À l'aube de l'année 2017, la toile de fond économique et politique teintait les perspectives et le jugement des investisseurs. L'arrivée d'un nouveau résident à la Maison-Blanche dont la façon non orthodoxe de communiquer sa pensée en temps réel et en continu attisait l'inquiétude et l'angoisse. Douze mois plus tard, la croissance économique mondiale se raffermit et la cadence de l'économie américaine continue d'étonner. Les marchés financiers ont connu une année exceptionnelle, au point où la complaisance des investisseurs est apparente.
En ce début d'année 2018, le cycle boursier est à nouveau une source d'inquiétude. Les analystes multiplient leurs prédictions d'un repli tactique. Pourtant, la toile de fond économique et financière n'a jamais été aussi positive et inclusive depuis le début du cycle. Selon le FMI (Fonds monétaire international), la reprise économique a une assise plus large que toute autre reprise depuis dix ans. À l'instar de 2017, le taux de croissance de l'économie mondiale pourrait dépasser les attentes alors que les pays industrialisés continueront de profiter d'un environnement où les taux d'intérêt sont encore très bas et de politiques budgétaires et fiscales plus souples en 2018.
Indice | Niveau | 3 mois | 6 mois | 1 an |
S&P/TSX | 16 209,13 | 4,44% | 8,29 % | 9,08 % |
S&P 500 ($ US) | 2 673,61 | 6,64 % | 11,41 % | 21,82 % |
MSCI Pays émergents ($ US) | 1 158,45 | 7,34 % | 15,96 % | 37,51 % |
MSCI Monde ($ US) | 2 103,45 | 5,62 % | 10,88 % | 23,10 % |
Taux de change $ CAN/$ US | 0,80 $ | - | - | 6,91 % |
Rend. oblig. Canada 2 ans | 1,69 % | - | - | 126,10 % |
Rend. oblig. Canada 10 ans | 2,05 % | - | - | 18,83 % |
Pétrole ($ US) | 60,42 $ | - | - | 12,47 % |
Or ($ US) | 1 303,05 $ | - | - | 13,09 % |
Au-delà de la surprise qu'a provoquée le rebond qui s'est produit à la suite de l'élection de Donald Trump, la croissance économique s'est vraiment améliorée. Les investisseurs ont confiance que les politiques annoncées par le nouveau président favoriseront cette croissance. La mise en œuvre de ces diverses mesures économiques et la façon dont les cartes du protectionnisme seront jouées démontreront si le marché s'est emballé trop vite ou s'il poursuivra sur sa lancée grâce à la confirmation de cette croissance.
Le marché des devises a encore été très volatil cette année. Le dollar américain a débuté sur les chapeaux de roue, soutenu par les promesses de stimulation économique de Donald Trump, mais son élan s'est rapidement essoufflé. Le dollar canadien a profité de la remontée des prix du pétrole, mais encore plus de deux hausses consécutives des taux d'intérêt au cours de l'été. Le dossier de l'ALENA pourrait avoir des répercussions non négligeables sur le Canada s'il était relégué aux oubliettes. Principal partenaire commercial du Canada, les États-Unis ont un effet d'entraînement sur l'activité économique. Si Washington abolissait l'ALENA, une période de volatilité plomberait le huard et les perspectives économiques. La Banque du Canada redoublerait de prudence et pourrait même devoir inverser ses hausses si l'économie devenait instable. Voilà un dossier d'envergure qui retiendra l'attention en début d'année. Les prévisionnistes de Desjardins entrevoient un dollar canadien entre 75 cents et 80 cents US.
Avec le temps, les ménages, les entreprises et les investisseurs se sont habitués à des taux d'intérêt et à une inflation basses. Une obligation du Canada échéant dans dix ans au taux de 2 % indique que les investisseurs prévoient une inflation inférieure à 2 % sur cette période.
Selon les analystes chez Desjardins, la Banque du Canada relèvera son taux directeur à trois reprises en 2018 pour le porter à 1,75 % d'ici décembre, alors que l'économie sera au plein emploi et que l'inflation tendra vers les 2 %. Il reste toutefois plusieurs facteurs économiques et politiques qui peuvent influencer la tendance et la fréquence des hausses de taux. Aux États-Unis, si l'inflation arrive à dépasser la barre des 2 % de façon durable, la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) risque de perdre le contrôle. Pour éviter d'inquiéter le marché obligataire et provoquer une flambée des taux d'intérêt, elle haussera son taux directeur jusqu'à 2,25 % d'ici la fin 2018.
