Commentaire financier - Juin 2018

Bilan du premier semestre de 2018

Les investisseurs ont vogué sur un long fleuve tranquille en 2017, alors que la volatilité des marchés boursiers était faible. La première moitié de 2018 a été tout autre : les indices ont été secoués successivement par des craintes liées à l'inflation des salaires, par le resserrement des conditions monétaires et par de nombreux rebondissements géopolitiques, surtout en ce qui concerne les échanges commerciaux. Dans le texte qui suit, nous vous livrons notre vision des 12 à 18 prochains mois.

La toile de fond économique demeure favorable pour les actions, le Fonds monétaire international (FMI) prévoyant que la croissance économique mondiale se situera à 3,90 % pour 2018-2019. La volatilité devrait demeurer présente alors que le cycle économique s'allonge et que l'inflation devrait croître. Globalement, tous les indicateurs envoient encore des signaux positifs pour les 18 prochains mois; nous surveillerons toutefois la courbe de rendement qui, selon Credit Suisse, pourrait s'inverser vers le milieu de 2019 (les taux de deux ans seraient alors plus élevés que les taux américains de 10 ans). Cet indicateur avancé n'a émis qu'un seul faux signal depuis 1960; en moyenne, une inversion de la courbe de rendement est suivie d'une récession 11 mois plus tard.

Marché des actions

Dans ce contexte, nous préférons les actions américaines, car l'économie des États-Unis devrait continuer de surperformer l'ensemble des pays développés. Malgré une forte croissance des bénéfices des sociétés américaines, l'indice S&P  500 n'a progressé que de 1,67 %. Au 30 juin, le ratio cours-bénéfice se situe à 16,74 fois, comparativement à 18,2 fois au 1er janvier dernier; les actions se négocient donc à des évaluations plus raisonnables. Cette évaluation est d'autant plus intéressante que les analystes prévoient une croissance des bénéfices de 20 %, ce qui devrait pousser à la hausse les actions du pays de l'oncle Sam. Les tweets du président Trump et les élections américaines de mi-mandat qui se tiendront en novembre prochain pourraient créer de la volatilité et seront à surveiller.

Au Canada, nous demeurerons prudents, car l'endettement des ménages continue d'augmenter et le prix du pétrole pourrait se stabiliser après avoir fortement progressé depuis son creux. Notre sous-pondération en titres canadiens nous a été profitable, alors que le S&P/TSX n'a généré qu'un maigre 0,42 % depuis le 1er janvier 2018. Le Canada n'est pas en position de force dans les négociations de l'ALENA, car 80 % de nos exportations sont destinés aux États-Unis. Tant qu'une nouvelle entente ne sera pas conclue, l'incertitude agira comme une épée de Damoclès au-dessus du marché boursier.

À notre avis, les marchés internationaux accusent un retard de trois à quatre ans par rapport au cycle économique américain, les ratios cours-bénéfice demeurent en-dessous de leur moyenne et les rendements de dividendes sont intéressants. La sous-représentation des titres technologiques dans l'indice européen peut expliquer sa moins bonne performance vis-à-vis sa contrepartie américaine au cours des six premiers mois de l'année. Cependant, un rendement intéressant est toujours possible. Plusieurs risques géopolitiques seront à surveiller tels le Brexit, la formation du gouvernement italien, le nouveau président espagnol et le gouvernement de coalition en Allemagne (qui semble fragile). Ces risques, combinés à un marché qui dépend des échanges commerciaux mondiaux, font que nous optons pour un optimisme prudent. Du côté de l'Europe, les titres financiers pourraient rebondir et des données économiques meilleures que prévu favoriseraient les actions.

