Pour un second mois consécutif, les investisseurs ont pu composer avec des marchés propulsés par un vent d’optimisme généralisé. Les banques centrales mondiales poursuivent leurs efforts afin de briser le cycle d’inflation actuel, mais ce qui a majoritairement donné le ton est sans nul doute le bruit externe aux données économiques provenant, entre autres, des discours perçus comme « conciliants » (dovish) des banquiers de la Réserve fédérale américaine voulant que le rythme des hausses de taux à venir devrait s’atténuer. Il s’agit là d’un signe probant que nous en sommes dans les dernières séries du cycle actuel de contraction des conditions financières. Le travail n’est pas pour autant terminé, mais il est vrai que les efforts déployés commencent à porter fruit. L’assouplissement plus qu’anticipé des prix à la consommation en novembre en est un bel exemple, ce dernier ayant envoyé une décharge d’optimisme ressentie sur les marchés boursiers mondiaux.
Somme toute, le sentiment de confiance qu’a entraîné la bonne tenue des marchés en novembre est essentiellement attribuable aux attentes précoces quant à un pivot de la Fed, aux signes encourageants de la tendance des prix à la consommation, à la baisse des taux obligataires et à l’optimisme que suscite la réouverture prochaine de l’économie chinoise. Il n’en demeure pas moins que plusieurs vents de front sont toujours omniprésents, surtout en raison de la récession anticipée uniformément par les acteurs de marché. La robustesse des données sur l’emploi semble laisser entrevoir une persistance de l’inflation en ce qui a trait aux services (salaires et habitation), et l’activité manufacturière annonce une contraction économique imminente.
S&P 500 : Le quatrième trimestre de 2022 est actuellement le théâtre d’une fabuleuse performance des actions américaines, ces dernières ayant rebondi de leur creux de la mi-octobre. L’indice phare S&P 500 a conclu le mois de novembre en hausse de 5,59 % (4,78 % en CAD), soit 14,1 % depuis le début du trimestre. Les secteurs financier et cyclique ont surpassé l’indice en novembre avec un rendement de 7,0 % et de 6,3 %, respectivement. Mine de rien, la performance du S&P 500 pour 2022 s’établit à -13,1 %, soit près de la moitié des pertes subies au creux de l’année (-24 %). En revanche, s’attendre à ce que le marché américain poursuive son rythme de croisière actuel signifierait se reposer sur une bonne dose d’espoir plutôt que sur une analyse purement rationnelle. La saison des résultats du troisième trimestre étant déjà derrière nous, les anticipations de bénéfices à venir ont flanché, ce qui vient alimenter le pessimisme des investisseurs déjà fébriles quant aux risques de récession pour 2023.
TSX : L’indice canadien a terminé le mois de novembre en hausse de 5,54 %, portant sa performance à -0,91 % depuis janvier et effaçant presque entièrement ses pertes depuis le début de l’année. La surexposition de l’indice au secteur de l’énergie et sa tangente de style valeur lui ont jusqu’à présent permis de surpasser le S&P 500.
Marché obligataire : Reflétant lui aussi l’optimisme ambiant, le marché obligataire canadien a conclu le mois de novembre à 2,81 %, une performance alimentée par un renversement de la tendance des taux. Les taux à 10 ans ont diminué à 2,94 % après avoir affiché 3,25 % au début du mois. La performance de l’indice obligataire canadien du FTSE s’établit à -10,20 % pour l’année, ce qui en fait le plus important détracteur pour la performance des portefeuilles équilibrés canadiens en 2022.
Devises : Le retour d’un peu d’espoir sur les marchés mondiaux a fait fléchir le dollar américain, qui agissait récemment comme l’ultime valeur refuge. Selon l’indice DXY de Bloomberg, le billet vert s’est déprécié de -5,49 % en novembre par rapport aux devises du G10. Pour sa part, le huard canadien s’est apprécié de 1,56 % comparativement au dollar américain en novembre, s’établissant à 0,745 6 $ à la fin du mois. Pour l’année, le dollar canadien est à la traîne de -5,76 % par rapport à son voisin du Sud. Même si les prix des ressources énergétiques sont bien au-dessus de leurs moyennes historiques, le huard possède peu d’éléments catalyseurs à court terme. Alors que le resserrement monétaire canadien tire à sa fin, celui des États-Unis pourrait se poursuivre plus longtemps, l’économie américaine se montrant plus résiliente. Les économistes de Desjardins anticipent une valeur au pair d’environ 0,72 $ CA/US en fin d’année.
