Lettre financière, été 2022, 60e édition

Il était temps de tourner la page sur le premier semestre.

Si investir a toujours signifié de faire face à un lot de surprises et d’impondérables, la situation actuelle procure une forte dose d’incertitudes, laquelle milite pour l’adoption de stratégies bien équilibrées. Le défi de l’investissement n’est pas d’éviter les tempêtes, mais d’adopter des portefeuilles suffisamment robustes pour bien les traverser.

Indices

Niveau

3 mois

6 mois

1 an

S&P/TSX

18 861,36

-13,19 %

-9,85 %

-3,81 %

S&P 500 ($ US)

3 785,38

-16,11 %

-19,97 %

-10,64 %

MSCI Pays émergents ($ US)

1 000,67

-11,40 %

-17,57 %

-25,08 %

MSCI Monde ($ US)

2 546,49

-16,06 %

-20,28 %

-13,92 %

Taux de change $ CAN/$ US

0,78

0,80

0,79

-3,69 %

FTSE/TMX Obligations court terme

730,29

-1,46 %

-4,39 %

-4,79 %

FTSE/TMX Obligations moyen terme

1 145,97

-4,84 %

-11,34 %

-11,06 %

Or ($ US)

1 807,27

1 937,44

1 829,20

2,10 %

Scénario économique

Les problèmes d’approvisionnement et les conséquences de la guerre en Ukraine demeurent bien présents et exacerbent les pressions inflationnistes un peu partout sur la planète. Les prix du pétrole resteront très élevés au cours des prochains mois. La pandémie n’est pas terminée et continue de se manifester, notamment en Chine où les confinements ont miné l’activité économique au deuxième trimestre.

La possibilité d’un resserrement excessif des politiques monétaires est devenue le principal risque pour l’économie mondiale. Dans un contexte d’inflation élevée et du marché du travail tendu, un resserrement agressif de la part de la Réserve fédérale, de la Banque du Canada (BdC) et des autres banques centrales pourrait faire basculer certaines économies en récession. C’est particulièrement le cas en Europe, où les prix élevés de l’énergie et les tensions géopolitiques résultant de la guerre en Ukraine ont déjà mis l’économie dans une position précaire. Les pays dont les ménages sont très endettés, comme le Canada et le Royaume‑Uni, sont d’ailleurs particulièrement vulnérables à la hausse des coûts d’emprunt en raison d’une sensibilité aiguë aux taux d’intérêt.

Investissement et turbulences

Investir vient avec son lot d’impondérables et de variations. Être un bon investisseur ne demande pas uniquement d’avoir de bonnes capacités cérébrales, mais aussi d’avoir un estomac suffisamment solide pour encaisser des périodes plus mouvementées.

Ainsi, malgré les meilleures intentions du monde, il s’avère primordial de bâtir des portefeuilles qui soient équilibrés et prêts à affronter divers environnements.

Être un investisseur à long terme implique implicitement de faire face à des marchés baissiers plus sévères. Ceux-ci ne représentent pourtant pas les défis les plus grands auxquels ils feront face, mais plutôt les mauvais choix qui risquent d’être pris pendant ces épisodes. Les marchés baissiers modifient les schémas de prise de décisions.

Pour obtenir du succès en investissement à long terme, il est capital de pouvoir naviguer au travers de périodes plus houleuses. Les marchés baissiers sont inévitables et font partie d’un cycle complet. À moins de vivre dans une tour de verre, il est certain que des marchés baissiers viendront. Ceux-ci ne devraient pas être une surprise. Après tout, le rendement à long terme des actions serait nettement inférieur, si ce n’était de l’opportunité de déployer davantage de capital lorsque les marchés sont en recul !

A posteriori, les marchés baissiers auront l’air d’avoir été prévisibles. Qui plus est, l’horizon d’investissement se contractera. Les marchés baissiers entraînent de la panique et de l’incertitude. L’investisseur cesse alors de se soucier de la valeur de son patrimoine dans 20 ans et se soucie davantage de sa valeur dans la prochaine heure. Être un investisseur à long terme devient particulièrement plus difficile dans un marché baissier.

Les marchés baissiers constituent les tests ultimes de la tolérance au risque des investisseurs. Les conséquences des marchés baissiers dépendent plus du comportement des investisseurs plutôt que des marchés eux-mêmes. La clef provient des décisions que les investisseurs prendront !

Tous les investisseurs ont un bon plan d’investissement, jusqu’à ce qu’ils vivent un premier marché baissier, la clef est d’avoir la discipline de suivre le plan.

