L'invasion de l'Ukraine est l'une des questions les plus vives et les plus débattues à l'heure actuelle. Un drame humain irrationnel pour la nation ukrainienne et un échec pour la démocratie au XXIe siècle. La toile de fond géopolitique est en transformation. Sur le grand échiquier géopolitique mondial, les États-Unis, la Chine et la Russie sont à asseoir leur influence respective sur le monde. Alors que les deux premiers sont des puissances économiques influentes, la Russie réfère à sa capacité nucléaire pour faire revivre sa grandeur d'antan. Aussi bouleversante soit-elle, en investissement, la guerre en Ukraine doit être analysée froidement.
D'emblée, admettons que les réponses à cet énigmatique contexte seront imparfaites et incomplètes, se fondant sur les valeurs de celui qui les posera. Pour maintenir le cap sur les objectifs à long terme, la stratégie d'investissement s'appuie sur des piliers cardinaux : rigueur d'analyse, gestion du risque, diversification, optimisation du rendement ajusté pour le risque et précision d'exécution. Maintenir le cap implique aussi de faire abstraction des manchettes et des émotions.
Les marchés financiers ont projeté que l'invasion de l'Ukraine ne provoquerait pas une guerre mondiale et une récession mondiale mais plutôt, un ralentissement économique. Aussi ciblées soient-elles, les sanctions économiques contre la Russie perturbent néanmoins la chaine d'approvisionnement (dont le pétrole, le gaz naturel, les matériaux, les microprocesseurs…) et font grimper l'inflation.
La politique de tolérance zéro de la Chine au Covid, la guerre en Ukraine, les sanctions économiques contre la Russie, la rareté de certaines composantes électroniques, la capacité de production, de transformation et de livraison des entreprises, la démographie et la pénurie de main-d'œuvre perturbent la chaine d'approvisionnement. Cependant, le capitalisme s'ajustera et permettra d'atteindre une situation d'équilibre naturel entre l'offre et la demande.
Globalement, les perturbations des chaines d'approvisionnement, l'effet de politiques monétaires et budgétaires expansionnistes, la pression des salaires et des prix des ressources feront croître l'inflation au-dessus des cibles des grandes banques centrales en 2022. D'ici l'été, il est même possible que l'effet d'entraînement des sanctions contre la Russie et la poussée du prix des ressources amène l'inflation annuelle à, momentanément, friser les 7 % au Canada et les 10 % aux États-Unis.
Déjà amorcé dans plusieurs pays (dont en Australie, au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni), le cycle de normalisation monétaire s'accélérera dans les prochains mois, surpassant les attentes du marché obligataire. Le Mouvement Desjardins prévoit que le taux directeur de la Banque du Canada se situera à 1,50 % en fin 2022 puis à 2,00 % en fin 2023. La hausse d'un demi-point de pourcentage (0,50 %) en avril le porte actuellement à 1,00 %. À lui seul, le taux d'endettement des ménages invite à une mouvance graduelle du taux directeur canadien.
Inversion de courbe et récession. En moyenne, une inversion des taux entre le terme deux et dix ans a précédé l'amorce d'une récession de 15,9 mois en moyenne, mais une telle inversion ne signifie pas nécessairement qu'une récession soit imminente. La courbe2/10 s'est bel et bien inversée avant la récession de 2007-2009… mais avec 24 mois d'avance. Pourtant, le S&P 500 a continué de progresser plus de 22 mois après l'inversion. Bref, une inversion n'est pas un signal qu'il faille immédiatement liquider ses actifs risqués pour se concentrer dans des obligations gouvernementales de longues échéances. Par ailleurs, en dehors des récessions, il est rare de voir les bénéfices baisser… et il est rare de voir des récessions sans pertes d'emplois. À cet égard, une récession viendra certainement, mais elle n'apparaît toujours pas comme le scénario court terme le plus probable.
À moins que la Fed appuie fermement sur les freins, une récession est improbable sur un horizon de 12 à 18 mois. Le Mouvement Desjardins prévoit une croissance du PIB réel américain de 3 % en 2022 et de 2,4 % en 2023. Pour le Canada les prévisions de croissance du PIB sont de 3,5 % en 2022 puis de 2,5 % en 2023.
Après le premier trimestre de 2022, nous maintenons un biais neutre à l'égard de l'encaisse et des placements alternatifs, une sous-pondération du marché obligataire et une légère surpondération du marché des actions. Bien que ce positionnement puisse sembler plein d'optimisme, il s'agit surtout d'un positionnement relatif alors que plusieurs classes d'actifs sont actuellement dispendieuses et que les aubaines se font rares.
À la lumière des perspectives économiques, la répartition géographique s'articule de la façon suivante :
Compte tenu du cycle économique et du mouvement attendu du marché obligataire, nous maintenons un biais favorable au style valeur et aux secteurs cycliques. Cependant, une fois que l'élan post-covid sera passé, alors que les économies convergeront à nouveau vers leurs rythmes potentiels, soit à des niveaux nettement plus modestes, alors les actions de style croissance pourraient reprendre leur ascendant alors que la croissance se fera plus rare.
Avec un cycle économique qui se prolonge, le contexte devrait s'avérer particulièrement bénéfique pour les secteurs plus cycliques tels que les financières, l'énergie ainsi que les industriels et les matériaux. Nous préférons sous-pondérer les technologies, services publics, immobilier, consommation de base et consommation discrétionnaire. Le secteur des services de communication nous apparaît moins vulnérable que le secteur technologique d'où notre neutralité. Nous favorisons la santé à d'autres secteurs puisqu'elle offre une option défensive de choix.
Après quelques années mouvementées où les rendements réalisés ont excédé les prévisions raisonnables, nos thèmes axés sur la prudence et la gestion réaliste des attentes sont de mise.
Enfin, face à un lot d'incertitudes, l'adoption d'une approche balisée, mesurée et équilibrée est de mise. C'est face à de multiples défis et lors de périodes plus volatiles que la vraie valeur du conseil prend toute sa signification.
Sources : Études Économiques Desjardins + Service Conseil Valeur Mobilières Desjardins
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