La plupart des actifs financiers ont connu un très bon début d’année. La diminution des pressions inflationnistes a amené les investisseurs à penser que les banques centrales arrivaient à la fin de leur cycle de resserrement monétaire et que celles-ci pourraient, dès la fin d’année, envisager certains assouplissements. L’anticipation d’un tel pivot s’est également avérée bénéfique pour les actions mondiales, particulièrement les plus cycliques. La météo clémente sur le continent européen a eu un effet non négligeable : celui de réduire considérablement le risque de crise énergétique. La réouverture de l’économie chinoise a aussi insufflé un vent d’optimisme.
Le TSX a dégagé sa meilleure performance mensuelle en plus de deux ans, soit +7,13 % (et sa meilleure performance pour un mois de janvier pour une deuxième fois depuis 1990). Le S&P 500 a ajouté 6,28 % et le Nasdaq a connu son meilleur départ depuis 2001 (+10,73 %). Quant aux actions mondiales, excluant les actions américaines, elles ont eu leur meilleur début d’année jamais enregistré. Voici donc comment se conclut le premier mois de l’année 2023, qui se veut le prolongement de l’optimisme du 4e trimestre 2022.
Le S&P500 a progressé de 6,3 % en janvier et de 14,3 % depuis octobre 2022, alors que l’augmentation du multiple d’évaluation compense les révisions à la baisse des attentes de bénéfices. Quant au style croissance, il a dominé le style valeur (8,3 % vs 5,2 %). Les meilleures performances individuelles ont été réalisées par des titres ayant sévèrement chuté en 2022, ou des titres très sensibles à l’économie, ou encore très spéculatifs et volatils. Bref, bien que ce début d’année soit très encourageant, il faut demeurer sceptique quant aux perspectives fondamentales du marché pour les prochains mois.
Alors que certains investisseurs succombent au FOMO (Fear Of Missing Out), les analystes ne cessent de revoir leurs attentes en matière de bénéfices à la baisse. Bien que le bénéfice par action (BPA) en 2022 pour le S&P 500 puisse atteindre environ 220 $, les attentes pour 2023 sont passées d’un sommet de 252 $ l’été dernier à 225 $ actuellement. Si l’économie américaine devait s’offrir un passage en récession, les bénéfices attendus pourraient à nouveau devoir être réduits ainsi que les évaluations.
L’indice canadien a clôturé le mois de janvier en hausse de 7,41 %, soit sa meilleure performance depuis novembre 2020. L’indice phare canadien a été propulsé par la technologie (19,51 %), les soins de santé (14,58 %) et les matériaux (10,68 %). Tous les secteurs ont terminé en territoire positif.
L’espoir que le cycle de resserrement monétaire soit terminé, ou sur le point de l’être a entraîné des investisseurs à anticiper des baisses de taux dès la mi-année au Canada. Cet optimisme a fait fléchir les taux 10 ans de 3,30 %, le 31 décembre, à 2,92 % le 31 janvier. Cette diminution des taux a ainsi permis à l’indice obligataire canadien d’afficher un gain de 3,09 % en janvier. Le segment court terme (1,36 %) a moins bien fait que le moyen (3,29 %) et le long terme (5,45 %).
S’il est probable que les sommets des données d’inflation aient été observés l’été et l’automne derniers, un retour dans la zone de confort des banquiers centraux n’est pas encore gagné. Bien entendu, le prix de plusieurs biens a commencé à fléchir, tels les cours du bois, du gaz naturel, des conteneurs, des véhicules d’occasion, etc. Cependant, les pressions exercées sur les salaires sont actuellement des plus inquiétantes et méritent une attention toute particulière. Le marché du travail demeure très tendu avec nettement plus de postes affichés que de travailleurs disponibles. Enfin, une économie faisant preuve de plus de résilience pourrait maintenir le marché du travail en surchauffe et miner les efforts afin de ramener l’inflation dans les fourchettes souhaitées. Si l’économie se montre plus résistante, les banquiers centraux risquent de maintenir plus de pression, plus longtemps et, finalement, quand même causer une récession!
Si une récession a généralement été une chose à éviter, elle pourrait aujourd’hui être l’ultime outil dans la lutte à l’inflation et une solution au déséquilibre du marché du travail. Cependant, avec la force des données reçues récemment du côté des nouvelles créations d’emploi et des ventes au détail, personne ne peut affirmer que les économies canadienne et américaine sont actuellement en récession.
Des données économiques plus positives qu’attendu, un ton économique plus optimiste et un rétrécissement des écarts entre les taux américains et ceux du reste du monde ont engendré une certaine faiblesse de la devise américaine. Le déclin du dollar a profité au prix de l’or (qui a aussi profité d’un recul des taux réels) et aux cours des métaux industriels (résultat de l’optimisme lié à la réouverture de l’économie chinoise).
Les perspectives de rentabilité des entreprises sont assombries par l’orientation de l’économie et de la politique monétaire. À travers les époques, une contraction de l’économie a mené à une contraction des bénéfices des entreprises. Alors, un nouveau cycle d’investissement débute généralement après que l’économie a basculé en récession, et non avant.
La bonne tenue des bourses pour amorcer l’année vient tempérer nos appels à la prudence de notre publication du début de l’année. Toutefois, si un passage en récession demeure notre scénario le plus probable, il est difficile d’envisager comment les bénéfices pourraient progresser. À l’inverse, s’ils ne devaient que baisser d’une dizaine de points de pourcentage, le BPA du S&P 500 descendrait à près de 200 $, laissant l’indice phare américain à un multiple de plus de 20 fois, loin d’un scénario d’aubaines…
Si le marché obligataire nous apparaît plus prometteur à court terme, il existe quand même des scénarios où l’inflation pourrait persister plus longtemps et forcerait les banques centrales à en faire davantage. En conséquence, les taux pourraient peut-être ne pas avoir encore touché leur sommet.
Nous conservons notre appel à la prudence et maintenons nos recommandations de sous-pondérer marginalement les actions et les obligations dans les portefeuilles à la faveur d’une surpondération de l’encaisse. Il ne faut pas oublier que cette encaisse rapporte maintenant un taux d’intérêt de plus de 4,80 %, ce qui veut dire que nous sommes bien rémunérés pour attendre le meilleur moment pour surpondérer une classe d’actifs plus que l’autre.
Nos gestionnaires ont profité de ce bon début d’année 2023 du côté des actions pour prendre des profits et diminuer l’allocation en actions des portefeuilles. Actuellement, la partie actions de tous nos portefeuilles se trouve près de la limite inférieure de la cible allouée aux actions. Si les taux d’intérêt du marché poursuivent leur ascension, nos gestionnaires vont profiter de l’occasion pour accumuler davantage d’obligations et allonger la durée des échéances.
Sources : Études économiques Desjardins, Valeurs mobilières Desjardins
Au cours des dernières semaines, nous avons rééquilibré les portefeuilles. Par la suite, nous avons diminué notre position en actions (diminue notre position en technologies à la suite du rebond, diminue notre position dans le secteur de la défense pour tout transformer en liquidité). Nous pensons que nous pourrons réinvestir ces sommes plus tard à un meilleur prix. Nous avons aussi décidé de vendre la position dans le titre de DANC.
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