Taux d’intérêt – une pause pour la bdc : Selon les Études économiques de Desjardins, la hausse de taux décrétée par la Banque du Canada le 7 décembre devrait être la dernière du présent cycle de resserrement monétaire. Desjardins prévoit des baisses à compter de la fin de l’année prochaine. Aux États-Unis, on prévoit que la Réserve fédérale haussera encore les taux au premier trimestre de 2023, pour ensuite cesser.
Perspectives : La toile de fond économique est empreinte d’ambiguïté et il est difficile d’établir avec certitude comment les choses évolueront. Le sentiment du marché fluctue entre la peur d’une récession et les anticipations d’un pivot de la Fed dans ses efforts de contraction des mesures financières. Une récession est envisageable, mais le moment précis de son émergence et sa durée sont difficiles à déterminer. Elle semble vouloir se dessiner à court terme. Le présent contexte macroéconomique pointe vers une continuité des turbulences sur les marchés financiers. Les investisseurs devront avoir des attentes de rendement réalistes et se montrer patients afin de pouvoir profiter du rebond des marchés. Même si personne ne peut prédire le moment du revirement des marchés financiers, nous pouvons affirmer avec assurance qu’il y aura un tel revirement. C’est à chacun de s’assurer d’y participer.
Rendements attendus à long terme : En début d’année, nous recommandions de faire preuve d’une grande humilité à l’égard des rendements des dernières années et d’une gestion sereine des attentes à l’égard des rendements futurs. D’abord, la plupart des marchés avaient été plutôt cléments malgré le choc pandémique. Ensuite, le niveau absolu très bas des taux d’intérêt et les multiples d’évaluation des actions supérieurs aux moyennes prépandémiques limitaient les rendements raisonnablement séparables. La situation actuelle est nettement plus prometteuse. Selon une étude récemment publiée par J.P. Morgan Asset Management, les rendements espérés pour les prochaines années sont à un sommet par rapport aux dix dernières années! Malgré toute l’incertitude à court terme, le potentiel pour l’investisseur dont l’horizon est suffisamment lointain s’avère nettement plus attrayant qu’en début d’année!
Bill Miller : « If it’s in the paper, it’s in the price » : Actuellement, tout le monde vous dit qu’il y aura une récession en 2023. Croyez-vous être les seuls à avoir cette information? Les marchés boursiers et obligataires ont déjà tenu compte de cette réalité et elle se reflète dans le prix des actifs en date d’aujourd’hui. Les investisseurs sont extrêmement négatifs, trop négatifs. Ils ne voient que du noir, rien de positif. Notre rôle est de doser l’information, car les années nous ont démontré que ce n’est jamais tout noir, ni tout rose.
L’année 2022 pour le S&P 500 représente la pire performance baissière depuis 1974. C’est l’année ayant enregistré le plus de ventes quotidiennes en près de cinq décennies. Alors, lorsqu’on vous dit qu’un krach va survenir à la bourse… Bank of America Merrill Lynch a révélé que seulement 15 % de ses clients étaient optimistes à l’égard des actions pour 2023 tandis que Goldman Sachs a souligné que les ventes à découvert parmi ses clients ont dépassé les achats longs de 5 contre 1 au cours de la fin de semaine du 9 décembre dernier. Avec un tel degré de pessimisme, la probabilité d’une hausse surprise est maintenant plus élevée que celle d’une baisse surprise.
Compte tenu du niveau élevé d’incertitude macroéconomique mondiale sur le marché, il n’est pas étonnant de constater que la confiance des consommateurs a atteint son plus bas niveau en près de 40 ans. Les investisseurs ont augmenté leurs liquidités à des niveaux jamais vus depuis les creux du marché d’avril 2020. Les craintes découlent du risque de récession et de son impact sur les bénéfices. L’inflation, la Chine, la Russie, la crise financière, les erreurs des banques centrales, la pagaille politique et même les attaques nucléaires sont des sources de préoccupation.