Marché des obligations

Le marché obligataire continue d'évoluer dans sa phase de normalisation. Après avoir augmenté les taux de financement à un jour à deux reprises, la Réserve fédérale américaine pourrait déclarer une à deux autres hausses d'ici la fin de 2018, portant son taux de base à 2,25 %. La Banque du Canada devrait suivre prudemment, alors qu'elle a augmenté ses taux une fois depuis le début de l'année et que nos économistes s'attendent à une seule autre hausse d'ici la fin de 2018. Ce contexte de normalisation de la politique monétaire n'encourage pas la détention d'obligations. Dans ce contexte, nous pouvons choisir parmi beaucoup de produits et de nombreux conseillers augmentent leur contenu en produits structurés (plus risqués), en obligations de sociétés (plus risquées) et en obligations à haut rendement (plus risquées aussi). Selon nous, cette stratégie est périlleuse dans un cycle économique qui s'étire. Nous privilégions plutôt une durée courte en portefeuille et une bonne qualité de crédit. Les obligations constituent la base de votre portefeuille; en cas de turbulence des Bourses, il ne faudrait pas qu'elle s'effondre.

« La guerre, la guerre… C'est pas une raison pour se faire mal ! », prise 2

— Extrait du film La guerre des tuques

Nous sommes toujours d'avis que le président Trump ne voudra pas déclencher une guerre commerciale qui nuirait à l'économie mondiale. Un de nos partenaires, MRB Partners, a publié les résultats d'une recherche très intéressante qui expose trois conclusions possibles aux escarmouches actuelles.

Première conclusion : la rhétorique actuelle sert surtout la campagne électorale de mi-mandat. Le président Trump veut plaire à sa base, chez qui le discours au sujet de l'obtention d'ententes plus justes trouve une certaine résonance. Si les républicains sortent indemnes de cette élection ou renforcent leur position, ce discours pourrait se poursuivre au cours des deux prochaines années en vue de la campagne présidentielle de 2020. Cependant, si les démocrates prenaient du galon, la marge de manœuvre du président serait diminuée.

La deuxième conclusion présume que Donald Trump est fondamentalement protectionniste. Dans ce cas, il pourrait y avoir une escalade des tensions. Le premier effet que MRB Partners prévoit est que le reste du monde voudra compenser l'accès perdu au marché américain en augmentant les échanges commerciaux entre eux; à court terme, cela aura pour effet d'augmenter les coûts et pourrait entraîner une croissance faible, accompagnée d'une forte inflation. À plus long terme, il pourrait y avoir une perte du leadership américain, tant sur le plan économique que politique.

La troisième conclusion soutient que le président, comme il l'a déjà mentionné, veut imposer moins de barrières au commerce mondial. S'il parvient, par ses tactiques de négociations, à faire diminuer les barrières tarifaires ou autres restrictions commerciales, le résultat sera une augmentation significative des échanges commerciaux mondiaux. Il s'agit là de la conclusion la plus avantageuse pour les marchés boursiers.

Comme nous, MRB Partners croit que les escarmouches actuelles n'aboutiront pas à une guerre dont tous les acteurs sortiraient perdants. Cependant, c'est l'un des principaux risques qui guettent la croissance économique et nous suivons la situation de près. Advenant un changement de notre idée principale, nous modifierions les portefeuilles en conséquence.

Survol des transactions effectuées en juin 2018

Si vous détenez un compte de gestion discrétionnaire, vous trouverez ci-dessous un résumé des transactions effectuées dans les portefeuilles Prudent, Équilibré conservateur, Équilibré, Croissance modérée et 100 % Actions au cours du mois de juin 2018.

Nous avons modifié dernièrement notre allocation au secteur des ressources. Désirant diminuer notre exposition au différentiel entre le prix du pétrole brut américain (WTI) et celui du pétrole canadien (WCS), nous avons vendu des positions dans le iShares S&P/TSX composé de l'énergie (XEG), pour acquérir SPDR S&P 500 énergie (XLE), ConocoPhillips (COP-US), Marathon Petroleum (MPC-US) ou Royal Dutch Shell (RDS.A-US), selon les mandats. Dans certains comptes où le XEG a été vendu en totalité, nous avons fait l'acquisition de titres de Suncor (SU) et de Canadian Natural Resources (CNQ). Notre objectif : diminuer notre exposition au titre pétrolier canadien au profit de pétrolière américaine. Nous favorisons également les compagnies qui mènent des activités de raffinage, dont les marges de profit sont moins dépendantes des aléas du prix du brut.

Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.

Haut de page