Il ne faut pas s’étonner que ces excès de liquidités soient sporadiquement dirigés vers des titres ou des secteurs particuliers et provoquent des mouvements erratiques dans les marchés financiers. D’ailleurs, nous pouvons observer l’évolution de la valeur du bitcoin, du prix du lithium, des titres de pacotille (penny stock) et des positions à découvert (short interest index) qui a précédé GameStop, BlackBerry et l’argent, par exemple. La remontée des bourses depuis le 23 mars dernier, combinée à cet excès de capacité, à l’accès à de l’information en ligne et à tout ce temps libre dont nous ne savions plus que faire (pandémie oblige) semble avoir réveillé l’appât du gain facile (animal spirit) et la peur de manquer quelque chose (fear of missing out) chez l’investisseur indépendant.
Le portefeuille de l’investisseur qui aurait acheté GameStop le jeudi 28 janvier à 9 h 59 (483 $) aurait affiché une perte de 393 $ à la clôture du mardi suivant (90,21 $). Et celui qui aurait acheté à la fermeture du lundi 1er février (231 $) aurait perdu 141 $. « JoeBobConnaîtTout31 », lui, a eu la clairvoyance de l’acheter à 20 $ le 13 janvier et de vendre la moitié de sa position à 40, à 80, à 160 et à 380 $, pour finalement tout vendre entre 425 et 450 $ quand ses indicateurs de suivi ont viré au rouge et se sont mis à clignoter.
Rigoureux, discipliné, conséquent et sans émotion, il a exécuté à la lettre son plan et ne s’est pas laissé déranger par l’engouement (hype) du moment. « JoeBobConnaîtTout31 » avait aussi un plan B pour couper court si sa stratégie ne fonctionnait pas, de façon à limiter sa perte : investisseur indépendant aguerri, il n’a pas eu recours à l’effet de levier, et puisqu’il ne maîtrisait pas suffisamment le marché des options, il ne s’y est pas aventuré. À votre avis, quelle proportion des investisseurs indépendants fait preuve d’une telle discipline ?
La spéculation fait partie du monde de la finance et même les meilleurs finissent par se tromper et par accumuler des pertes. Quelques-uns sont devenus des légendes dont Baum, Burry, Dalio, Soros, mais je serais prêt à parier un gros 2 $ qu’ils ont parfois eu l’impression de valser sur un fil d’équilibriste entre deux volcans. L’expérience tend à suggérer que spéculation et investissement ne font pas bon ménage pour la majorité des investisseurs qui cherchent à bâtir un capital à long terme en vue de leur retraite.note de bas de page 1
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