Au 30 avril 2021, la crise sanitaire n’est pas encore terminée, mais les marchés boursiers nord-américains et d’autres marchés mondiaux atteignent des sommets historiques ou s’en approchent. En outre, l’attention commence à se tourner vers les perspectives de retour à la normale plutôt que vers les conséquences de la pandémie de COVID-19. Les banques centrales et les gouvernements ont fourni une aide essentielle depuis le début de la pandémie, sous forme de mesures monétaires et budgétaires ciblées et très efficaces. Cette aide et la mise au point remarquablement rapide de vaccins particulièrement efficaces ont permis aux marchés de résister et à l’économie d’enregistrer une reprise en V. Ajoutons à cela les mesures de confinement qui commencent à être levées dans certaines régions du monde et les marchés de l’emploi qui se redressent progressivement. Les indicateurs économiques laissent entrevoir une forte croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial et les fondamentaux des entreprises sont plus solides que ce que beaucoup prévoyaient.
Les inquiétudes entourant la croissance économique ont subitement fait place à des craintes d’inflation. L’optimisme ambiant et les perspectives de reprise rapide de l’économie risquent de s’accompagner d’une hausse des prix des biens et des services que nous consommons quotidiennement. L’augmentation marquée des dépenses publiques qui a permis à bien des gens de garder la tête hors de l’eau depuis le début de la pandémie a contribué à une forte hausse de la masse monétaire. Dans ce contexte, et compte tenu de la faiblesse prolongée des taux d’intérêt, les marchés se demandent si cela n’est pas le présage de l’émergence d’une inflation incontrôlée.
Ces craintes inflationnistes ont récemment commencé à se répercuter sur les marchés des actions et des titres à revenu fixe : les taux obligataires ont augmenté et les actifs à risque sont devenus plus volatils. L’anxiété engendrée par les risques d’inflation s’est intensifiée et beaucoup s’inquiètent de ce qu’une poussée inattendue des taux et de l’inflation pourrait signifier pour leurs placements et pour les marchés financiers.
Pour le moment, les risques d’inflation galopante sont essentiellement théoriques. Au deuxième trimestre, nous anticipons une forte volatilité de l’IPC global, ce qui risque de prendre certains consommateurs et investisseurs au dépourvu. Il s’agira toutefois essentiellement d’un « effet de base » statistique, puisque les prix actuels seront comparés à ceux, très faibles, du deuxième trimestre de 2020, ce qui aura pour effet de surestimer ponctuellement l’inflation globale. À mesure que cet effet s’estompera, les taux de l’IPC se rapprocheront probablement de 2 % vers la fin de 2021, tant au Canada qu’aux États-Unis.
La dynamique inflationniste à court terme risque certes d’engendrer de la volatilité sur les marchés financiers. La hausse de l’inflation au cours des prochaines années sera essentiellement alimentée par la reprise de la demande globale engendrée par la fin de la pandémie et par la mise en œuvre d’importants programmes de relance budgétaire et de conditions financières favorables.
L’ampleur du chômage pourrait faire baisser les pressions inflationnistes. La récession liée à la COVID-19 a été courte, mais ses répercussions sur le plan de l’emploi ont été beaucoup plus importantes que celles de la crise financière mondiale de 2008; le marché de l’emploi mettra donc du temps à se redresser. En théorie, pour que l’inflation s’accroisse de façon durable, il faudrait que les économies se rapprochent du plein emploi et que les salaires augmentent, ce qui aurait pour effet de faire grimper les prix à la consommation. Ce n’est à notre avis pas pour tout de suite dans la plupart des économies mondiales.
À l’aube du deuxième trimestre de 2021, nous continuons de sous-pondérer les titres à revenu fixe et de surpondérer les actions et les actifs alternatifs, et nous continuerons à apporter les ajustements stratégiques nécessaires à nos prévisions au fur et à mesure que le contexte évoluera.
