Commentaire financier - Mars 2018

« La guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal. »

La volatilité a repris sur les marchés financiers au cours du mois dernier lorsque les craintes de guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine se sont intensifiées. Le président Trump a dénoncé à de nombreuses reprises la position désavantageuse de son pays dans les échanges commerciaux avec la Chine qui découlait de son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En 2001, l’OMC a fait de la Chine son 143e État membre donnant par la même occasion un plus grand accès au marché mondial. Entre 2001 et 2007, le compte courant (le surplus de ses exportations sur ses importations) de son produit intérieur brut est passé de 1,3 % à 9,9 %. C’est également en 2006 que les États-Unis ont engrangé le plus grand déficit à 5,8 % de leur PIB. Par contre, la situation s’est grandement améliorée depuis. En Chine, l’économie est beaucoup moins dépendante des marchés extérieurs alors que la consommation intérieure a pris une plus grande place. Le compte courant représente maintenant 1,40 % du PIB, signe d’une économie mieux balancée. Maintenant que l’économie de la République de Chine est plus mature, des modifications aux barrières en place pour accéder au marché intérieur doivent être effectuées.

C’est dans ce contexte que l’administration Trump a lancé la première pierre le 1er mars dernier, c’est-à-dire un tarif de 25 % sur les importations américaines d’aluminium et de fer en citant des raisons de sécurité nationale. Le département du Commerce a pris soin d’exempter ses principaux alliés, entre autres le Canada et la zone euro. La Chine, qui vient au premier rang des pays producteurs de fer, était donc directement visée par cette mesure. Elle a donc répliqué en imposant des tarifs douaniers sur 3 milliards d’importations américaines. Le 22 mars, les Américains ont par la suite lancé une attaque directe et imposaient des tarifs sur 50 milliards d’importations chinoises, en citant une étude de Robert Lighthizer, représentant américain du département du Commerce, sur les pratiques commerciales déloyales de l’empire du Milieu. Pour une seconde fois, l’administration du président Xi Jinping a offert une réponse modérée en évitant entre autres les tarifs sur le soya, une des principales importations américaines dans son pays.

Malgré toutes les manchettes sur ces mesures, les experts s’entendent pour dire que les taxes imposées ont été modérées, et que les deux gouvernements ont évité d’imposer des mesures draconiennes. Nous sommes très loin des promesses de campagne du candidat Trump qui souhaitait imposer des tarifs de 45 % sur la totalité des importations chinoises. Le pays asiatique importe annuellement 505 milliards de biens aux États-Unis, et une taxe de 25 % sur des importations de 50 milliards équivaut à un tarif global de 2,5 %, ce qui ne devrait pas avoir un grand impact sur l’économie chinoise ou américaine. Toutefois, par ces menaces, le gouvernement américain pourrait utiliser le levier qu’est l’accès à la plus grande économie mondiale pour faire cesser le dumping commercial, le vol de propriété intellectuelle et les manipulations de taux de change que pratique la République de Chine. Nous allons surveiller de près une escalade des tensions entre ces deux pays.

En conclusion, nous sommes persuadés que les deux nations vont trouver un terrain d’entente, car elles sont mutuellement dépendantes l’une de l’autre. Nous ne croyons donc pas que la croissance économique mondiale synchronisée sera stoppée. Les entreprises devraient donc continuer d’engranger des profits records au premier trimestre de 2018. De plus, comme l’a mentionné le secrétaire du trésor Steven Mnuchin : « Soyons très clairs. Nous ne tentons pas d’entrer dans une guerre commerciale ». Espérons que l’ensemble du gouvernement américain partage son opinion.

Impact du scandale sur nos positions dans Facebook

Depuis la mi-mars, le réseau social est pris dans le tourbillon du scandale Cambridge Analytica. Comme il s’agit d’un titre que nous détenons dans certains portefeuilles, nous jugions important de vous résumer les faits ainsi que notre opinion sur le titre, en date du 29 mars.

L’histoire remonte à 2014, au moment où le professeur Aleksandr Kogan a créé un questionnaire dans le but d’établir des profils de personnalité selon l’activité des membres sur Facebook. En dévoilant ainsi volontairement leur information personnelle, 270 000 personnes ont répondu au questionnaire. L’application a collecté les renseignements personnels de leurs relations Facebook, ce qui était à ce moment permis par l’entreprise. Il y a eu infraction lorsque M. Kogan a vendu à Cambridge Analytica, qui a travaillé sur la campagne de M. Trump, les données sur ces 50 millions d’Américains. Lorsque Facebook a eu connaissance de cette transaction, une demande a été faite au professeur et à tous ceux qui avaient obtenu les données de les supprimer, ce qui n’aurait pas été effectué. Depuis, Mark Zuckerberg a modifié la politique de son entreprise obligeant les applications tierces qui voulaient collecter des renseignements personnels à demander un consentement clair aux utilisateurs. Ce scandale ne pourrait donc pas se reproduire aujourd’hui. Par contre, la gestion de crise aurait pu être mieux gérée.

Du point de vue d’un investisseur, que faire alors que le titre se négocie actuellement à près de 160 $? Dans un premier temps, Facebook était déjà consciente des enjeux de sécurité au sujet des données de ses utilisateurs. Elle avait annoncé au troisième trimestre de 2017 son plan de doubler les effectifs de son service de sécurité. Au prix actuel, le ratio cours-bénéfice de l’entreprise est le plus bas de son histoire et se compare avantageusement aux autres grandes entreprises technologiques. Selon une étude de Crédit Suisse publiée le 28 mars, au prix actuel, le marché escompte une croissance des revenus à long terme de 3 %, comparativement à la croissance des dernières années de 40 %. Certains craignent également une réglementation du géant social. Notre opinion est que cet aboutissement créerait des barrières à l’entrée supplémentaires qui rendrait le réseau social difficilement repliable.

En résumé, même si certaines entreprises retiraient leurs publicités de la plateforme, même si certaines fermaient leurs pages ou encore restreignaient l’accès à leurs données personnelles, une forte diminution de croissance est déjà escomptée. Historiquement, lorsque des difficultés ont frappé des entreprises comme Google, Microsoft ou Apple, les diminutions des cours boursiers se sont avérées des occasions d’achat. À la fin de la journée, si on veut continuer d’interagir sur le Web, Facebook demeure la plateforme de référence.

Survol des transactions effectuées au cours du mois de mars 2018

Si vous détenez un compte de gestion discrétionnaire, vous trouverez ci-dessous un résumé des transactions effectuées dans les portefeuilles Prudent, Équilibré conservateur, Équilibré, Croissance modérée et 100 % Actions, au cours du mois de mars 2018.

Le dernier mois ayant été volatile nous avons choisi de conserver nos investissements actuels. Nous serons à l’affut d’opportunités au cours du prochain mois.

Nous vous remercions de la confiance que vous témoignez au Groupe BMPR.

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