L’année 2023 a débuté sous le signe de l’inquiétude quant aux effets du resserrement de la politique monétaire sur les économies dans le monde. En ce qui concerne le PIB, ces effets ont beaucoup varié. Contre toute attente, l’économie américaine a réussi à afficher une croissance supérieure à son potentiel, pendant que l’inflation reculait. L’économie canadienne est quant à elle parvenue à éviter une récession technique en milieu d’année, mais la situation aurait été différente sans un accroissement démographique record au pays.
Indices |
Niveau |
3 mois |
6 mois |
1 an |
|
S&P/TSX |
20 958,44 |
8,11 % |
5,73 % |
11,83 % |
|
S&P 500 ($ US) |
4 769,83 |
11,68 % |
8,02 % |
26,26 % |
|
MSCI Pays émergents ($ US) |
1 023,74 |
7,84 % |
4,81 % |
10,12 % |
|
MSCI Monde ($ US) |
3 169,18 |
11,53 % |
7,80 % |
24,44 % |
|
Taux de change $ CAN/$ US |
0,76 $ |
0,74 $ |
0,76 $ |
2,34 % |
|
FTSE/TMX INDICE COURT TERME |
769,76 |
4,11 % |
3,98 % |
5,02 % |
|
FTSE/TMX INDICE MOY. TERME |
1 230,67 |
8,26 % |
4,20 % |
6,13 % |
|
Pétrole ($ US) |
7,65 $ |
90,79 $ |
70,64 $ |
-10,73 % |
|
Or ($ US) |
2 062,98 $ |
1 848,63 $ |
1 919,35 $ |
13,10 % |
La bonne nouvelle, c’est que l’inflation excédentaire se résorbe. Le déséquilibre entre l’offre et la demande s’estompe dans de nombreux pays, la demande de main-d’œuvre excédentaire a été largement comblée et la politique monétaire continue de faire son œuvre à travers ses effets décalés. Le printemps 2024 marquera le deuxième anniversaire du début des hausses de taux en Amérique du Nord, ce qui laisse croire que les répercussions du resserrement battront leur plein tout au long de l’année.
Affronter l’inflation à 2 % sera encore long et ardu en raison de la croissance des salaires et, dans certains cas, comme au Canada, des conséquences de l’important manque de logements sur la croissance des prix de cette composante. Mais les progrès constants accomplis devraient donner suffisamment de confiance aux banques centrales pour qu’elles commencent à alléger leur politique monétaire.
La mauvaise nouvelle, c’est que la situation continuera d’être pénible pour les ménages et les entreprises. Nous nous attendons à ce que l’économie canadienne soit à plat en 2024. La stagnation des dépenses de consommation pendant une bonne partie de 2023 s’expliquait entre autres par la nécessité, pour les titulaires d’un prêt hypothécaire, d’économiser davantage pour leur renouvellement. Mais comme environ la moitié des emprunteurs n’ont toujours pas effectué ce renouvellement, ces pressions seront toujours présentes en 2024. Les entreprises voient s’approcher la nouvelle année avec de grandes appréhensions, puisque la demande faiblit et que les coûts en masse salariale continuent d’augmenter. Comme c’est le cas dans de telles phases du cycle économique, les investissements des entreprises en souffriront.
Après la lutte acharnée des autorités monétaires pour juguler l’inflation, la pleine mesure des conséquences des hausses de taux reste encore à découvrir. La bonne nouvelle, c’est que la plupart des économies répondent en affichant des décélérations bien tangibles. S’il avait fallu que l’économie fasse fi des hausses jusqu’ici annoncées, les banques centrales auraient peut-être dû en décréter d’autres et les maintenir plus longtemps. Cela ne sera vraisemblablement pas nécessaire.
Investir dans un contexte de décélération économique rime avec une certaine dose de prudence à court terme. La nouvelle année devrait toutefois aussi afficher son lot d’opportunités! Bref, on adopte un positionnement prudent à court terme afin d’être en mesure de saisir les occasions lorsqu’elles se présenteront.
Nous recommandons donc un positionnement neutre en encaisse, sous-pondéré en actions au profit d’une surpondération des obligations.
