Les dernières séances ont continué d’être mouvementées sur les marchés financiers. En début de semaine, les craintes concernant le géant chinois Evergrande Real Estate Group et la nervosité à l’approche de la rencontre de la Réserve fédérale (Fed) ont fait lourdement chuter les places boursières, mais un rebond tout aussi spectaculaire a suivi à partir de mercredi. Cette remontée des Bourses s’est aussi accompagnée d’une augmentation notable des taux obligataires. Les prochaines semaines pourraient demeurer volatiles alors que la situation en Chine reste préoccupante et que les délais seront très serrés pour que l’administration américaine évite un shutdown du gouvernement fédéral et réussisse à suspendre à nouveau le plafond de la dette.
Au-delà des événements ponctuels qui influencent actuellement les marchés, on peut se demander s’il ne serait pas normal que la période de gains presque ininterrompus des places boursières observés depuis avril 2020 fasse progressivement place à des mouvements un peu plus saccadés et imprévisibles qui ressemblent davantage à l’évolution traditionnelle des indices.
Il est important de se rappeler que la poussée actuelle des Bourses a été précédée d’une correction particulièrement brutale lorsque la pandémie a éclaté l’an dernier. Une décision clé des banques centrales, la Fed en tête, a été de tout faire pour éviter une véritable crise financière en injectant massivement des liquidités et, même, en achetant des titres relativement risqués comme des obligations corporatives. Même si ces achats d’actifs plus risqués ont été limités, le message était clair que les banques centrales étaient prêtes à jouer le rôle d’un acheteur de derniers recours pour assurer le bon fonctionnement des marchés financiers. Les banques centrales voyaient le maintien de conditions financières favorables comme essentiel pour assurer une reprise vigoureuse de l’économie et limiter les risques baissiers sur l’inflation.
Ces actions des banques centrales ont été très efficaces et ont grandement contribué à la reprise spectaculaire de l’activité économique et des marchés financiers qui a suivi le choc initial de la COVID‑19. L’engagement ferme des banques centrales à maintenir des conditions financières très favorables, combiné au soutien sans précédent des politiques budgétaires, a permis aux marchés de traverser presque sans broncher les vagues subséquentes de la crise sanitaire. Ces facteurs ont aussi grandement aidé les entreprises à traverser la crise et ont fait rapidement rebondir leur profitabilité.
Les actions des banques centrales et des gouvernements ont été tellement efficaces que les craintes de dépression économique ont rapidement disparu pour faire graduellement place à des craintes de surchauffe. Même si elle reflète en bonne partie des facteurs temporaires, la poussée de l’inflation a dépassé toutes les attentes et les risques haussiers dominent maintenant dans un contexte marqué par d’importantes contraintes d’offre et des pénuries de main-d’œuvre. La poussée spectaculaire des prix des actifs financiers et immobiliers a également ramené à l’avant-plan des préoccupations concernant la stabilité financière. Dans ce contexte, les banques centrales ont dû rapidement ajuster leur discours et, dans plusieurs cas, elles ont déjà amorcé une normalisation de leur politique monétaire. Même la Fed a clairement indiqué cette semaine qu’elle commencerait bientôt à diminuer ses achats d’actifs et ses dirigeants signalent qu’un relèvement assez rapide des taux directeurs sera probablement nécessaire.
Pour les banques centrales, on peut penser que le maintien de conditions financières favorables demeurera une préoccupation importante au cours des prochains trimestres. Toutefois, cette préoccupation doit maintenant être balancée avec celles concernant l’inflation et la stabilité financière. La fonction de réaction des banques centrales est ainsi en train de devenir plus complexe et les investisseurs doivent être conscients qu’ils ne peuvent plus compter sur un soutien aussi absolu des banques centrales. Cela pourrait ramener une certaine volatilité. À court terme, le risque d’une importante correction boursière nous semble tout de même assez limité étant donné le contexte économique et financier. Le marché obligataire, qui a semblé ignorer jusqu’à tout récemment l’évolution des discours des banques centrales, nous paraît toutefois vulnérable.
Par Mathieu D’Anjou, CFA, directeur et économiste en chef adjoint
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