Le Canada devrait connaître une légère récession en 2023.
L’économie mondiale continue de montrer des signes de ralentissement, notamment en Europe où les conséquences de la guerre en Ukraine et de la hausse des prix se font durement sentir. Le produit intérieur brut (PIB) réel britannique a d’ailleurs diminué au deuxième trimestre. L’indice des acheteurs et les indices de confiance ont reculé en zone euro et une contraction de l’activité économique est probable à l’automne ou à l’hiver. En Chine, le rebond de la croissance après les confinements printaniers éprouve des difficultés et il devient de plus en plus évident que ce pays est déjà confronté à une situation qui ressemble à une récession.
Aux États-Unis, le PIB réel a connu deux trimestres consécutifs de décroissance, mais il est difficile de parler de récession alors qu’il s’y est créé 3 296 000 emplois depuis janvier. Les baisses récentes des prix de l’essence et des taux hypothécaires offrent un certain répit. Cependant, on s’attend néanmoins à ce que la croissance demeure très faible pour le reste de 2022 et pour 2023.
À l’instar d’autres grandes banques centrales, la Banque du Canada a haussé les taux d’intérêt de façon agressive dans le but de maîtriser l’inflation. Les secteurs sensibles aux taux d’intérêt ont été particulièrement touchés, notamment le marché de l’habitation. La croissance du PIB réel devrait ralentir et se contracter au premier semestre de 2023. Ce repli de l’activité devrait cependant être de courte durée, étant donné le point de départ très favorable sur le marché du travail et la probabilité que la Banque du Canada commence à réduire les taux d’intérêt au second semestre de 2023.
Au Québec, après un excellent début d’année, les signes d’essoufflement de l’économie s’accumulent. Le marché de l’habitation se détériore rapidement, l’emploi s’est affaibli au cours de l’été, tout comme la confiance des consommateurs et des entreprises. La remontée rapide des taux d’intérêt et la forte inflation nuiront aux dépenses des ménages et aux investissements des entreprises. Les difficultés de l’économie mondiale freineront aussi les exportations. Par conséquent, la croissance du PIB réel sera très faible au cours des prochains trimestres.
Le 7 septembre dernier, la Banque du Canada a augmenté le taux des fonds à un jour de 75 points de base. Le taux directeur atteint donc maintenant 3,25 %, un niveau que nous n’avions pas vu depuis mars 2008 et qui se situe au-dessus de la fourchette estimée du taux neutre nominal (entre 2 % et 3 %). Tout en reconnaissant que l’inflation s’est atténuée en juillet en raison de la baisse des prix de l’essence, « le Conseil de direction juge encore que le taux directeur va devoir augmenter davantage. […] Le Conseil de direction reste déterminé à tenir son engagement à assurer la stabilité des prix et continuera de prendre les mesures nécessaires en vue de l’atteinte de la cible d’inflation de 2 %note de bas de page 1 ». L’inflation globale a peut-être baissé, mais la croissance des prix de base est toujours à la hausse d’après la plupart des mesures. Et plus l’inflation se maintient longtemps bien au-dessus de la cible de 2 %, plus les attentes d’inflation élevée risquent de s’enraciner chez les consommateurs et les entreprises.
Malgré une croissance du PIB réel inférieure aux attentes de la Banque du Canada au deuxième trimestre, l’institution financière soutient que « l’économie canadienne demeure en situation de demande excédentaire et [que] les marchés du travail restent tendusnote de bas de page 2 ». La Banque du Canada affirme qu’un resserrement de la politique monétaire au Canada s’impose pour rapporter la demande plus près du niveau de l’offre. Tout en reconnaissant la faiblesse du marché de l’habitation canadien, elle considère qu’il s’agit d’un recul conforme aux attentes « la période de croissance insoutenable enregistrée durant la pandémienote de bas de page 3 ».
Cette nouvelle hausse de taux musclée s’inscrit dans la ligne narrative de la Banque du Canada, selon laquelle l’inflation est une priorité et qu’elle fera tout en son pouvoir pour la contrôler. Quant aux dommages collatéraux que cela pourrait entraîner, vous n’en trouverez pas mention dans son communiqué de presse du 7 septembre.
