Au grand étonnement de nombreux observateurs, dont nous faisons partie, les taux obligataires à long terme ont continué baisser de façon notable depuis le début de l’été. Le taux des obligations des États-Unis à 10 ans, qui avait atteint 1,75 % à la fin du premier trimestre est même descendu sous la barre des 1,20 % au début du mois d’août. Cette chute spectaculaire est essentiellement imputable à une baisse des taux réels, qui sont retournés à des creux historiques, alors que les attentes en matière d’inflation sont restées les mêmes à peu de choses près. Plusieurs investisseurs semblent penser que la montée actuelle de l’inflation est temporaire et que les politiques monétaires resteront très expansionnistes à moyen terme.
La hausse marquée des cas de COVID-19 liés au variant Delta dans plusieurs pays a probablement aussi entraîné ce recul des taux obligataires quoiqu’elle n’ait pas empêché le maintien de la belle tenue du côté des marchés boursiers et des écarts de crédit de continuer.
Ce regain de confiance du marché obligataire tranche avec l’évolution des discours des banques centrales. Alors que les données sur la croissance et l’inflation demeurent généralement très fortes, ces dernières signalent une plus grande inquiétude concernant l’inflation et un certain empressement à commencer une normalisation des politiques monétaires. La Réserve fédérale (la Fed) a modifié son communiqué en juillet pour reconnaître les progrès vers ses objectifs d’emploi et d’inflation. Lors de la conférence de presse tenue au cours de la rencontre à Jackson Hole le jeudi 26 août, Jerome Powell a déclaré vouloir attendre d’autres améliorations du marché du travail avant d’annoncer un resserrement de la politique quantitative.
De plus en plus de dirigeants de la Fed se disent ainsi ouvertement en faveur d’une réduction rapide des achats d’obligations d’ici la fin de l’année. Cependant, les résultats décevants sur l’emploi publié le 3 septembre nous permettent de croire que M. Powell et la Fed attendront encore un certain temps avant de commencer le retrait des liquidités sur le marché. En d’autres mots, nous croyons que la politique de la banque centrale américaine restera très accommodante pendant quelques mois supplémentaires ce qui devrait être bien accueilli par les marchés boursiers.
Comme prévu, la Banque du Canada (la BdC) a réduit ses achats d’actifs hebdomadaires de 1 G$ lors de sa rencontre de juillet alors que la reprise de l’économie canadienne après la troisième vague semble se confirmer. La BdC a aussi fortement revu à la hausse ses perspectives d’inflation. Elle estime toujours que des facteurs temporaires expliquent la force de l’inflation et que la reprise doit continuer d’être appuyée par des mesures de politique monétaire exceptionnelles. Elle suivra toutefois la situation de près, en particulier l’évolution du marché du travail, pour éviter une véritable surchauffe économique.
Les derniers événements confirment nos attentes selon lesquelles la Fed amorcera un resserrement graduel de sa politique quantitative d’ici la fin de l’année (novembre/décembre) et commencera à relever ses taux directeurs à la fin de 2022. La première hausse des taux directeurs canadiens reste prévue pour octobre 20
Il faut toutefois ne pas oublier que la chute des taux obligataires des derniers mois (de 1,75 % à 1,30 %) ne fait qu’augmenter les risques d’inflation et qu’elle pourrait même forcer les banques centrales à accélérer leur resserrement monétaire pour éviter la surchauffe. C’est pourquoi nous continuons de prévoir une remontée notable des taux obligataires pour les prochains trimestres. Nos prévisions ont tout de même été revues quelque peu à la baisse pour tenir compte de l’évolution récente des marchés obligataires, mais le risque d’un ajustement plus brutal des taux obligataires n’est pas à négliger. Les titres à revenu fixe pourront rapidement devenir le talon d’Achille de la performance globale des portefeuilles.
En conclusion, la réouverture de l’économie mondiale est toujours sur la bonne voie grâce au taux de vaccination contre la COVID-19 qui augmente. Si la hausse de l’inflation est devenue une préoccupation, la flambée des prix semble temporaire pour l’instant. En fin de compte, nous continuons de miser sur le scénario de reprise après pandémie, qui privilégie les actions au détriment des obligations. Il faut continuer de trouver un bon équilibre entre les titres de valeur et de croissance et surtout ne pas sous-estimer le potentiel de reprise du marché des actions internationales. L’Europe et les pays émergents pourraient donner lieu à une surprise favorable en contribuant au rendement global au cours des six prochains mois. Les efforts de vaccination et la réouverture de leurs économies devraient accélérer la croissance économique de la région outre-mer.
Sources : Gestion de placement TD, Desjardins, Études économiques
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