À l’aube du quatrième trimestre, le rendement des bourses nord-américaines n’a pas été aussi vigoureux depuis 1997, ce qui constitue un réel contraste avec la période plus difficile connue sur les marchés il y a un an. Certains se rappelleront la forte volatilité ayant frappé les places boursières en octobre et décembre 2018. Depuis le début de l’année, la progression des principaux indices boursiers aura été accompagnée de gains dans les marchandises et les obligations. La progression simultanée des actions (risque) et des obligations (prudence) témoigne de l’incertitude des investisseurs à l’égard de l’économie mondiale, de la dispute commerciale sino-américaine et des prochaines mesures à être déployées par la Réserve fédérale.
Sur un fonds d’optimisme, le marché du travail, qui ne cesse de surprendre, nous ramène à la base. Élément essentiel à la santé économique d’une nation, le travailleur canadien, tout comme son compatriote américain, trouve son compte. Encore une fois, les sceptiques ont été confondus par le dynamisme du marché du travail canadien. Alors que les prévisionnistes signalaient un gain d’à peine 7 500 emplois pour septembre, les résultats démontrèrent un résultat encore plus surprenant à 53 700 emplois créés. Depuis 12 mois, le Canada a ajouté 456 000 emplois à son palmarès. Il faut remonter à 2002 pour retrouver un tel niveau de croissance. Facile de comprendre que le taux de chômage tourne aujourd’hui autour de 5,5 % pour l’ensemble du Canada, un creux inégalé depuis 40 ans. La croissance des salaires avoisine pour sa part les 4,3 %. Tout un casse-tête pour les entreprises canadiennes en quête de nouvelles ressources humaines pour s’adapter à la croissance de leurs activités.
Le troisième trimestre a donc débuté sur les chapeaux de roue sur fond d’anticipation d’une première baisse du taux directeur américain en près de 10 ans. Cette montée fut par la suite ralentie dès le mois d’août par l’intensification des tensions sino-américaines, alimentées par un conflit commercial toujours présent. Timidement, la reprise s’est matérialisée peu à peu en septembre, au gré des espoirs d’un apaisement du conflit. Quelques évènements, en particulier la saga du Brexit, les attaques contre les installations pétrolières saoudiennes ainsi que les craintes liées à l’inversion de la courbe des taux, ont ajouté à la pression du moment. Ces évènements ont ébranlé la conviction des investisseurs. On peut donc facilement comprendre qu’à la fin septembre, la proportion des investisseurs se disant favorables pour les six prochains mois a chuté à son plus faible niveau depuis cinq ans.
De notre côté, notre positionnement demeure le même. À moins d’une baisse subite de la confiance des ménages ou encore d’un dérapage dans les discussions entourant les tensions commerciales entre nos voisins du sud et l’empire du Milieu, une récession en Amérique du Nord est improbable d’ici les 12 à 18 prochains mois.
Les lecteurs plus assidus de notre lettre trimestrielle auront sans doute remarqué, avec surprise d’ailleurs, que le nom d’un très controversé président n’a pas encore été évoqué. À ceux et celles qui n’ont plus la force d’entendre le nom de celui-ci, prière de nous excuser. Une lettre financière, écrite sur fond d’analyse macro-économique, ne peut aujourd’hui être complète sans mentionner l’implication de celui qui siège à la Maison-Blanche. Historiquement exclue du cadre analytique, la politique est pour l’heure une variable incontournable.
Celui dont nous tentons de taire le nom depuis les premières lignes de cette lettre a, depuis son élection en 2016, envoyé plus de 14 000 tweets. Selon trois des plus importantes institutions financières américaines (Bank of America, Merill Lynch et J.P Morgan), les journées où le nombre de tweets du président dépasse la moyenne journalière de 10 sont négatives pour les marchés boursiers.
Et si la Chine souhaitait la réélection de Trump?
À moins d’avis contraire, nous croyons toujours que Trump porte l’ambition d’être réélu dès novembre 2020. Nous sommes toutefois d’avis que l’étau se resserre de plus en plus sur le président. La récente procédure de destitution en cours pourrait-elle se matérialiser? Pourrions-nous en arriver à un point où le principal intéressé choisit de quitter par lui-même en échange d’un pardon inconditionnel? Nous accordons une probabilité (bien que faible) à ce scénario. Entre-temps par contre, nous croyons que Trump adoptera un ton de plus en plus propice à sa réélection (au moment d’écrire ces lignes, nous étions toujours en attente des grandes lignes de l’accord partiel entre Pékin et Washington). Comme le président américain n’a cessé de répéter que son baromètre à succès est le S&P 500, il devra éviter de causer des mouvements erratiques durables et néfastes pour son économie. Dans un tel contexte, nous tablons depuis plusieurs trimestres sur un règlement avec ses homologues chinois.
Nous devons comprendre que Trump et son homologue XI Jinping partagent certains points d’intérêt. Pendant que l’un souhaite renouveler son siège à la Maison-Blanche, le second voudra en 2021 célébrer la grandeur de la Chine (100e anniversaire du Parti communiste et 110e anniversaire de la Révolution culturelle) et s’implanter comme une superpuissance sur l’échiquier mondial. Trouver une entente avec Trump demeure une évidence selon nous. Avoir à négocier le tout avec Joe Biden ou encore Elisabeth Warren pourrait être chose tout aussi compliquée considérant leur position sur l’environnement, les droits de la personne et les normes du travail.
Malgré tout ce que nous pouvons lire ou tenter de prédire, il vient un temps où notre vision et notre stratégie peuvent et doivent diverger. Est-ce la sagesse nous rappelant qu’il ne faut jamais rien tenir pour acquis? Si nous croyons que les risques de récession demeurent faibles et du coup que les marchés boursiers ont encore beaucoup à offrir, nous continuons à croire à l’importance d’ajouter une composante plus défensive à nos portefeuilles. Nous continuons de réduire au minimum la pondération des titres à revenu fixe, et ce, principalement pour tous nos clients ayant une tolérance aux risques de bonne à moyenne. Nous savons pertinemment qu’à long terme, la composante « croissance » d’un portefeuille (c’est-à-dire la portion investie en actions) produira des rendements supérieurs au volet à revenu fixe (obligations, certificats de placement garanti, débentures, etc.). Par contre, il est de notre avis que seul l’investisseur peut déterminer ce que signifie « long terme » pour lui. Il ne faut pas tenir compte des émotions en prenant des décisions d’investissement, mais il faut absolument en tenir compte lorsque nous évaluons les besoins et le comportement des gens qui nous confie leurs avoirs. Nous ne croyons pas en une recette unique. À nous de trouver la chaise qui vous convient et de nous assurer que vous y êtes confortable, beau temps mauvais temps.
Encore merci pour la confiance que vous témoignez à l’égard de notre équipe.
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