« Considérez les fluctuations du marché comme votre ami plutôt que votre ennemi, profitez de la folie plutôt que d'y participer. »
- Warren Buffet
Le pessimisme coule à flots… Nous sommes officiellement entrés en territoire baissier. (Un « Bear Market » est généralement défini comme une baisse de marché supérieure à 20 %.) En effet, l'indice S&P500 a diminué de 24 % de son sommet atteint en janvier dernier. L'angoisse et le pessimisme des investisseurs ont rarement été aussi grands. Impossible de trouver quelqu'un ayant une opinion positive à propos de l'économie ou des marchés financiers dans cet environnement toxique d'inflation élevée, de resserrement des banques centrales et de récession potentiellement imminente.
Cependant, tout n'est pas noir. Les investisseurs ont souvent tendance à amplifier les nouvelles négatives et à oublier les points positifs. Sur la base d'une analyse des données historiques, les preuves nous indiquent de manière écrasante qu'après chaque baisse de marché de plus de 20 %, une reprise est enregistrée et produit d'excellents rendements au cours des trois à cinq années suivantes. En moyenne, le marché gagne 16 % au cours de l'année suivante et 13 % par an au cours des 3 à 5 années ultérieures. Mais attendez, dites-vous… cela ne peut pas être vrai si nous avons une récession. En fait, c'est toujours absolument le cas et la reprise est encore plus forte à la suite d'une récession.
Inflation, hausses de taux et récession… Les taux d'intérêt en Amérique du Nord ont continué d'augmenter, les banques centrales prenant des mesures énergiques pour contenir les pressions inflationnistes. Cette situation pèse déjà lourdement sur le marché de l'habitation. Heureusement, cet ajustement a lieu à un moment où le marché du travail canadien et américain va très bien. Cela devrait contribuer à atténuer le risque d'une récession sévère à court terme. La possibilité d'un resserrement excessif des politiques monétaires est devenue le principal risque pour l'économie mondiale. Dans un contexte d'inflation élevée et de marché du travail tendu, un resserrement agressif de la part de la Réserve fédérale, de la Banque du Canada et des autres banques centrales pourrait faire basculer certaines économies en récession.
C'est particulièrement le cas en Europe, où les prix élevés de l'énergie et les tensions géopolitiques résultant de la guerre ont déjà mis l'économie dans une position précaire. Les pays dont les ménages sont très endettés, comme le Canada et le Royaume Uni, sont d'ailleurs particulièrement vulnérables à la hausse des coûts d'emprunt en raison d'une sensibilité aiguë aux taux d'intérêt. D'un creux de 0,25 %, la Banque du Canada a relevé son taux directeur à 1,50 % au début juin. À sa prochaine rencontre en juillet, les investisseurs prévoient qu'elle le haussera de 0,75 %. En fin d'année, ils s'attendent à ce qu'il atteigne 3,50 %. Une prévision nettement plus élevée que celle du Mouvement Desjardins qui le voit à 2,25 %. L'endettement des ménages, l'inflation et le loyer de l'argent pourraient faire plier l'échine des Canadiens autour des 2,25 %. La Banque du Canada doit rester prudente et se restreindre à appuyer trop lourdement sur le frein monétaire.
Plusieurs d'entre vous se demandent si les marchés peuvent diminuer au-delà de la baisse actuelle s'il survient une récession. Évidemment tout est possible, mais pour que les marchés baissent au-delà des cours actuels, nous devrons faire face à un scénario de grave récession et ce n'est pas ce à quoi les analystes s'attendent actuellement.
Les stratèges de Valeurs mobilières Desjardins ne prévoient pas encore de récession et ont une cible pour la fin 2022 qui s'établit à 4 200 pour le S&P500, soit un rendement espéré de 9,6 % (dividende inclus).
La firme de recherche macro-économique MRB Partners mentionne que les risques de récession sont surestimés. Leur scénario de base étant un ralentissement de milieu de cycle dans lequel les bénéfices mondiaux ne diminueront que modérément au cours des 6 à 12 prochains mois. Dans un tel scénario de légère récession, les bénéfices pourraient fléchir de 10 %, ce qui pourrait engendrer un recul additionnel de marché de 5 % à 7 % sur les cours actuels et un S&P500 à 3 600 dans le pire des cas. Les perspectives économiques de MRB sont relativement constructives et impliquent que le marché des actions est probablement proche d'avoir atteint le creux.