Répartition d’actifs

ACTIONS | LÉGÈRE SURPONDÉRATION
(55 % VS INDICE À 50 %)

Lors du deuxième trimestre, nous avons procédé à plusieurs rééquilibrages de nos portefeuilles pour investir dans les marchés qui ont fortement chuté. Notre pondération était jusqu’à tout récemment neutre et affiche maintenant une légère surpondération. Ces rééquilibrages seront des plus bénéfiques lorsque les marchés repartiront à la hausse. Nous avons ajouté à notre position aux États-Unis à travers QQQ (NASDAQ) et IVV (S&P 500).

Aux États‑Unis, l’année 2022 a mal commencé pour le PIB réel qui s’est contracté au premier trimestre. On s’attend à un retour à la croissance dès le deuxième trimestre. Les gains du PIB réel seront par la suite plutôt lents, alors que l’économie devra composer avec les effets de l’inflation sur le revenu des ménages et ceux des hausses de taux d’intérêt.

Au Canada, la banque centrale devrait continuer de resserrer vigoureusement sa politique monétaire jusqu’à l’automne afin de combattre l’inflation élevée. Cette situation pèse déjà lourdement sur le marché de l’habitation. Heureusement, cet ajustement a lieu à un moment où le marché du travail canadien va très bien, tout comme les finances des ménages, des entreprises et des gouvernements. Cela devrait contribuer à atténuer le risque d’une récession à court terme.

Revenu fixe | Sous-pondérer

(35 % VS INDICE À 50 %)

Le marché obligataire canadien connait sa pire séquence depuis les années 80. À la mi-année, l’Indice des obligations universelles FTSE Canada affichait un recul d’environ 14 %. La montée en force de l’inflation et la perspective d’un désencrage des anticipations inflationnistes à long terme ont amené plusieurs grandes banques centrales, dont la Banque du Canada, à hausser leurs taux directeurs depuis le mois de mars.

D’un creux de 0,25 %, la Banque du Canada a relevé son taux directeur à 1,50 % au début juin. En fin d’année, ils s’attendent à ce qu’il atteigne les 3,50 %. Une prévision nettement plus élevée que le Mouvement Desjardins qui le voit à 2,25 %. L’endettement des ménages, l’inflation et le loyer de l’argent pourraient faire plier l’échine des Canadiens autour des 2,25 %, voire, faire basculer l’économie prématurément en récession si la banque pesait trop lourdement sur le frein monétaire.

Le bon côté de la hausse des taux est que les taux d’intérêt supérieurs font en sorte que les versements d’intérêt reçus ainsi que les obligations à échéance peuvent enfin être réinvesties à des taux bien supérieurs à ce qui était offert au cours des dix dernières années.

La direction projetée de l’inflation et de la politique monétaire milite, tactiquement, pour une stratégie obligataire prudente (sous-pondération des obligations dans la répartition des actifs, des titres de société et de la durée).

La durée moyenne de notre portion revenue fixe est présentement de 2,5 ans versus 4,8 ans qui est notre indice de référence. Notre stratégie est de rester sous-pondéré en obligations versus notre indice de référence, mais du même coup augmenter graduellement notre durée en portefeuille à partir de la mi-juillet après la prochaine rencontre de la Banque du Canada.

En conclusion

Bien que les récentes années nous aient apporté leur lot de surprises, rarement les contextes macro-économiques et financiers auront été plus incertains rendant la tâche des prévisionnistes … plutôt imprévisible ! Toute cette incertitude milite donc pour l’adoption d’une stratégie d’investissement très nuancée et l’heure n’est pas à la prise de positions très catégoriques. Dans le doute, la vertu de l’équilibre devrait toujours primer.

Le passage d’un marché plus volatil doit toutefois ramener l’investisseur à quelques aspects fondamentaux dont 1 — rappelez-vous pourquoi vous investissez, 2 — réalisez ce que vous contrôlez, et ce que vous ne contrôlez pas, 3 gérez vos émotions, 4 soyez réalistes dans vos attentes et 5 — c’est correct de demander de l’aide. Après tout, c’est dans des périodes de turbulences que la valeur du conseil prend toute sa grandeur !

Nous espérons que ces informations vous aideront à mieux comprendre les marchés et nous demeurons à votre entière disposition pour discuter plus longuement de nos stratégies d’investissement. Nous vous réitérons notre engagement à travailler toujours plus fort pour dénicher les bonnes occasions qu’offrent les marchés financiers, de manière à vous aider à réaliser vos objectifs à long terme.

Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.

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