L'année 2017 s'est soldée par d'excellents rendements et par une absence de volatilité. L'année 2018 s'est amorcée dans cette même veine, la plupart des indices nord-américains atteignant de nouveaux sommets en janvier. Février et mars marquent une rupture dans cette séquence et le retour de la volatilité. Les premiers élans de volatilité au début de février résultaient de la publication de statistiques sur l'emploi selon lesquelles les salaires horaires affichaient une progression avoisinant les 3 %. Quelques séances plus tard, le marché connaissait son premier recul de 10 % depuis le début de 2016. Fidèle à son habitude, le marché a rapidement rebondi. La seconde « salve » est ensuite venue des déclarations protectionnistes du président américain et s'est accentuée avec la découverte que Facebook accumulait des données sur ses membres. Les marchés ont de nouveau culbuté et tentent encore de se rétablir.
De telles périodes de fluctuations ne sont pas rares. Certes, elles sont devenues plus discrètes au cours des dernières années. Cependant, depuis 1950, les marchés ont connu plus d'une vingtaine d'épisodes de corrections de 10 à 20 % dans un cycle pourtant haussier. Ces corrections ont en moyenne entraîné des baisses de 13 % et ont duré environ quatre mois, soit le même temps que le marché a mis à récupérer.
Indice | Niveau | 3 mois | 6 mois | 1 an |
S&P/TSX | 15,367.29 | -4,52 % | -0,28 % | 1,70 % |
S&P 500 ($ US) | 2,640.87 | -0,76 % | 5,83 % | 13,98 % |
MSCI Pays émergents ($ US) | 1,170.88 | 1,38 % | 9,04 % | 25,31 % |
MSCI Monde ($ US) | 2,066.85 | -1,15 % | 4,41 % | 14,21 % |
Taux de change $ CAN/$ US | 0,78 | 0,80 | 0,80 | 3,37 % |
Rend. oblig. Canada 2 ans | 1,78 | 1,69 | 1,52 | 137,30 % |
Rend. oblig. Canada 10 ans | 2,09 | 2,05 | 2,10 | 28,68 % |
Pétrole ($ US) | 64,94 | 60,42 | 51,67 | 28,34 % |
Or ($ US) | 1,325.54 | 1,303.05 | 1,280.15 | 6,10 % |
La vraie question est de savoir s'il s'agit cette fois de l'amorce d'un nouveau cycle structurellement baissier (bear market) ou plutôt d'une perturbation temporaire. Dans le premier cas, nous réduirions le plus possible notre exposition aux actions et nous accumulerions des obligations gouvernementales de longue échéance. Dans le second cas, nous saisirions les occasions qui se présenteraient pour redéployer une partie de l'encaisse accumulée.
Le contexte actuel d'un très faible taux de chômage accompagné d'un solide dynamisme économique devrait normalement être associé à une remontée de l'inflation et à une politique monétaire plus restrictive. Cependant, l'inflation demeure somme toute timide et la politique monétaire, reste très accommodante.
Ajoutons que des millions de ménages américains verront leurs revenus de 2018 bonifiés par les primes et les hausses salariales annoncées au début de l'année à la suite de la réduction des impôts des sociétés et du congé de taxe consenti sur le rapatriement des profits étrangers. Cette nouvelle manne ne devrait nuire ni à la confiance des ménages ni à leurs dépenses. Ensuite, en 2019, l'économie devrait profiter de l'enclenchement des investissements en infrastructures et de l'accélération des investissements des entreprises. Ainsi, les probabilités d'une récession dans les 18 à 24 prochains mois sont faibles.
Pour ces raisons, nous croyons que cette correction est temporaire dans un marché haussier. Les principaux risques sous-jacents à ces perspectives sont le rythme de croissance des salaires et de l'inflation, la réaction du marché obligataire au plan d'intervention de la Fed, les décisions qui émanent de la Maison-Blanche, le protectionnisme et la géopolitique.
Les mesures protectionnistes actuellement à l'étude à l'encontre de la Chine dans le domaine des droits de propriété intellectuelle sont une source de préoccupation. Nos analystes spécialistes de la Chine estiment cependant que ce pays privilégiera la désescalade et la négociation, plutôt que de réagir de manière agressive et de risquer de déclencher une guerre commerciale.
Depuis juillet dernier, la Banque du Canada (BdC) a relevé son taux directeur à trois reprises pour le porter à 1,25 %. Dans un contexte où l'économie continuerait de s'améliorer et où l'inflation dépasserait les 2 %, il faudrait prévoir des hausses additionnelles de taux. Toutefois, la sensibilité de l'économie (notamment le taux d'endettement des ménages et le secteur de l'habitation) aux taux d'intérêt et la grande incertitude entourant les négociations commerciales avec les États-Unis incitent la BdC à faire preuve de retenue et de patience.
Nous anticipons une montée graduelle des taux en 2018. Plus précisément, aux États-Unis, les taux de deux ans et de 10 ans évolueront dans une fourchette respective de 2,50 à 2,75 % et de 3 à 3,25 %. Pour les obligations canadiennes de deux ans et de 10 ans, ces taux varieront respectivement entre 2,25 et 2,40 % et entre 2,50 et 2,75 %.
