La semaine a été riche en rebondissements et le plus important d’entre eux avait à voir avec la pandémie. Depuis près de deux ans, la COVID‑19 tient en haleine l’économie mondiale et les marchés financiers. Malheureusement, les dernières nouvelles sont plutôt mauvaises. Les infections sont à nouveau en hausse en Europe, où l’Allemagne enregistre un nombre record de cas. La chancelière Angela Merkel a déclaré à son parti que les hôpitaux pourraient bientôt être débordés et a appelé à des restrictions sanitaires plus strictes. L’Autriche a commencé lundi un nouveau confinement national qui durera au moins 20 jours, tandis que le nouveau variant découvert en Afrique du Sud a causé la consternation. En outre, sa « constellation très inhabituelle de mutations » fait craindre à certains scientifiques qu’il puisse échapper à l’immunité.
Même si l’économie mondiale a connu une reprise vigoureuse cette année, nous avons maintenu que l’apparition d’un nouveau variant dangereux constituait l’un des plus importants risques à nos prévisions. Le pire scénario serait une souche résistante aux vaccins actuels. L’économie a résisté à la vague Delta en grande partie parce que les vaccins demeuraient efficaces. On devra garder un œil attentif sur ce variant, d’autant plus que la plupart des pays ont levé leurs mesures de santé publique les plus sévères.
Un autre développement important concerne la politique monétaire américaine. Dans le compte rendu de la réunion de la Réserve fédérale (Fed) du 3 novembre publié mercredi, le ton des délibérations sur l’accélération de la réduction des taux d’intérêt a été quelque peu surprenant. Parmi les principaux extraits : « Divers participants ont noté que le Comité devrait être prêt à ajuster le rythme des achats d’actifs et à relever la fourchette cible du taux des fonds fédéraux plus tôt que les participants ne le prévoient actuellement si l’inflation continue de dépasser les niveaux compatibles avec les objectifs du Comité. » Cette déclaration fait écho à des commentaires similaires faits par des responsables de haut niveau tels que Richard Clarida et Christopher Waller. Il est clair que la pression augmente, alors que l’inflation continue de dépasser les attentes.
Par ailleurs, les marchés ont interprété cette semaine la reconduction du président de la Fed, Jerome Powell, pour un nouveau mandat de quatre ans, comme un résultat hawkish. En matière de politique monétaire, nous avons toujours estimé que les différences perçues entre Jerome Powell et Lael Brainard, gouverneure à la Fed, étaient exagérées. Jerome Powell a été tout sauf un hawk au cours des trois dernières années. Et si Lael Brainard a longtemps exprimé sa préférence pour la maximisation du plein emploi, dans le cadre du double mandat de la Fed, elle ne s’est pas non plus opposée à la récente décision de commencer à réduire les achats d’actifs, même si la reprise du marché du travail reste incomplète. Dans l’ensemble, alors que le risque d’une réduction plus rapide semble avoir augmenté en raison de l’inflation, les développements de la COVID‑19 plaident autrement et, en l’état actuel des choses, nous maintenons notre hypothèse d’une première hausse des taux directeurs en juin 2022.
Plus près de nous, les inondations en Colombie‑Britannique sont restées à l’ordre du jour cette semaine, et nous prévoyons maintenant une contraction du PIB canadien d’environ 0,5 % en novembre. Comme nous l’avons évoqué la semaine dernière, nous pensons que les efforts de récupération, de nettoyage et de reconstruction permettront au PIB de rebondir, d’environ 0,8 % en décembre. Cela porterait la croissance du PIB réel au quatrième trimestre aux alentours de 2 %, ce qui est proche de ce que nous anticipons également pour le troisième trimestre. Il y a quelques mois à peine, il y avait un fort consensus autour de l’idée que le second semestre de 2021 serait robuste, étant caractérisé par la réouverture suivant les confinements du printemps. Au lieu de cela, le Canada a dû faire face à de nombreux obstacles, de la vague de COVID‑19 aux arrêts de production dans les usines automobiles, en passant par les feux de forêt, les inondations et, maintenant, la menace d’une nouvelle vague de COVID‑19.
Une chose qui n’a pas changé : le niveau élevé d’endettement. Le sous-gouverneur de la Banque du Canada (BdC), Paul Beaudry, l’a rappelé lors de son discours du 23 novembre. Dans les dernières années, la BdC faisait de tels avertissements mais dans un contexte où sa marge de manœuvre était limitée par une inflation faible et persistante. Ce n’est visiblement plus le cas maintenant. Cela ne veut pas dire qu’il serait judicieux pour la BdC de procéder à un resserrement agressif. Le niveau élevé de la dette et les prix élevés de l’immobilier feront toujours de la normalisation un exercice délicat pour la BdC. Mais en entamant le processus un peu plus tôt que prévu, elle peut contribuer à maintenir l’immobilier résidentiel sur une trajectoire d’atterrissage en douceur tout en s’assurant que les attentes d’inflation à long terme restent aussi bien orientées qu’elles l’ont été jusqu’à présent.
Par Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège
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