Depuis 2014, nous publions notre lettre financière trimestrielle. Sans trop savoir l’impact que cette publication aurait auprès de nos clients et lecteurs, nous avons essayé différentes formes et offert un contenu parfois plus technique, parfois plus léger. Notre clientèle compte des lecteurs plus assidus, d’autres qui le sont moins et d’autres encore pour qui cette publication ne présente pas le moindre intérêt, ce que nous respectons totalement. L’une de nos convictions premières au sein du Groupe Gingras-Barrette demeure la communication. Dans un tel contexte, nous jugeons donc opportun de maintenir cette publication. À nous de rendre le tout intéressant, pratique et informatif.
Une question très simple
Rappelons-nous la situation il y a 10 ans. En mars 2009, les marchés nord-américains touchaient un creux, au pire moment du mouvement de panique suscité par la crise financière de 2008. Même si le temps passe, la plupart des investisseurs présents sur les marchés à cette époque gardent en mémoire une période riche en émotions. Pour un conseiller en placement, cette crise valut bien plus que les trois, quatre ou sept années passées à l’université. Quelle formation ce fut ! Chez les investisseurs, cette crise a laissé des séquelles. Au fil des années, les épisodes de volatilité ont ravivé des craintes chez certaines personnes, alors que pour d’autres, ils ont constitué des occasions d’achat, voire des portes d’entrée intéressantes. D’ailleurs, on nous pose souvent la question suivante : Pourquoi ne vendez-vous pas l’ensemble des placements quand vous voyez que le marché commence à descendre ou à se corriger ? En pareilles circonstances, il faut d’abord analyser les retombées sur le plan fiscal. De plus, vendre des actifs entraîne des coûts. Au-delà même de ces aspects, il y a un point encore plus important : selon une étude réalisée par le professeur H. Nejat Syhun, de l’Université du Michigan, environ 90 % du rendement absolu est généré pendant à peu près 10 % des journées de négociations boursières. (Source : Stock Market Extremes and Portfolio Performance)
En d’autres termes, la majorité des fortes fluctuations boursières, à la hausse ou à la baisse, se concentrent sur de très courtes périodes. Il faut donc comprendre que la « synchronisation des marchés » (market timing) est un jeu lourd de conséquences, comme le montre le graphique ci-dessous. Autrement dit, être absent des marchés lors des journées de rebond peut être très coûteux. Le risque à long terme ne réside pas dans le fait de subir des pertes journalières, mais bien dans celui de manquer les journées haussières. Voilà un autre constat qui souligne l’importance de se concentrer sur le rendement à long terme et d’éviter de trop écouter les bruits à court terme.
Encore une fois, nous nous permettons de remettre ce concept à l’avant-plan. Combien de discussions avons-nous eues à ce sujet entre octobre et décembre!. Les questionnements étaient nombreux et pertinents. Était-ce le début d’une correction plus prolongée ? Nous avions alors une conviction profonde : dans un contexte de plein-emploi (ce qui est encore d’actualité), de faibles taux d’intérêt et surtout de profitabilité record pour les entreprises américaines, le recul en cours était amplifié par les craintes d’une escalade des tensions commerciales entre l’administration Trump et la Chine. À moins de deux ans des prochaines élections, il était difficile de concevoir un tel dérapage, qui risquerait d’entraîner des pressions économiques lourdes de conséquences et de réduire les chances de Trump d’être réélu.
Un peu de données économiques, maintenant…
Après avoir traversé une fin d’année 2018 tumultueuse, voilà que la raison reprend le dessus. Après tout, le recul subi au dernier trimestre de 2018 était surtout attribuable à l’inquiétude collective (tensions commerciales, ralentissement économique, hausse des taux, etc.) plutôt qu’à une véritable « cassure » de l’économie. Ironiquement, les principaux facteurs des mouvements de marchés subsistent, mais sont perçus fort différemment. Les tensions entre Américains et Chinois persistent, mais le ton est beaucoup moins provocateur, en grande partie grâce à la Réserve fédérale américaine et à sa contrepartie canadienne, la Banque du Canada. En effet, après avoir tenu un discours plus agressif au sujet de leur politique monétaire, voilà que les deux banques centrales ont fait un virage en U digne des meilleurs pilotes automobiles. Ainsi, le message lancé en 2018 laissant présager une remontée des taux directeurs (qui aurait entraîné une hausse des taux d’intérêt) est d’ores et déjà chose du passé. Si bien que l’idée d’une baisse est même revenue dans l’actualité. Pour certains, ce changement de cap pourrait être le présage à davantage de gains sur les marchés. Le tableau suivant illustre les cinq derniers épisodes où des replis de marché ont engendré un changement de ton de la part de la Fed.
Pour d’autres, ce changement de cap des banques centrales à l’égard du resserrement de leur politique monétaire doit être perçu comme une invitation à la prudence. De plus, pour la première fois depuis 2007, nous assistons à une inversion de la courbe des tauxnote de bas de page 1 .
Notre positionnement
Au début de 2019, nous avons annoncé nos couleurs : selon nous, les rendements cette année devraient être positifs et s’accompagner de périodes de remise en question. Nous croyons certainement en la prudence et en l’importance d’être actifs dans la gestion de nos encaisses. Les changements apportés seront toujours de nature à sécuriser davantage notre positionnement. Dans un contexte où notre stratégie serait – à tort – trop prudente, il se peut que notre performance soit plus modeste que celle de certains indices boursiers plus audacieux. Toutefois, nous vous rappelons qu’en gestion de portefeuille, deux concepts fondamentaux demeurent : une gestion efficace des risques et la capacité de bien se positionner dans le cycle économique en cours. Ces deux points importants nous confortent dans notre positionnement.
Non, nous ne liquiderons pas la totalité de nos placements en cas de recul des marchés, voire de récession. Pas plus que nous n’investirons aveuglément en cas d’exubérance des marchés.
Un alpiniste qui tente l’ascension d’un sommet prestigieux doit parfois surmonter des embûches. Cependant, en regardant vers l’avant, il sait exactement où se trouve le plus haut point. Après l’avoir atteint, voyant qu’il n’y a rien de plus élevé aux alentours, il peut confirmer qu’il se trouve au sommet et profiter du moment. Pour l’investisseur qui tente l’ascension des marchés, la situation est bien différente, car seule une descente (recul) peut lui confirmer que le point atteint avant était un sommet, ne lui laissant donc aucune chance de savourer ce moment. L’investisseur doit donc accepter d’atteindre plusieurs sommets successifs séparés par des périodes de recul. Et aussi, que la patience demeure son plus grand atout.
Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.