes capitalisations technologiques américaines. Même si nous savons que les évaluations sont relativement élevées pour ces entreprises de qualité, celles-ci génèrent d’importants flux de trésorerie et investissent dans les tendances à haute rentabilité telles que l’intelligence artificielle, la robotique et l’infonuagique, ce qui leur servira de tremplin pour accentuer leur dominance au cours des prochaines années.

Sources : Desjardins, Études économiques, Valeurs mobilières Desjardins et BCA Research.

Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.

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