L’histoire a démontré que des niveaux élevés d’incertitude sur le marché créent d’importantes perturbations et offrent des occasions d’investissement attrayantes pour un investisseur patient capable d’avoir une vision à plus long terme. Alors que les craintes de récession et d’inflation restent extrêmement élevées à l’échelle mondiale, des signes précurseurs de baisse des niveaux d’inflation se profilent à l’horizon, et l’économie américaine semble être en meilleure position pour faire face à ces défis que les autres marchés mondiaux. D’ailleurs, aucun de ces risques n’est nouveau pour les entreprises nord-américaines, qui ont réussi à prospérer malgré les défis géopolitiques et économiques des 100 dernières années.
Alors que l’incertitude du marché pourrait persister au cours des prochains mois, des titres à faible valorisation semblent être en vente et leurs niveaux de valorisation les plus bas semblent déjà tenir compte des craintes élevées du marché.
D’ailleurs, j’attire votre attention sur le graphique ci-dessous. Il illustre l’évolution du S&P 500 depuis 1996. Durant cette période, nous avons connu quatre phases de corrections majeures (2000, 2007, 2020 et 2022) et trois récessions (2000, 2007 et 2020). Ce qui n’a pas empêché la bourse (phase américaine) de s’accroître de 960 % (incluant les dividendes) depuis 1996. Son rendement annuel composé (incluant les dividendes) est de 9,17 %. Si l’on en croit les pessimistes, pensez-vous qu’il existe un bon moment pour investir?
Si 26 ans ne sont pas suffisants, considérons que le rendement annuel composé total du S&P 500 est de 10,5 % depuis 1970 et de 11,6 % depuis 1980. Comme stratège d’investissement et gestionnaire de patrimoine, il faut lire et écouter les « pessimistes » et les « optimistes » pour comprendre le spectre des perspectives. Les marchés financiers (devises, bourses, obligations, ressources, etc.) sont vivants, ils sont une représentation collective des perspectives économiques et financières.
Nous connaissons tous le principe voulant qu’il vaut mieux vendre à prix élevé et acheter à bas prix. Cependant, acheter à bas prix lorsque tout le monde nous parle de récession est angoissant. C’est plus rassurant d’acheter à prix élevé lorsque tout le monde nous dit que l’économie va bien. De plus, l’investisseur a été conditionné à croire que les pertes à court terme l’affecteront plus psychologiquement que la satisfaction que procure un gain à long terme. Pour réussir en investissement, il faut être prêts à tolérer un certain degré de volatilité à court terme afin d’obtenir un meilleur rendement à long terme.
Les investisseurs doivent tolérer les marchés baissiers, les récessions et les baisses. Aussi douloureuses soient-elles, ces périodes représentent souvent les meilleures occasions d’achat. Depuis 1939, le S&P 500 a connu 12 baisses de 25 % ou plus.
Après un recul de marché de plus de 25 %, il n’existe aucun précédent qui indique une perte d’argent sur les 3, 5 ou 10 années suivantes. Le marché a enregistré des gains annualisés moyens de 13 à 14 %, soit environ 20 % de plus que la moyenne à long terme de 11 %.
Les meilleurs rendements sont généralement obtenus en faisant quelque chose de différent des autres investisseurs dans les moments difficiles. Actuellement, nous pensons que la possibilité d’éloigner votre horizon de placement générera des rendements plus élevés que la normale à partir d’aujourd’hui.
Dans l’ensemble, nous sommes optimistes quant aux perspectives à long terme. Le marché des actions suscite la peur et les horizons temporels se sont effondrés. Une vision à long terme devrait être payante. Il faudra du temps pour que les fondamentaux se manifestent, mais le passage du temps est garanti.
Nous remercions nos investisseurs pour leur patience pendant cette période plus douloureuse. Nous avons confiance dans notre capacité à générer d’excellents rendements à long terme. Nous ferons de notre mieux pour continuer à le faire.
Nous vous souhaitons de passer un joyeux temps des fêtes avec votre famille.
Sources : Études économiques Desjardins, Valeurs mobilières Desjardins, J.P. Morgan, Bloomberg, Miller Value Partners, Bloomberg.
Survol des transactions effectuées au cours des dernières semaines
Au cours du mois de décembre, vos gestionnaires ont effectué un rééquilibrage global des portefeuilles, et dans certains modèles, nous avons vendu les positions META (Facebook) et CNR (Canadian National Railway). Nous croyons que ces compagnies seront moins performantes à l’aube d’une possible récession.
Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.