Commentaire financier – Avril 2022

Malgré le sentiment de mauvais temps, le ciel n'est que partiellement nuageux

Bien que les marchés financiers, autant du côté des actions que des obligations, n'aient pas connu les rendements que nous souhaitions en ce début d'année 2022, il y a des raisons de croire que les conditions ne sont pas aussi désastreuses qu'elles le paraissent. Comme personne ne peut prédire l'avenir, il demeure une incertitude complète. Personne ne sait combien de temps durera la guerre en Ukraine ni qu'elle en sera l'issue. Personne ne sait jusqu'où ira l'inflation ni quand elle commencera à se calmer. Personne ne peut prédire si le prix du pétrole restera au-dessus de 100 $ le baril, quand il commencera à baisser ou s'il doublera d'ici la fin de l'année. Personne ne sait avec certitude combien de fois la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada augmenteront les taux et quelles en seront les répercussions sur l'économie. Quelles stratégies devons-nous alors adopter face à autant d'incertitude?

Ce que nous savons, c'est que le marché boursier fonctionne comme une entité de traitement de l'information en temps réel qui intègre en permanence l'évolution des croyances sur l'avenir dans les prix d'aujourd'hui. La valeur de toutes les entreprises du marché reflète les attentes collectives des investisseurs quant à l'avenir des principales variables macro et microéconomiques. Alors que les investisseurs évaluent les probabilités de différents résultats, ils sont confrontés à un changement de régime dans l'économie, les marchés des capitaux et la géopolitique que la plupart n'ont pas vu dans toute leur vie d'investisseur ou de conseiller-gestionnaire.

Au moment d'écrire ces lignes, le marché canadien TSX est en baisse de 4 %. Le S&P 500 en baisse de 18 %, le NASDAQ en baisse de 27 %, les marchés européens en baisse de 19 %, et la moyenne du rendement des obligations canadienne affiche une baisse de 10 %. Avec de tels résultats, on ne peut être surpris d'apprendre que la majorité des investisseurs ont le moral dans les talons. L'inquiétude atteint des niveaux élevés. À la suite de la baisse des marchés, de la hausse des taux d'intérêt, de la baisse des liquidités et de la forte inflation, une tempête de négativité s'est levée. Les craintes de récessions ont explosé, et la confiance des investisseurs a fondu comme neige au soleil.

L'expérience a toujours démontré qu'à long terme, un investisseur rentabilise plus rapidement un achat fait en période de crainte qu'en période d'euphorie puisqu'il a fait l'acquisition d'un actif à meilleur prix. Nous sommes actuellement dans une période favorable aux acheteurs qui recherchent des aubaines.

Lorsque les préoccupations macroéconomiques dominent, cela crée un environnement difficile pour les investisseurs émotifs puisque dans les périodes de risque, les craintes, plutôt que les facteurs fondamentaux, déterminent le prix des actifs. Lorsque les craintes montent, les investisseurs courent vers la certitude et la stabilité. Ils fuient l'incertitude et le désaccord et cherchent à reproduire le comportement de la masse. Bien qu'il puisse être difficile sur le plan comportemental de ne pas être aspiré dans le vortex des soucis, il faut éviter de passer trop de temps à craindre les récessions et se concentrer sur les facteurs fondamentaux.

À la suite de la baisse des multiples d'évaluations des entreprises du marché américain (S&P 500) depuis le début janvier, on peut voir que les multiples P/E sont passés de 21,4 X en janvier 2022 à 16 X à ce jour. C'est donc dire que le prix des actions a baissé de 18 % depuis janvier, mais les multiples P/E ont baissé de 25 % alors que les espérances de profits pour le reste de l'année ont augmenté de 3,3 %. Dans le secteur des technologies, les multiples d'évaluation ont baissé de 36 % pendant que les perspectives de profit ont augmenté de 8 %. Aussi, après une récente correction, les multiples sont revenus près de la moyenne historique des 60 dernières années qui est de 16,9 % (P/E). L'évaluation actuelle nous ramène à la moyenne des 10 dernières années, ce qui est plus justifiable en fonction d'une économie plus axée sur la croissance des technologies.