Cela dit, les répercussions sur l’économie canadienne commencent à se manifester en grand nombre. Le travail du Conseil de direction va devenir beaucoup plus difficile au cours des prochains trimestres. De toute évidence, la croissance économique ralentit, et le resserrement durable de la politique monétaire ne fera qu’exacerber cette tendance.
De fait, nous nous attendons à ce que l’économie canadienne entre dans une légère récession au premier semestre de 2023, surtout en raison de la correction qui se poursuit sur le marché de l’habitation canadien.
Le scénario de base des Études économiques Desjardins inclut maintenant des contractions de l’activité économique dans certains pays, mais la réalité pourrait s’avérer plus morose avec des récessions plus sévères touchant un plus grand nombre de pays. L’inflation élevée et la hausse des coûts d’emprunt pourraient refroidir davantage les consommateurs et les entreprises. Le Canada est particulièrement à risque d’un ralentissement plus marqué de l’économie mondiale. L’économie européenne semble particulièrement précaire en raison des effets collatéraux de la guerre en Ukraine, notamment la hausse radicale des prix de l’énergie et le risque de pénurie. Même si les prix du pétrole, de certaines denrées alimentaires et d’autres matières premières ont baissé récemment, la guerre en Ukraine reste une source d’incertitude importante dans nos prévisions. Il faudra aussi continuer de surveiller de près la situation en Chine, où la poursuite d’une politique zéro COVID-19 et les fermetures d’entreprises qui en résultent pourraient à nouveau perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales. De plus grandes difficultés économiques pourraient se traduire par une hausse accrue des faillites et une augmentation de la volatilité sur les marchés boursiers.
La première moitié de l’année a été particulièrement douloureuse pour les investisseurs, car les catégories d’actif traditionnelles, comme les actions et les obligations, ont enregistré d’importants reculs, ce qui en fait l’un des pires démarrages pour les portefeuilles équilibrés depuis des décennies. La diversification des portefeuilles est l’un des moyens les plus efficaces pour améliorer le rendement ajusté au risque d’un portefeuille. Elle permet de répartir le risque entre un grand nombre de catégories d’actif et de stratégies non corrélées. Ainsi, lorsqu’un actif inscrit un rendement inférieur, un autre s’en tire mieux et stabilise le portefeuille. Toutefois, la diversification a ses limites. Lorsque la majorité des catégories d’actifs recule ensemble, peu de mesures peuvent être prises pour protéger le portefeuille. C’est essentiellement la situation à laquelle les investisseurs ont été confrontés cette année. L’indice MSCI Monde de tous pays en $ CA a reculé de -20 % depuis le début de l’année, l’indice universel des obligations canadiennes a reculé de -13 %, et les marchandises comme le cuivre et l’or ont reculé de -17 % et de -1 %, respectivement. Seuls les marchés de l’énergie et des marchandises agricoles ont enregistré des rendements positifs cette année.
En juillet, les marchés boursiers ont connu un important redressement à la hausse et le mois d’août s’était bien amorcé. Mais c’était avant que les marchés ne réalisent que les principaux banquiers centraux allaient obstinément faire la lutte à l’inflation coûte que coûte… quitte à infliger des dommages économiques tant aux entreprises qu’aux ménages. Il n’aura fallu que huit minutes du discours de Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), à Jackson Hole pour convaincre quiconque veut l’entendre que la Fed allait poursuivre son cycle de resserrement, tant et aussi longtemps que nécessaire, afin que l’inflation revienne dans sa zone de confort, et que ceux qui anticipaient des baisses de taux dès l’an prochain vivent dans un monde trop optimiste.
Où cela s’arrêtera-t-il? Une bonne nouvelle, c’est que la correction de cette année a grandement contribué à rétablir les valeurs. Les conditions financières se sont considérablement resserrées et ont déjà été prises en compte dans les actifs. Bien que l’incertitude règne quant à l’ampleur du resserrement qui sera nécessaire pour atténuer les pressions inflationnistes, il est probable que la majeure partie du travail a été accomplie.