Les actions risquent certes de connaître certains pics de volatilité au cours des prochains mois, mais rien ne devrait contrecarrer l’amélioration de la situation des entreprises et de l’économie, même si les taux devaient légèrement augmenter. Les baisses intermittentes enregistrées par les actions au cours du trimestre n’ont pas été provoquées par une actualité négative pour l’économie et les entreprises, mais plutôt par une évolution positive des statistiques, qui a engendré des pressions inflationnistes, lesquelles devraient selon nous s’atténuer à moyen terme.
Nous nous attendons à ce que la reprise de l’activité économique prenne de la vitesse tout au long de l’année, sous l’effet combiné de l’accélération des campagnes de vaccination, de la mise en place de conditions financières et monétaires expansionnistes, de la bonne situation financière des ménages et des perspectives de reprise de l’emploi dans les secteurs de l’économie encore durement touchés par la pandémie.
Les actions américaines sont à notre avis correctement valorisées et, dans la mesure où les bénéfices des entreprises dépassent les prévisions et continuent de faire l’objet de révisions à la hausse, cela valide les valorisations actuelles et devrait contribuer à une nouvelle progression des marchés américains. Nous nous attendons à ce que la croissance des bénéfices dépasse les estimations actuelles et préside aux rendements des actions américaines au cours des 12 à 18 prochains mois.
Les fondamentaux de l’économie canadienne continuent de s’améliorer, les activités des entreprises ayant pris de la vitesse au cours de la seconde moitié de l’an dernier et au premier trimestre de 2021. La résilience du marché de l’immobilier résidentiel, la stabilisation de l’emploi et l’amélioration des conditions dans les secteurs de l’énergie, des matériaux et des services financiers devraient permettre aux bénéfices des entreprises canadiennes d’augmenter plus vite que ceux de la plupart des marchés développés et aux actions canadiennes de tirer leur épingle du jeu au cours de l’année.
La reprise des produits de base favorise de nombreuses économies des marchés émergents et internationaux. L’augmentation de la demande en provenance des pays occidentaux se traduit par une hausse des exportations, notamment en Asie-Pacifique. De plus, les marchés émergents et internationaux affichent des évaluations avantageuses et abritent des actifs à rendement plus élevé, comparativement aux marchés où le rendement se fait rare.
En Europe, la croissance restera mise à mal à court terme, les pays de la région devant composer avec une résurgence des cas de COVID-19 et avec une campagne de vaccination plutôt lente. À long terme, la croissance devrait fortement s’accélérer de nouveau vers la fin de l’année et en 2022.
En résumé, nous avons décidé de surpondérer les actions, car la croissance de la rentabilité des sociétés devrait s’accroître de façon marquée en 2021. En cas de perturbations liées à d’éventuels épisodes de volatilité, nous nous efforcerons d’ajuster la pondération des actions afin d’optimiser les occasions de croissance.
Les taux ont augmenté ces derniers mois, en raison des tendances procycliques et des perspectives de reprise marquée des conditions économiques. Bien que la hausse de l’inflation et des taux soit implicite dans le contexte actuel, nous ne prévoyons pas d’augmentation importante des taux de nature à nuire considérablement aux actifs à risque; nous suivons toutefois la situation de près, puisque nous constatons la montée de certaines pressions inflationnistes.
Le déploiement des vaccins contre la COVID-19 est inégal d’une région du monde à l’autre, mais il continue de contribuer au rétablissement de la confiance sur les marchés. Nous nous attendons à ce que la campagne de vaccination gagne en efficacité au cours des prochaines semaines; l’émergence de certains variants représente toutefois toujours un risque modéré pour les marchés.
Nous continuons de sous-pondérer les titres à revenu fixe dans l’ensemble, mais surpondérons les obligations de sociétés de qualité investissement. Les obligations de sociétés offrent des rendements réels positifs et des taux plus avantageux que ceux des obligations d’État, qui continuent d’afficher des taux réels négatifs malgré la récente hausse des taux.
Sources : Gestion de placement TD, Études économiques Desjardins
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