La rencontre de juin de la Réserve fédérale (Fed) a été suivie de quelques séances difficiles pour les places boursières. Pour certains, l’adoption d’un ton plus optimiste par la Fed sonnait la fin de la récréation pour les marchés financiers et l’amorce d’une nouvelle tendance plus favorable aux obligations qu’aux actifs plus risqués. Nous ne partageons pas cette vision et ces inquiétudes initiales semblent déjà s’être amoindries alors que les Bourses ont rebondi cette semaine.
Il n’y a aucun doute que les banques centrales, la Fed en tête, ont joué un rôle déterminant pour aider les places boursières à rebondir rapidement l’an dernier, après la chute initiale causée par la pandémie. En abaissant leurs taux directeurs au niveau plancher, en injectant massivement des liquidités et même en acceptant d’acheter des actifs plus risqués, les banques centrales ont rapidement réussi à dissiper les craintes d’une crise financière majeure et à redonner confiance aux investisseurs. Le maintien de conditions financières très favorables et le soutien sans précédent des gouvernements ont également joué un rôle déterminant pour limiter les conséquences financières néfastes de la crise, dont les faillites, et ramener rapidement une demande très forte pour les biens et les services qui pouvaient continuer d’être consommés malgré les mesures sanitaires.
Après une chute spectaculaire au printemps 2020, les profits des entreprises ont ainsi rebondi rapidement au point où les bénéfices des entreprises qui composent le S&P 500 ont fracassé leurs anciens records au premier trimestre de 2021. Ces excellents résultats s’appuient sur une remontée des ventes des entreprises près des niveaux prépandémiques ainsi que sur des marges bénéficiaires très élevées. Mieux encore, l’embellie est généralisée alors que presque tous les secteurs enregistrent des bénéfices supérieurs à ceux observés avant la pandémie. Les résultats des entreprises sont aussi très encourageants au Canada, et les perspectives de profits des analystes ont également bondi à un nouveau sommet pour le S&P/TSX.
Les perspectives économiques très robustes laissent entrevoir que les ventes des entreprises devraient continuer de progresser rapidement au cours des prochains trimestres. Le maintien de marges bénéficiaires très élevées risque d’être davantage un défi pour les entreprises face à l’augmentation des coûts des intrants et aux pénuries de plus en plus généralisées de main-d’œuvre. Il faudra surveiller à quel point les entreprises seront en mesure de transmettre les augmentations de leurs coûts de production à leurs clients, ce qui aura des effets importants sur l’évolution de l’inflation. Un défi supplémentaire pour la Bourse américaine est que les mesures d’évaluation semblent étirées après un gain de plus de 30 % pour le S&P 500 depuis la fin 2019, ce qui limite son potentiel de gain à court terme. D’un point de vue relatif, la Bourse canadienne paraît en meilleure position alors que son niveau ne semble pas déjà refléter autant les perspectives favorables pour l’économie et les profits.
L’évolution des Bourses est toujours difficile à prévoir et des corrections temporaires sont possibles à tout moment. Il reste que, comme pour l’économie en général, la situation des entreprises s’est grandement améliorée au cours des derniers trimestres et que les perspectives semblent actuellement très favorables. Une normalisation graduelle des politiques monétaires, comme signalé par la Fed la semaine dernière, semble ainsi tout à fait appropriée et ne représente pas un obstacle à une poursuite de la tendance haussière des principaux indices. Étant donné le rôle central que joue la Fed sur les marchés, l’évolution de son discours pourrait toutefois encore entraîner des périodes de volatilité importante.
Par Mathieu D’Anjou, CFA, économiste en chef adjoint
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