Même dans un contexte de légère récession, la croissance des bénéfices devrait ralentir à mesure que l’économie ralentit. La baisse des bénéfices des sociétés nuira donc au marché boursier. Selon les prévisions consensuelles des bénéfices, les révisions à la baisse ont été limitées jusqu’à maintenant. Le marché suppose que la croissance des ventes demeurera robuste et que les marges bénéficiaires continueront d’augmenter par rapport à leurs niveaux déjà élevés. Cela pourrait être difficile à réaliser, compte tenu des fortes pressions à la hausse sur les salaires et de la baisse de productivité.
Cependant, comme le S&P 500 et le reste des bourses mondiales ont déjà été corrigés de 20 %, les actions ont déjà, dans une certaine mesure, pris en compte une grande partie des défis auxquels est confrontée l’économie mondiale. À un moment donné, nous pourrions considérer la période actuelle comme étant le creux ou très près du creux. Actuellement, même si le potentiel de rendement est très élevé par rapport au prix dans certains secteurs (notamment les secteurs des finances, de la santé et des technologies), le degré de conviction des investisseurs reste passablement faible. À l’heure actuelle, il faut exercer notre patience et agir avec prudence. Il est donc recommandé de conserver un niveau de liquidité supérieur à la normale afin de profiter d’excellentes occasions pouvant se présenter au cours des prochains mois.
Les perturbations du marché obligataire depuis le début d’année ont amené bon nombre d’investisseurs à abdiquer sur la gestion des titres à revenu fixe (obligations) et à plutôt favoriser l’utilisation de certificats de placements garantis. Comme il a été mentionné par le passé, la plus grande valeur du marché obligataire ne provient pas simplement du rendement courant généré, mais pourrait davantage provenir de la liquidité offerte face à des marchés turbulents. Si une récession devait réellement survenir prochainement, alors les marchés des actions pourraient offrir de nouvelles occasions. Mais pour profiter de celles-ci, il faudra pouvoir compter sur des munitions! C’est-à-dire sur des titres qui pourraient avoir protégé leur valeur tout en demeurant liquides. Les obligations sont alors l’outil tout indiqué pour mettre en œuvre cette stratégie.
Pour obtenir du succès en investissement à long terme, il est capital de pouvoir naviguer au travers de périodes plus houleuses. Les marchés baissiers sont inévitables et font partie d’un cycle complet. À moins de vivre dans une tour de verre, il est certain que nous verrons des marchés baissiers émerger. Ceux-ci ne devraient pas être une surprise. Pour les investisseurs bien diversifiés, les pertes encourues dans un marché baissier devraient s’avérer temporaires. Après tout, le rendement à long terme des actions serait nettement inférieur si ce n’était de l’occasion de déployer davantage de capital lorsque les marchés sont en recul.
Bref, le climat présent est miné de bon nombre d’impondérables. Néanmoins, l’histoire est catégorique sur la nécessité de demeurer investi à long terme. La clé ici demeure de s’en tenir à sa stratégie, de rester près de ses cibles et de se rééquilibrer continuellement. Avoir un léger excédent d’encaisses pourrait même être bien avisé pour quiconque voudrait saisir des occasions lorsqu’elles se présentent.
Sources : Desjardins, Études économiques, Valeurs mobilières Desjardins, Banque du Canada, Gestion d’actif CIBC
En juillet, nous avons profité de la hausse des taux d’intérêt pour faire l’achat d’obligations de société avec des taux de rendement à échéance de 4,73 % (Fédération des caisses Desjardins du Québec) et 5,72 % (Enbridge)
Comme il est extrêmement difficile d’acheter une classe d’actif à son plus creux, notre équipe a décidé de commencer une position dans deux fonds communs de placement de croissance de moyennes capitalisations américaines. Il s’agit du Fonds Croissance américaine Power Dynamique et du Fonds de croissance de petites et moyennes capitalisations américaines Mackenzie. Ce secteur a été fortement touché à la baisse depuis le début 2022 et il offre un potentiel de reprise élevé pour les prochaines années. Votre équipe de gestionnaires prévoit de continuer à faire l’achat de titres à revenu fixe (obligations) très prochainement afin de profiter des occasions de ce secteur créées par la récente hausse des taux d’intérêt.
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