La politique commerciale de la Maison-Blanche donnera le ton en ce qui a trait au dollar américain. Le protectionnisme et les barrières tarifaires étant inflationnistes, la Fed pourrait se voir forcée de resserrer plus rapidement les conditions monétaires, ce qui favoriserait la hausse du dollar.
De son côté, le dollar canadien restera tributaire de la BdC, du différentiel monétaire avec la Fed, des prix du pétrole et des négociations commerciales avec les États-Unis. L'ALENA est une source d'inquiétude importante. Selon le Conference Board, la fin de l'Accord de libre-échange nord-américain entraînerait une baisse de 0,5 % du PIB et 85 000 pertes d'emplois dès l'année suivante. Selon les économistes du Mouvement Desjardins, le dollar canadien pourrait alors glisser aux environs de 70 cents américains. Pour le moment, nous accordons une probabilité de 30 % à une révocation de l'ALENA. Le dollar canadien devrait évoluer dans une fourchette de 75 à 80 cents américains d'ici la fin de l'année.
Comme nous croyons que cette perturbation est une correction temporaire dans un marché haussier, notre stratégie consiste à déployer des liquidités au moment opportun. En février, nous l'avons fait pour investir dans le marché canadien, qui était fortement en baisse depuis le début de l'année et à la traîne comparativement aux autres pays du G7 au chapitre des rendements de 2017. Nous avons encore des liquidités pour profiter de ces mouvements erratiques des marchés.
Nous tablons sur un maintien de nos sous-pondérations pour les titres qui sont sensibles aux hausses de taux. Pour ce qui est du revenu fixe, nous maintenons une stratégie de gestion des obligations avec une courte échéance (durée moyenne de deux ans dans nos portefeuilles). Durant les périodes de hausses de taux, les actions privilégiées sont un type de placement opportun pour générer du rendement.
Notre interprétation de la conjoncture économique et financière mondiale est positive. Le Mouvement Desjardins prévoit d'ailleurs une croissance économique mondiale de 3,8 % en 2018 et de 3,9 % en 2019.
Nous continuons de surpondérer les actions américaines. Les États-Unis sont portés par la nouvelle réforme fiscale, le profit des entreprises et un plein-emploi presque atteint. La correction actuelle permet d'améliorer les multiples d'évaluation. Autrement dit, les titres des entreprises à la Bourse sont devenus plus attrayants, car leurs prix sont plus bas.
Au Canada, la demande intérieure poursuivra sa course et demeurera la locomotive de l'économie. L'endettement des ménages et le marché de l'habitation sont à surveiller, mais tant que la création d'emplois sera dynamique, les emprunteurs respecteront leurs obligations. À court terme, le dossier de l'ALENA retiendra l'attention. De plus, le faible prix du pétrole n'est pas favorable aux provinces de l'Ouest et nuit donc à l'ensemble de la croissance canadienne. Deux autres hausses du taux directeur sont prévues en 2018 et seront suivies de trois autres augmentations en 2019. Une croissance économique de 2,1 et 1,9 % respectivement est prévue pour 2018 et 2019. Pour ces raisons, nous sommes sous-pondérés en actions canadiennes.
Sur le plan de la répartition sectorielle, les valeurs technologiques et financières ont encore la faveur. Bien que les titres technologiques ont bondi de 88 % depuis 2014 comparativement à 26 % pour le reste du marché, les actions de ce secteur se négocient à un ratio qui ne dépasse que de 2,8 points celui de l'indice S&P 500 (20,6 contre 17,8). En décembre 1999, cet écart atteignait 20,2 points. Pourtant, la rentabilité du secteur technologique est nettement supérieure à celle de l'ensemble de l'indice S&P 500 et sa croissance se poursuit depuis la fin des années 1990. Quant aux valeurs financières, elles sont les grandes bénéficiaires d'un cycle économique robuste, de l'amélioration des titres de crédit et de l'accroissement anticipé des taux d'intérêt. Nous maintenons un positionnement prudent à l'égard des ressources naturelles et des titres du secteur de la consommation.
Si les conditions ne sont pas réunies pour mettre un terme au présent cycle haussier, les rendements futurs devraient néanmoins pâlir en comparaison de ceux des dernières années, en plus d'être accompagnés d'une volatilité supérieure. Générer un rendement total de 5 % pour un portefeuille équilibré sera un défi, car le marché obligataire génère peu de rendement présentement, compte tenu du fait que les taux d'intérêt sont à la hausse.
La finance comportementale nous enseigne que les émotions peuvent mener à des décisions impulsives et irrationnelles. Appliquer une stratégie d'investissement judicieuse et adaptée au profil individuel de chaque investisseur est donc de rigueur. Il est aussi primordial de respecter un horizon de placement à long terme pour atteindre ses objectifs.
Nous espérons que ces informations vous aideront à mieux comprendre les marchés et nous demeurons à votre entière disposition pour discuter plus longuement de nos stratégies d'investissement. Nous vous réitérons notre engagement à travailler toujours plus fort pour dénicher les bonnes occasions qu'offrent les marchés financiers, de manière à vous aider à réaliser vos objectifs à long terme.
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