Par contre, une sévère récession ferait diminuer les profits des entreprises de 20 % par rapport aux prévisions de 2023 et ramènerait le S&P500 à un niveau autour de 3 000 points. Notez que ce scénario excessivement pessimiste n'est pas dans les calculs actuellement. Bien au contraire, car la majorité des analystes prévoient toujours des hausses de profit pour la majorité des entreprises. La période des résultats financiers qui débute dans la semaine du 14 juillet devrait nous éclairer de ce côté. Il est encore trop tôt pour avoir l'heure juste à propos d'une éventuelle baisse de rentabilité des entreprises.
Noah Blackstein des fonds Dynamique, gestionnaires de portefeuilles en poste depuis plus de 30 ans, mentionne que ces types de marchés baissiers ne sont jamais faciles ou amusants. Cependant, il mentionne que même si le marché intègre actuellement une probabilité de récession de 85 %, cette dislocation de prix en fonction de la valeur future des entreprises a créé, à son avis, une opportunité d'achat générationnelle incroyable dans le secteur des titres de croissance pour l'investisseur patient ayant un objectif à long terme.
Pour obtenir du succès en investissement à long terme, nous devons être capables de naviguer au travers de périodes plus houleuses. Les marchés baissiers sont inévitables et font partie d'un cycle complet. À moins de vivre dans une tour d'ivoire, il est certain que des marchés baissiers viendront. Ceux-ci ne devraient pas être une surprise. Après tout, le rendement à long terme des actions serait nettement inférieur, si ce n'était de l'opportunité de déployer davantage de capital lorsque les marchés sont en recul.
Stratégies… À l'amorce du troisième trimestre, nous adoptons une surpondération de l'encaisse, une sous-pondération du marché obligataire et une sous-pondération en actions. À la lumière des perspectives économiques, la répartition géographique s'articule de la façon suivante :
Tant que les taux d'intérêt ne se seront pas stabilisés, soit jusqu'à ce que l'inflation amorce un déclin marqué et durable, nous éviterons de chercher à accumuler des titres technologiques et axés sur la croissance même s'ils ont déjà beaucoup reculé et effacé le plus gros de leur écart de valorisation avec le reste du marché. On continue de préférer des secteurs axés sur la valeur et défensifs. Tant qu'une récession est évitée, les banques et assureurs devraient aussi pouvoir tirer leur épingle du jeu, car ils profitent généralement des hausses de taux d'intérêt.
L'objectif de l'équipe de gestionnaires consiste à demeurer prudents tout en diminuant graduellement l'encaisse pour augmenter les actions et les revenus fixes au cours des prochains mois.
Revenus fixes… Le marché obligataire canadien connaît sa pire séquence depuis les années 1980. À la mi-année, l'Indice des obligations universelles FTSE Canada affichait un recul d'environ 14 %. La hausse des taux d'intérêt a poussé à la baisse la valeur marchande des obligations existantes ayant un taux de coupon plus faible que celui du marché actuel. La majeure partie de la poussée des taux provient de l'extrémité courte de la courbe (terme 1 à 3 ans), ce qui a entraîné un aplatissement des courbes de rendement aux États Unis et au Canada.
Malgré les baisses de valeur de la partie obligataire du portefeuille, la bonne nouvelle est que les taux d'intérêt maintenant plus élevés font en sorte que les versements d'intérêt reçus ainsi que les obligations à échéance peuvent enfin être réinvestis à des taux bien supérieurs à ce qui était offert au cours des dix dernières années.
Pour toutes ces raisons, nous croyons que les rendements des portefeuilles devraient s'améliorer au cours des 6 à 12 prochains mois, reflétant initialement des rendements obligataires plus stables et meilleurs, et finalement une meilleure performance des actions. Le défi de l'investissement et des gestionnaires n'est pas d'éviter les tempêtes, mais d'adopter des portefeuilles suffisamment robustes pour permettre de bien les traverser.
Sources : MRB Partners, Fonds d'investissement Dynamique, Études économiques Desjardins, Valeurs mobilières Desjardins
Un rééquilibrage général a été effectué. Aucune transaction particulière au cours des dernières semaines. Cependant, votre équipe de gestionnaires prévoit faire l'achat de titres à revenus fixes (obligations) très prochainement afin de profiter des opportunités de ce secteur amené par la récente hausse des taux d'intérêt.
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