Lettre financière — Hiver 2021

La lumière au bout du tunnel est une bulle éclatante

Enfin l’année 2020 est finie, mais 2021 ne s’annonce guère bien différente. Nous sommes toujours en confinement et le nombre de cas de COVID-19 peine à diminuer. Nous sommes tous nostalgiques du temps où l’on pouvait se réunir, aller travailler au bureau et voir des amis et notre parenté.

La pandémie a complètement bouleversé notre monde et nos habitudes. En l’espace de quelques mois, la technologie a fait un bond de 10 ans en avant. Non, je n’exagère pas. GM, par exemple, dit vouloir produire uniquement des véhicules électriques d’ici 2035. Plus de 20 % de la population américaine a fait son épicerie en ligne par rapport à seulement 5 % avant la pandémie. Le commerce en ligne a atteint plus de 35 % des ventes au détail alors qu’avant la pandémie, il se chiffrait à 13-14 %. Bien des gens sont sans emploi, mais il manque de main-d’œuvre dans de nombreux secteurs. Le télétravail a complètement changé notre mode de vie. Nous avons maintenant besoin d’un bureau à la maison, et les gens quittent la ville pour la banlieue. Le prix des maisons grimpe en flèche pendant que les locaux de bureaux ou de commerces de détail à louer restent vides.

À la bourse, depuis le mois de mai, c’est la folie. Nous sommes témoins d’un rebond prodigieux créé par les facteurs suivants : 1) l’anticipation de la reprise économique après pandémie; 2) le stimulus économique créé par la générosité des gouvernements fédéraux; 3) les faibles taux d’intérêt. C’est selon moi le facteur le plus important. Les faibles taux font en sorte qu’il n’y a plus d’autres solutions viables pour faire fructifier son argent que d’investir en bourse. Imaginez, une obligation municipale de 10 ans offre un rendement de 1,65 %. Il s’agit d’un rendement en dessous de l’inflation pendant une décennie. Voilà un placement qui est rentable!

Arrive maintenant la spéculation, car l’élan boursier a amené beaucoup de nouveaux joueurs qui ont amplement de liquidités à investir en bourse. Les petits investisseurs millénaux sont très informés sur internet et négocient activement sur toutes sortes de plateformes telles que Robinhood et s’échangent de l’information sur les réseaux sociaux. Les secteurs de prédilection sont les autos électriques et les énergies vertes, la technologie et la bioscience. Nous sommes enfin revenus comme à la fin des années 1990. Vous vous souvenez de la bulle techno? Nous vivons maintenant dans la nouvelle ère de la bulle techno 2.0.

Je pense qu’elle a commencé à la fin avril avec la hausse des GAFA (Google, Amazone, Facebook, Apple). Ces entreprises ont bénéficié de la pandémie alors que le reste de l’économie était en chute libre. La différence avec l’an 2000, c’est que ces entreprises sont très rentables et font beaucoup de profits. Nous en détenons d’ailleurs dans nos portefeuilles.

Depuis l’été dernier, la hausse des titres technologiques s’est répandue aux plus petites entreprises dont plusieurs, à l’image des .com des années 1990-2000, se négocient à plus de 100 fois les revenus, une valorisation qui défie toutes les règles de la finance moderne. Prenons Tesla par exemple. La hausse vertigineuse des actions de cette société me fait penser à Nortel en l’an 2000. Espérons que Elon Musk est plus honnête que les dirigeants de Nortel l’ont été. Une chose est certaine, l’évaluation de Tesla n’a pas beaucoup plus de sens que Nortel à l’époque.

Et si nous sommes dans une bulle spéculative, devrait-on vendre?

Selon moi, la bulle prendra fin comme la plupart des autres bulles. Avec une hausse des taux d’intérêt. Ce n’est probablement pas pour demain, car nous avons selon moi encore quelques années d’exubérance devant nous. Tous sont d’avis qu’une hausse des taux d’intérêt n’est pas pour sitôt. Par ailleurs, nous ne sommes pas à l’abri d’un fléchissement de la bourse. Néanmoins, il est possible de faire de l’argent sans spéculer et courir le risque de faire de grosses pertes avant l’éclatement d’une bulle si nous continuons à investir dans des titres à prix raisonnables comme ce fût le cas au début des années 2000. En 2001-2002, il était possible d’obtenir des rendements positifs autour de 5 % dans des titres des secteurs de la vieille économie, pendant que les titres technologiques fondaient comme neige au soleil. Selon nous, privilégier des titres de qualité, de sociétés bien gérées avec de solides bilans, une profitabilité en croissance avec de bons dividendes est un gage de succès et de protection du capital à long terme.

Certains disent que les années 2020 ressembleront à celles des années 1920 à 1929. C’est possible. Après la Première Guerre et la fin de la grippe espagnole, le monde a connu une période très faste en raison des avancements technologiques et de l’industrialisation.

Il est facile de faire un parallèle avec ce que nous vivons aujourd’hui. Vous le savez, l’histoire se répète toujours.

Bien des richesses vont se créer et se perdre dans les prochaines années. Il est de notre responsabilité de vous guider dans cette période volatile, de vous amener à bon port et d’empêcher les émotions de déranger la raison. Je ne démords pas, c’est mon classique.

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