À la croisée des chemins pour 2023
Malgré la chute d’une autre banque régionale américaine (First Republic), une inflation toujours au-dessus des cibles des banques centrales, une détérioration des données économiques et une saison des bénéfices au mieux ordinaire, les investisseurs ont démontré des élans de FOMO (fear of missing out) en ne se préoccupant pas des risques au début de 2023. Ajoutons à ce contexte la mésentente politique à Washington sur le relèvement du plafond de la dette et les fissures qui commencent à apparaître dans les intentions d’achat des consommateurs, et nous sommes toujours d’avis que la prudence est de mise dans la gestion de nos placements.
Le comportement des consommateurs nous en dira plus dans les prochains mois sur la direction que prendront les marchés des actions et des obligations.
Actions
Malgré les tensions émanant du secteur bancaire, le S&P 500 a ajouté 1,6 % en avril et affiche une performance de 9,2 % depuis le début de l’année. Pour sa part, le TSX a gagné 2,90 % en avril, portant sa poussée annuelle à 7,60 %. Tous les secteurs ont clôturé le mois en hausse, particulièrement stimulés par les services de communication (6,56 %), les soins de santé (5,68 %) et l’énergie (4,62 %). Étonnamment, depuis le début de l’année, tous les secteurs sont aussi en territoire positif.
Résultats financiers
Au moment où 64 % des entreprises du S&P 500 ont dévoilé leurs résultats, les bénéfices du premier trimestre devraient décliner de 3,2 % malgré une croissance de 2,7 % des revenus. Cela signifie que les marges bénéficiaires subissent des pressions inflationnistes qui ne peuvent être complètement refilées aux consommateurs.
Obligations
La recrudescence des inquiétudes a eu des effets positifs sur le marché obligataire. Après avoir vu les taux osciller à des niveaux très bas au cours des dernières années, plusieurs investisseurs remettaient en doute la capacité de protection du marché obligataire, particulièrement après une année 2022 plutôt difficile. L’indice obligataire canadien affiche un gain de 2,16 %; le segment court terme (1,22 %) a été devancé par le moyen (3,16 %) et le long terme (2,61 %). Depuis le début d’année, le marché obligataire canadien est en hausse de 3,22 %.
La Fed a augmenté à nouveau ses taux de 25 points en mai… est-ce la dernière hausse?
La Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé de 0,25 % le taux d’intérêt cible des fonds fédéraux, qui se situe maintenant dans une fourchette de 5,00 % à 5,25 %. Le resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises devrait peser sur l’activité économique, les embauches et l’inflation. Le cycle de resserrement monétaire semble avoir pris fin avec la hausse décrétée le 3 mai. Il faut maintenant s’attendre à une période de pause qui devrait durer jusqu’à la fin de 2023.
Inflation
L’indice américain des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,4 % en avril, après des hausses de 0,1 % en mars et de 0,4 % en février. Excluant les aliments et l’énergie, l’IPC de base a progressé de 0,4 % en avril, après une augmentation semblable en mars et une hausse de 0,5 % en février. La variation annuelle de l’IPC total poursuit son ralentissement, mais de façon plus modeste, passant de 5,0 % à 4,9 %. L’inflation de base a diminué de 5,6 % à 5,5 %, rejoignant son niveau de février dernier. L’inflation totale continue de ralentir, et cela devrait être encore plus visible au cours des prochains mois. L’inflation de base se montre toutefois persistante et laisse supposer un ancrage qu’il sera difficile de casser. La Fed a ouvert la porte à une pause de son cycle de relèvement des taux, mais l’inflation qui persiste, la robustesse du marché du travail et la ténacité des salaires rendent ce choix hasardeux.
Actuellement, l’économie demeure étonnamment résiliente en raison de la force du secteur des services, mais plusieurs indicateurs pointent vers une contraction du PIB, voire une récession dans les douze prochains mois (graphique suivant). Les problèmes causés par une politique monétaire plus restrictive continuent d’émerger : diminution des valeurs immobilières, accès plus restreint au crédit, fléchissement de la croissance des bénéfices et premiers signes de pertes d’emplois.
Si les données laissent entrevoir un possible ralentissement économique à venir, il est difficile d’envisager comment les bénéfices pourraient continuer à progresser. S’ils ne devaient baisser que d’une dizaine de points de pourcentage, le bénéfice par action du S&P 500 descendrait à près de 200 $, laissant l’indice américain phare à un multiple de plus de 20 fois… loin d’un scénario d’aubaine. Même sans déclin, le S&P 500 s’échange à plus de 18 fois les bénéfices anticipés, ce qui est dans le haut de la fourchette qui prévalait avant la pandémie, alors que les taux d’intérêt étaient aussi nettement plus bas qu’actuellement.
Nous maintenons notre appel à la prudence de même que notre recommandation de sous-pondérer les actions, et nous optons pour un positionnement plus neutre envers les obligations. Si la poussée des actions devait se poursuivre, il pourrait s’avérer judicieux de prendre des profits et de réduire l’exposition aux actions, particulièrement celles à bêta élevé. À l’inverse, si les taux devaient reprendre leur ascension, il pourrait alors être pertinent d’accumuler davantage d’obligations et, éventuellement, de rallonger les durées.
Même si le rendement du S&P 500 paraît, à première vue, fort intéressant depuis janvier 2023, nous vous faisons remarquer que seulement 20 titres sont responsables de 94 % de cette excellente performance. Le tableau suivant en fait la preuve : en date du 20 avril 2023, les 20 actions les plus performantes avaient produit à elles seules 7,08 % du rendement de 7,55 % affiché par le S&P 500. Ainsi, on constate que le reste du marché n’a produit qu’un maigre 0,50 % depuis le début de l’année.
Répartition tactique des portefeuilles en gestion discrétionnaire de l’équipe Moreau Bergeron Paré
Nous tenons à vous préciser que le positionnement tactique actuel se situe aux limites inférieures de détention en actions permises par notre politique de placement. En d’autres termes, nous avons un positionnement défensif et attendons patiemment l’arrivée d’un ralentissement économique. Nous avons les liquidités suffisantes pour nous permettre de revenir avec un pourcentage plus élevé en actions au moment voulu.
Survol des transactions effectuées au cours du mois d’avril
Nous avons diminué au minimum la portion croissance des portefeuilles Équilibré, Croissance et 100 % actions. Pour les portefeuilles Prudent et Conservateur, nous sommes à 10 % et à 20 %, respectivement.
Sources : Desjardins, Études économiques, Valeurs mobilières Desjardins, Bloomberg et BCA Research.
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