Commentaire financier – Décembre 2021

L’année 2022 est à peine commencée que déjà les marchés financiers tentent de se positionner face aux nouvelles réalités économiques. La COVID-19, l’inflation, les taux d’intérêt, l’endettement, la pénurie de main-d’œuvre, le retour ou non au travail, les problèmes de logistique, les prix élevés des ressources dont le pétrole, l’évaluation des actions et des titres à revenu fixe et, bien sûr, la meilleure répartition de portefeuille à adopter sont tous des points auxquels nous devons nous attarder. Je pourrais facilement vous entretenir longuement sur chacun de ces sujets, mais je choisis plutôt aujourd’hui de vous résumer les principaux points tirés du plus récent document trimestriel rédigé par les stratèges financiers du Mouvement Desjardins. 

Débutons d’abord par la politique monétaire. Le désalignement entre l’offre et la demande mondiale, les surplus d’épargne accumulés par les ménages et la force soutenue de l’inflation sont autant de raisons qui ont amené de nombreuses grandes banques centrales à raffermir leurs discours au 4e trimestre de 2021.

Aux États-Unis, la Réserve fédérale américaine (Fed) diminuera plus rapidement ses achats d’obligations au marché pour mettre un terme à ce programme d’ici le printemps et ensuite hausser son taux directeur. À l’instar des investisseurs, le Mouvement Desjardins prévoit trois hausses de taux en 2022; une par trimestre à partir de juin. Ces hausses porteraient le taux directeur à 1 % en fin d’année. L’inflation devrait demeurer élevée au cours des prochains mois, mais devrait revenir à 3 % à l’automne prochain et se rapprocher davantage de 2 % en 2023. (Mouvement Desjardins)

Au Canada, le dynamisme inattendu de l’économie, des dépenses de consommation au 3e trimestre de 2021, la vitalité de l’immobilier résidentiel et la persistance de l’inflation ont amené les investisseurs et la Banque du Canada à se repositionner. À l’opposé des investisseurs qui prévoient cinq hausses du taux directeur en 2022, le Mouvement Desjardins en prévoit seulement deux. Une première hausse de 25 points de base est attendue en avril, l’autre à l’automne; ce qui porterait le taux directeur à 0,75 % en fin d’année.

Les taux d’intérêt à long terme (10 ans) Conformément au scénario économique et financier de référence, les taux d’intérêt augmenteront graduellement en 2022 et en 2023. D’ailleurs, les prévisions du Mouvement Desjardins font évoluer les taux dix ans de 1,60 % en fin de 2021 à 2,40 % en fin de 2022 et à 2,80 % en fin de 2023 aux États-Unis; et de respectivement 1,65 %, 2,30 % et 3,20 % au Canada. Comparativement à d’autres périodes où l’inflation était élevée, les hausses de taux d’intérêt prévues demeurent relativement faibles. Ces prévisions favorisent un positionnement défensif en obligations dans un portefeuille d’investissement adéquatement diversifié. Une sous-pondération de la catégorie d’actifs revenu fixe dans la répartition d’actif et de la durée est recommandée.

Un mot sur les devises. Selon le Mouvement Desjardins, l’évolution des politiques monétaires devrait continuer d’influencer grandement les devises. À très court terme, le dollar canadien pourrait avoir un peu plus de difficulté que ce qui était prévu. Tactiquement, il pourrait évoluer entre 0,80 $ et 0,83 $ US au premier semestre et entre 0,78 $ et 0,82 $ US en fin d’année 2022.

Stratégies d’investissement et attentes relatives au rendement. Les dernières années ont été clémentes. Or, comme les petits caractères le rappellent souvent, le passé n’est pas garant du futur… et les attentes actuelles à l’égard des rendements à venir doivent être gérées avec beaucoup d’attention et d’humilité.