Pour continuer de faire face à cette hausse graduelle des taux d'intérêt et pour générer des rendements acceptables au niveau des revenus fixes, nous optons pour trois stratégies. Premièrement, la durée moyenne de nos obligations est de 2,5 ans, ce qui protège le capital en cas de hausse de taux. Deuxièmement, nous avons une pondération de près de 40 % dans des obligations de société de bonne qualité et des actions privilégiées. Troisièmement, nous investissons dans des titres à taux variable qui bénéficient des hausses de taux d'intérêt. Les actions privilégiées en sont un bon exemple.
Nous employons une gestion active de la répartition entre les catégories d'actifs, les pays (incluant la stratégie de change), les secteurs, les styles, les tailles d'entreprises, les devises, les échéances, les émetteurs, et la durée des échéances est stratégique dans le contexte actuel.
La volatilité est une réalité avec laquelle les investisseurs doivent composer et ils doivent l'apprivoiser. En recommandant une répartition tactique teintée d'un optimisme prudent, nous réduisons l'effet de la volatilité et du risque sur le portefeuille de placement.
La longévité du cycle n'est pas une raison suffisante pour causer une récession. D'ici à ce que l'économie américaine montre des signes précurseurs de récession, la bourse continuera de surprendre les investisseurs en grimpant vers de nouveaux sommets. Pour autant, ce cycle n'est pas à l'abri de replis ponctuels. Nous y voyons l'occasion de déployer de l'encaisse en cas de faiblesse.
Notre interprétation de la toile de fond est favorable à un prolongement du cycle économique et boursier, mais elle invite à une prudence relative à l'égard des obligations. L'année 2018 sera propice à une surpondération des actions et de l'encaisse en portefeuille, et une sous-pondération des revenus fixes. Géographiquement, nous recommandons de surpondérer les États-Unis et l'Europe, et un positionnement neutre à l'égard des pays émergents et du Canada.
Au niveau des secteurs, nous favorisons ceux qui sont sensibles aux hausses de taux d'intérêt.
La normalisation monétaire profitera aux sociétés financières dont les résultats comptent pour plus de 55 % des bénéfices du TSX.
En ce qui a trait au secteur de la consommation, contrairement aux États-Unis, les sociétés cotées en bourse menacées directement par l'arrivée d'Amazon sont moins nombreuses au Canada. L'exécution demeurant un facteur de différenciation sur ce créneau, il est impératif de limiter l'investissement aux meilleurs opérateurs.
Aussi, le secteur offre par moment des mouvements erratiques dont il faut savoir tirer profit. Plus tôt cet automne, nous avons investi dans Alimentation Couche-Tard qui est un bon exemple de titre de qualité à accumuler en cas de mouvement baissier déraisonnable.
Nous privilégions également les valeurs industrielles : après des années d'austérité gouvernementale, les cordons de la bourse semblent se délier pour les grands projets. Ce nouvel élan est aussi accompagné d'un accroissement de l'investissement des entreprises. Depuis plusieurs années, les grandes entreprises redoublent de prudence et les rachats d'actions et versements de dividendes ont été préférés aux investissements dans la croissance. Or, il semble maintenant que le vent tourne. Les titres WSP et CNR sont deux exemples de compagnies qui ont généré des rendements de plus de 30 % et 15 % respectivement en 2017.
L'année 2018 devrait être un bon millésime... simplement pas une année aussi forte que 2017. Les trois principaux risques auxquels l'investisseur fait face sont : une remontée rapide de l'inflation et des taux d'intérêt ; le spectre de plus en plus évident d'une fin de cycle ; et les risques politiques et géopolitiques. De plus, un environnement de faible volatilité n'est pas forcément synonyme de faible risque. Même si nous n'anticipons pas le début d'un nouveau « bear market » (baisse de plus de 20 % des marchés), dans les six à douze prochains mois, une forte fluctuation baissière est possible alors que des évaluations plus élevées laissent moins de marge de manœuvre pour absorber les chocs.
Au début 2017, nous mentionnions que produire un rendement de 5 % pour un investisseur au profil équilibré ne serait pas facile. Un an plus tard, ce même profil équilibré a généré un rendement de plus de 9 % (avant frais). Selon l'Institut québécois de planification financière et plusieurs fonds de pension, dans le contexte actuel, il reste que le rendement normal espéré pour les clients avec un profil équilibré est près de 5 %. Nous espérons être confondus encore cette année.
Nous espérons que ces informations vous aideront à mieux comprendre les marchés et nous demeurons à votre entière disposition pour discuter plus longuement de nos stratégies d'investissement. Nous vous réitérons notre engagement à travailler toujours plus fort pour dénicher les bonnes occasions qu'offrent les marchés financiers, de manière à vous aider à réaliser vos objectifs à long terme.
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