Fait important à noter, non seulement le portefeuille équilibré (50-50) est-il en hausse d’un peu plus de 10 % (avant frais) en 2023, mais sa capacité à produire des rendements robustes advenant différents scénarios économiques est bien rétablie. Ceci permet d’amorcer 2024 avec une bonne dose de sérénité. Si jamais l’économie devait fléchir plus qu’escompté, ou que les bourses devaient subir des soubresauts plus importants, au moins l’exposition obligataire devrait pouvoir compenser en partie ces pressions.
Après trois années difficiles pour le marché obligataire, celui-ci redevient attrayant à nouveau. Avec une inflation qui devrait maintenir sa tendance baissière, des économies qui ralentissent voire qui basculent en récession pour certaines, l’opportunité d’ajouter aux obligations est toujours de mise.
Depuis, la lutte à l’inflation aura permis, certes non sans douleur, de restaurer le niveau de rendement courant des obligations en les portant à des sommets jamais inégalés au cours des 15 dernières années.
Qui plus est, le potentiel de protection a lui aussi été restauré.
Nous maintenons notre recommandation de surpondérer les obligations gouvernementales comme le refuge de prédilection en cas de récession.
LE DÉFI DES VALORISATIONS
En 2023 encore, le leadership du marché américain fait peu de doute. Le S&P500 s’échange à prime vis-à-vis la plupart des bourses étrangères, en raison de deux facteurs importants : primo, la composition technologique supérieure et secundo, une plus grande résilience économique domestique. Pour 2024, le marché américain compte les valorisations comme un de ses plus grands défis, c’est-à-dire qu’il est dispendieux versus sa moyenne historique.
Le fait le plus marquant de cette fin d’année reste sûrement le grand changement de politique de la Réserve fédérale décidé lors de sa dernière réunion, changement qui nous éloigne des augmentations de taux d’intérêt et nous tourne vers des réductions potentielles. Cette annonce a donné un coup de pouce supplémentaire aux actions, tandis que les rendements obligataires et les taux hypothécaires ont chuté. C’est une très bonne nouvelle.
La croissance économique s’est montrée robuste et les dépenses de consommation ne se sont pas effondrées, même si les gens ont épuisé (en tout ou en partie) leurs économies liées à la pandémie et que les taux d’intérêt ont augmenté beaucoup plus cette année.
Compte tenu de toute cette effervescence, les raisons pour lesquelles le S&P 500 n’est plus qu’à un cheveu de son record atteint au tout début de 2022 sont évidentes. Il s’est presque complètement remis de cette décevante année 2022; on en a même oublié la « crisette » bancaire américaine de mars! Et les gains se répartissent parmi les grandes entreprises qui ont été à l’origine d’une grande partie de la reprise.
Voici qui donne aussi à réfléchir. Tous ces aspects positifs peuvent également devenir des sujets de préoccupations. La Fed a annoncé un changement de direction, mais il ne s’agit pas d’une promesse : les banques centrales européennes restent en mode hausse pendant plus longtemps, même si leurs économies semblent beaucoup plus faibles.
En effet, le grand risque pour 2024 est que toutes les bonnes nouvelles soient déjà intégrées dans le marché boursier. Les surprises sont dans ce cas plus susceptibles d’être négatives que positives.
Au final, l’adoption d’un positionnement prudent semble de mise bien que le momentum puisse continuer de pousser les bourses vers de nouveaux sommets.
Enfin, face aux défis qui se dressent devant l’investisseur, il est impératif de se rappeler de :
Résister à l’attrait du pessimisme. Être pessimiste donne l'air intelligent, dit Morgan Housel* : le discours pessimiste est plus percutant et retient davantage l'attention. Il porte à croire que le pessimiste voit venir les coups, qu’il est prudent, qu’il agit en bon père de famille. Or en moyenne, à long terme, l’optimiste fait généralement plus d’argent. L’idée n’est pas d’être l’un ou l’autre, mais d’avoir un plan, de le faire et de la suivre !
Nous espérons que ces informations vous aideront à mieux comprendre les marchés et nous demeurons à votre entière disposition pour discuter plus longuement de nos stratégies d’investissement. Nous vous réitérons notre engagement à travailler toujours plus fort pour dénicher les bonnes occasions qu’offrent les marchés financiers, de manière à vous aider à réaliser vos objectifs à long terme.
*Réf. : Morgan Housel, La psychologie de l’argent
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