Le premier défi des rendements futurs d’un portefeuille équilibré émane de l’exposition aux obligations. Depuis vingt ans, le taux des obligations dix ans américaines ont maintenu une moyenne de 3,2 %, contre environ 1,6 % actuellement. Au Canada, les mêmes taux sont actuellement de 1,7 % contre une moyenne vingt ans de 2,9 %. Ainsi, toute exposition aux obligations a peu de chance de rivaliser avec le passé. Cela étant dit, ces obligations ont toujours leur place dans le portefeuille. Toutefois, au lieu de contribuer aux rendements courants comme jadis, leur plus grande valeur pourrait désormais se limiter à la protection qu’elles procurent. Pour les actions, le défi provient plutôt de l’évaluation actuelle. Bien qu’il n’y ait pas de relation entre les rendements sur douze mois et les ratios cours-bénéfices, ceux-ci convergent plus l’horizon s’allonge. Sur une période de dix ans, la relation tient très bien : plus on a payé cher au début, moins les rendements sont élevés. Alors que reste-t-il comme solution aux investisseurs? Les marchés financiers offrant peu de magie, l’investisseur est donc réduit à deux options. Premièrement, il peut revoir ses attentes à la baisse. Deuxièmement, il peut s’exposer à des actifs un peu plus risqués. Or, la seconde option est accompagnée d’une augmentation du risque auquel il faudra faire face et pouvoir endurer, particulièrement lors d’un marché baissier. Cependant, un marché baissier n’est pas le scénario envisagé pour l’année 2022.

Répartition d’actifs suggérée. En ce début de 2022, nous maintenons un biais neutre à l’égard de l’encaisse et des placements alternatifs, une sous-pondération du marché obligataire et une légère surpondération du marché des actions. Bien que ce positionnement puisse sembler plein d’optimisme, il s’agit surtout d’un positionnement relatif alors que plusieurs catégories d’actifs sont actuellement dispendieuses et que les aubaines se font rares.

États-Unis : surpondération Malgré les récentes pressions inflationnistes, les sociétés ont su protéger leurs marges bénéficiaires, et une croissance économique soutenue devrait être suffisante pour les maintenir. Nous préconisons un multiple d’évaluation stable à 21 fois les bénéfices. Ainsi, notre cible pour la fin de 2022 s’établit à 5 200, pour un rendement espéré de 11,7 % (dividende inclus). Dans un scénario optimiste, le ratio du S&P 500 pourrait même bondir à 25 fois, ce qui porterait l’indice à plus de 6 200!

Canada : surpondération Nous préconisons un multiple d’évaluation stable à 15,5 fois les bénéfices. Ainsi, notre cible 2022 s’établit à 23 000, pour un rendement espéré de 12,8 % (dividende inclus). Dans un scénario optimiste, le ratio du TSX pourrait même bondir à 18 fois, ce qui porterait l’indice au-dessus des 26 500 points.

Europe, Asie et pays émergents : sous-pondération

Surpondération : financières, énergie, matériaux et industriels. Avec un cycle économique qui se prolonge, le contexte devrait s’avérer particulièrement avantageux pour les secteurs plus cycliques tels que les financières, l’énergie ainsi que les industriels et les matériaux.

Sous-pondération : technologies, services publics, immobilier, consommation de base et consommation discrétionnaire. Alors que le secteur technologique souffre de surévaluations, la consommation de base est confrontée à des comparaisons année sur année très difficiles. En ce qui concerne les secteurs sensibles aux taux d’intérêt tels que les services publics et l’immobilier, la remontée prévue des taux d’intérêt promet de plafonner les rendements de ces secteurs.

Neutre : services de communication et soins de santé. Le secteur des services de communication nous apparaît moins vulnérable que le secteur technologique, d’où notre neutralité. Nous ramenons la santé à la neutralité par préférence à d’autres secteurs, bien que ce secteur demeure une option défensive de choix.

En résumé, nous croyons que les marchés financiers pourraient nous surprendre à la hausse en raison des bonnes prévisions de l’économie mondiale et parce qu’il existe toujours un grand nombre d’investisseurs qui demeurent pessimistes. Nous sommes actuellement prudents mais optimistes pour l’année 2022. Cependant, nous nous attendons à une année beaucoup plus volatile que 2021. Les fluctuations boursières, tant à la hausse qu’à la baisse, devraient survenir plus régulièrement dans cette année de réajustements des taux d’intérêt. En outre, cette volatilité pourrait parfois remettre en question vos valeurs, votre style d’investisseur et votre tolérance au risque. N’ayez crainte, ce sera tout à fait normal. Tous les investisseurs préfèrent les périodes de hausses aux périodes de baisse, d’où l’importance de maintenir votre politique de placement, la bonne répartition d’actif et de continuer d’investir avec un horizon à long terme. Votre équipe de conseillers financiers saura vous conseiller.

Sources : Valeurs mobilières Desjardins, Desjardins, Études économiques

Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.

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