Compte tenu de la baisse sévère et inégale des cours boursiers des derniers mois, les secteurs et les caractéristiques des portefeuilles ont connu des changements spectaculaires dans leurs valorisations ; certains passant des extrêmes à la normale, et d'autres affichant encore des décotes ou des primes importantes par rapport au marché. En fin de compte, les perturbations du marché réalignent les occasions et nous permettent de négocier des actions déjà en portefeuille à moindre coût ou de faire de nouvelles acquisitions.

De plus, les attentes des bénéfices sont à la hausse et non à la baisse, ce qui rend le scénario d'une récession aux É.-U. moins probable.

Il faut aussi se demander si les profits continueront d'être au rendez-vous dans les prochains mois. À ne regarder que le côté négatif, on peut oublier que l'inflation peut ralentir, que la FED peut devenir moins dynamique et que les entreprises peuvent continuer à faire croître leurs profits. Le graphique suivant nous montre que les profits des entreprises sont toujours moins favorables dans les 6 premiers mois de l'année que lors des 6 derniers. Actuellement, le cycle s'aligne avec la moyenne des 10 dernières années, soit des profits moindres en début d'année et plus élevés en fin d'année. Le marché veut donc avoir plus de visibilité sur la rentabilité des ventes. Nous en saurons plus au cours des 6 prochains mois.

Donc en résumé, les marchés n'ont peut-être pas encore atteint la fin du cycle de réajustement, mais à notre avis, nous avons fait plus de chemin qu'il en reste à faire. On s'attend à ce que les épisodes de volatilité se poursuivent pendant au moins les 2 prochains mois, car les banques centrales vont continuer à retirer la liquidité, l'accès au crédit facile et à hausser les taux à 2 reprises de 0,50 % (2 X 0,50 %). Il est maintenant possible d'ajouter au portefeuille des actions à meilleur prix. Nous croyons qu'une économie vigoureuse qui fonctionne à plein régime, autant au Canada qu'aux États-Unis, peut supporter un certain ralentissement de cadence amorcé par les banques centrales, un niveau d'épargne élevé et un marché de l'emploi solide.

Vos conseillers ont cru nécessaire de conserver des liquidités en portefeuille au premier semestre, et ils auront des occasions de les réinvestir prochainement.

Du côté des revenus fixes, la récente hausse des taux d'intérêt a fait fléchir les prix des obligations. Cela a entraîné des occasions d'achats jamais vues au cours des 10 dernières années. Au cours des prochaines semaines, nous prévoyons également d'utiliser des liquidités pour ajouter au portefeuille des obligations donnant des rendements très intéressants entre 3 % et 4 %.

Si l'on se fie aux périodes passées et si nous évitons une récession aux É.-U. (nous croyons que s'il y a une récession aux É.-U., elle sera de faible amplitude), la baisse boursière actuelle est conforme avec les autres et le plancher devrait être proche (à moins que la guerre et la pandémie poussent l'inflation à un autre niveau). Historiquement, un marché baissier sans récession résulte en une baisse moyenne de 22 % sur une période de 4 mois, le ratio C/B compresse de 28 %, soit de 21,4 x à 14,6 x (23,5 x à 16,8 x en ce moment) et la récupération est complète à l'intérieur de 11 mois). Bien sûr, il est tout à fait possible que la bourse poursuive sa baisse à court terme en raison des ventes émotives, mais en général, les queues de corrections sont rapidement récupérées. En terminant, voici un rappel amical qu'à long terme, la bourse offre un rendement de +/-8 % (pas de 12 ou 15 %). Mais pour obtenir ce rendement, il faut être prêt à accepter 3 x des baisses de 5 % et 1 x des baisses de 10 %. Tous les 6 ans, la bourse baisse de plus de 20 %.

Selon les tendances historiques, vous devez être prêt à accepter des baisses occasionnelles pour faire un rendement à long terme.

Pour obtenir +/- 8 % de rendement par année, il faut accepter :

  • 3 baisses de 5 % par année
  • 1 baisse de 10 % par année
  • 1 baisse de plus de 15 % chaque 3 ans
  • 1 baisse de plus de 20 % chaque 6 ans

La moyenne au bâton (année positive) du S&P 500 depuis 1926 : 73,7%

Survol des transactions effectuées au cours des dernières semaines

Nous croyons nécessaire de conserver des liquidités au portefeuille en première moitié d'année (nous sommes au maximum permis par notre politique de placement et nous aurons des occasions de les réinvestir prochainement).

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