3 février, 2022

Lettre financière — 1^er trimestre de 2023

Une bonne année 2023 à tous et toutes, clients, clientes et partenaires. Nous vous souhaitons de la santé, du bonheur et de la prospérité pour la prochaine année.

Sur plusieurs des choses que l’on se souhaite pour 2023, nous avons en réalité très peu de contrôle. Cela ne reste que des vœux, mais la pensée positive nous amène parfois plus loin que l’on pense.

Commençons tout d’abord par faire un petit retour sur 2022. Elle n’a pas été facile, cette année-là, pour les marchés financiers. La guerre en Ukraine, l’inflation, la hausse des taux d’intérêt ont été des vents de face importants qui ont fait que les indices boursiers ont tous terminé dans le rouge : -20 % pour le S&P 500, -33 % pour le Nasdaq, -8,5 % pour le TSX (grâce à l’apport des titres du secteur de l’énergie), et même -12 % pour l’indice des obligations canadiennes. Ouf!

Il y avait carrément nulle part où se cacher en 2022, sauf dans les certificats de placement garantis. Mais même eux ont apporté un rendement réel négatif après inflation.

Et quels sont les pronostics pour 2023? Vous savez, au début de chaque année, les stratèges, économistes et soi-disant experts se prêtent au jeu des prévisions. Quelle perte de temps à mon humble avis! Ces prédictions se révèlent pour la plupart erronées 12 mois plus tard. Les boules de cristal n’existent pas.

La meilleure façon de prédire l’avenir est de connaître le comportement des humains dans le passé et de se dire que la façon dont l’humain se comportera dans l’avenir sera la même. Dans l’avenir, les humains continueront à être motivés par l’appât du gain et la peur de perdre. Il est dans la nature de l’humain et des entreprises dans lesquelles nous investissons d’augmenter leurs bénéfices. Et lorsque les bénéfices des entreprises augmentent, le cours des actions finit toujours par suivre tôt ou tard.

Le truc est peut-être de regarder un peu plus loin en avant. Pas sur ce que nous réserve l’année 2023, mais sur ce que les trois à cinq prochaines années nous réservent. Pour les 12 prochains mois, il y a historiquement 77 % de chances que nous ayons une année positive. Les deux dernières fois où nous avons connu deux années négatives d’affilée, c’était en 2001-2002 et en 1973-1974. Considérant qu’il y a eu une année de -20 % en bourse au cours des 75 dernières années, j’ai remarqué, en étudiant les rendements annuels passés, que le marché rebondit généralement de plus de 20 % l’année suivante. Cela dit, il y a eu quand même quelques périodes où la bourse a poursuivi sa tendance négative dans l’année subséquente.

Il est plus encourageant de se concentrer sur le long terme. Trois ans après une baisse de 20 % de la bourse, les marchés sont en hausse de 29 % en moyenne et ils ont été positifs dans 89 % des cas depuis la Seconde Guerre mondiale.

Regardons maintenant froidement la situation économique dans laquelle nous nous trouvons.

Tout d’abord, les points négatifs :

1. Une récession en 2023 est fort probable. La courbe de taux d’intérêt est négative, ce qui donne à prédire une récession presque chaque fois.
2. La guerre en Ukraine perdure et continue à créer des pressions indues à la hausse sur les prix de l’énergie.
3. Les tensions entre la Chine et l’Occident, et la menace d’une invasion de Taiwan planent au-dessus de nos têtes.

Maintenant, les points positifs :

1. La bourse se négocie à un niveau d’évaluation plus raisonnable actuellement, soit de 17 fois au lieu de plus de 20 fois les profits au début de l’an dernier.
2. Le manque de main-d’œuvre fait en sorte qu’une augmentation du chômage ne fera que remettre le marché de l’emploi à son niveau d’équilibre, ce qui en revanche est positif pour faire baisser l’inflation.
3. Le prix des maisons et des logements va baisser en raison de la hausse des taux d’intérêt, mais le nombre d’habitations est nettement insuffisant. Aux États-Unis, on estime qu’il en manque 3,7 millions présentement. La construction n’a pas permis de répondre à la demande pendant la pandémie. Cela nous procure donc un plancher qui nous empêchera de subir une situation semblable à celle de 2008-2009.
4. Le prix de toutes les commodités a baissé d’au moins 20 % par rapport à leurs sommets.
   L’inflation montre donc des signes encourageants de ralentissement. Bien que l’indice des prix à la consommation ait augmenté de 6,9 % depuis un an, il n’a augmenté que de 0,8 % depuis juillet. Si l’on continue à ce rythme, il est donc permis de croire que l’inflation retombera autour de 2,5 % d’ici l’été prochain.

En conclusion, la durée moyenne d’un marché baissier est de 330 jours. Ce qui veut dire qu’il est possible que le pire ait déjà été atteint et que notre torture tire à sa fin. Même si une récession devait nous frapper en 2023, la baisse de cette année est précisément due à l’anticipation de cette dite récession, et le fait est que lorsque nous serons en récession, le marché sera en train d’anticiper la reprise. Rappelons-nous que le marché boursier est un mécanisme d’anticipation qui devance souvent de 9 à 12 mois l’économie réelle.

Souvent, en début d’année, la bourse est à un sommet. Les gens investissent dans leur REER ou leur CELI alors qu’on vient d’y enregistrer des gains généreux pendant la période des fêtes. La bourse est donc souvent relativement élevée à court terme en cette période de l’année.

Ma nature optimiste me permet donc de me réjouir du fait qu’au moins, cette année, nos placements REER et CELI de janvier se feront à faible coût. C’est le Boxing Day de la bourse en ce moment, profitons-en! L’important n’est pas d’être à profit dans trois mois, mais dans trois ans. Si l’on avait la même patience avec la bourse que les gens ont avec l’immobilier, nos décisions d’investissement seraient beaucoup moins émotives et l’on s’en porterait beaucoup mieux!

Bonne année 2023 et bon Boxing Day boursier.