Comme au Canada et ailleurs dans le monde, les mesures sanitaires prises pour affronter la première vague de COVID‑19, au printemps 2020, ont provoqué une chute sans précédent de l’activité économique. Le choc initial a été particulièrement abrupt au Québec puisque la période de « Grand Confinement » a rapidement entraîné une fermeture prolongée de toutes les activités non essentielles, y compris l’arrêt partiel de la construction résidentielle. L’an dernier, le PIB réel du Québec a ainsi chuté de 21,9 % entre le sommet de février et le creux d’avril. C’est davantage que le recul de 16,7 % dans le reste du pays et que celui de 17,7 % à l’échelle canadienne.
Malgré cet électrochoc, l’économie québécoise a remonté la pente plus rapidement. Dès mars 2021, le PIB réel a rejoint son niveau prépandémique, avant même l’assouplissement graduel des mesures sanitaires à compter de mai. Peu d’économies industrialisées ont terminé la phase de récupération jusqu’à maintenant. Parmi les pays du G20, les États‑Unis, la Corée du Sud, l’Australie, la Chine, la Turquie et la Russie ont toutefois réussi selon les données du deuxième trimestre de 2021. Au Canada et en Ontario, la reprise complète de l’activité économique tarde encore à se confirmer. Le Québec s’avère par conséquent en avance par rapport à ses voisins immédiats, et ce, pour différentes raisons.
La grande diversification industrielle du Québec ainsi que le poids relativement important des secteurs qui se sont relevés rapidement du choc de la pandémie ont fait la différence. La forte demande mondiale pour les ressources naturelles s’est avérée un atout majeur pour l’économie du Québec. Les secteurs des mines, de la métallurgie, de la forêt et de l’énergie ont été très sollicités. Selon notre étude, le poids des ressources naturelles dans le PIB se chiffrait à 10,1 % en 2020. Celles-ci occupaient aussi une part importante des emplois, des investissements et, surtout, des exportations internationales de la province. Tous ces éléments ont accéléré le rétablissement de l’économie du Québec, lui permettant de devancer le reste du pays, qui a été plus affecté par les problèmes mondiaux de l’industrie automobile.
La pandémie a toutefois durement affecté l’industrie aéronautique, qui, à l’échelle canadienne, est concentrée au Québec. Sa production a chuté de 15,0 % en 2020 dans la province et devrait baisser de 6,5 % cette année d’après notre analyse. Le PIB de la fabrication aérospatiale compte pour environ 10 % du secteur manufacturier au Québec, mais celui-ci est bien diversifié parmi les autres industries. Malgré ce coup dur, la production de l’ensemble du secteur manufacturier a presque complètement remonté la pente au Québec.
Le Canada tire un peu de l’arrière sur ce plan. Le rétablissement de l’industrie pétrolière qui a tardé et les difficultés d’approvisionnement dans le secteur automobile affectent davantage certaines provinces, dont l’Ontario et l’Alberta. Le PIB réel de l’Ontario a même subi une rechute, de l’ordre de 3,0 % à rythme annualisé, au deuxième trimestre de 2021. Voilà qui tranche avec la croissance économique de 3,4 % au Québec le printemps dernier. En excluant le Québec et l’Ontario, le PIB réel des autres provinces aurait diminué d’environ 1,6 % au deuxième trimestre. Bien qu’un rebond soit attendu, cela a retardé la récupération complète de l’économie canadienne. La troisième vague au printemps, qui a été moins prononcée au Québec que dans certaines provinces, s’est aussi reflétée sur les résultats du deuxième trimestre.
Le Québec n’est pas à l’abri de certains soubresauts, comme l’a rappelé la baisse de 0,7 % du PIB réel en juillet. La période postrécupération est d’ailleurs cahoteuse depuis le printemps. Toutefois, la plus grande diversification de l’économie québécoise devrait continuer d’être à son avantage dans l’immédiat. Le Québec est même en voie d’enregistrer la plus forte progression du PIB réel parmi les provinces canadiennes cette année. La croissance économique québécoise s’essoufflera au cours des trimestres à venir puisque le rattrapage est terminé.
Par Hélène Bégin, économiste principale
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