La pandémie a bouleversé nos vies, désorganisant notre quotidien et l’activité économique. Le confinement combiné à la fermeture des frontières a causé un effondrement de l’activité économique, du commerce mondial et du marché du travail.
Les gouvernements et leurs banques centrales ont parallèlement adopté des mesures de soutien d’une ampleur et d’une rapidité inédites pour atténuer le choc.
Alors que le « grand confinement » est progressivement levé, la reprise des économies touchées s’active, mais elle apparaît inégale et vulnérable à une nouvelle propagation du virus. Ce contexte fera en sorte que les politiques de relance se poursuivront jusqu’à ce que l’économie soit durablement soutenue par la demande intérieure (notamment des consommateurs et des entreprises) et, enfin, par le secteur extérieur. La vigueur de la reprise, y compris la demande intérieure, dépendra de la confiance des ménages, des investisseurs et des entreprises. La rapidité à laquelle les chômeurs réintégreront le marché du travail influencera, par ricochet, la confiance des ménages et la consommation. Rappelons qu’il s’est perdu quelque 22 millions d’emplois en mars et avril au sud de la frontière et que les demandes initiales d’assurance-emploi ont cru d’environ 46 millions depuis le 20 mars. De 3,5 % en décembre, le taux de chômage a bondi jusqu’à 13,3 % en mai, bien en deçà du sommet observé durant la « Grande dépression », pour ensuite redescendre à 11,1 % en juin.
Aux États-Unis, les ménages pourront appuyer la reprise en puisant dans leur épargne. En avril, le taux d’épargne atteignait un sommet historique à 33 %. En mai, il a reculé d’un peu plus de 10 points à 23,2 %. Selon la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), l’encaisse a augmenté de 2 000 milliards $ dans les comptes bancaires depuis janvier, un record, dont 865 milliards $ pendant le seul mois d’avril, du jamais vu. Cette hausse du taux d’épargne est liée aux mesures déployées par le gouvernement américain (dont un chèque de 1 200 $ par personne, 2 400 $ pour un couple et 500 $ par enfant et la bonification des prestations de chômage). Le revenu personnel des ménages s’est accru de 10,5 % pendant cette période. Au début de juin, les dépôts dans les banques commerciales dépassaient 15 000 milliards $. Un montant colossal que les ménages pourront injecter dans l’économie, appuyant la reprise déclenchée par la remise en marche de l’économie.
Au Canada, les pertes d’emplois totalisent 2,2 millions et le nombre de demandeurs de la Prestation canadienne d’urgence se situait à 8,4 millions au 4 juin. Déjà, le gouvernement fédéral a annoncé la prolongation de cette mesure de 16 à 24 semaines.
Indices | Niveau | 3 mois | 6 mois | 1 an |
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S&P/TSX | 15515 | 16.97 | -7.47 | -2.18 |
S&P 500 ( $US) | 3100 | 20.54 | -3.09 | 7.49 |
MSCI Pays émergents ( $US) | 995 | 18.14 | -9.70 | -3.11 |
MSCI Monde ( $US) | 2201 | 19.57 | -5.47 | 3.43 |
Taux de change $CAN/ $US | 0.74 | 0.71 | 0.77 | 0.76 |
Rend. oblig. Canada 2 ans | 0.29 | 0.46 | 1.70 | 1.47 |
Rend. oblig. Canada 10 ans | 0.53 | 0.76 | 1.70 | 1.47 |
Pétrole ( $US) | 39.27 | 20.09 | 61.06 | -32.84 |
Or ( $US) | 1780 | 1622 | 1517 | 26.35 |
Mais qu’est-ce qui a bien pu piquer les marchés boursiers depuis leurs creux respectifs en mars dernier ? D’abord, Wall Street est un phare à l’horizon (4 à 6 mois) dont le faisceau est représentatif de la somme des attentes des investisseurs. Depuis le 23 mars, l’indice S&P 500 signale une amélioration des perspectives économiques. Plusieurs indicateurs ont depuis confirmé que le pire des conséquences économiques de la pandémie était probablement passé au deuxième trimestre pour la plupart des grandes économies, le « Grand déconfinement » permettant d’entrevoir une embellie dès le troisième trimestre.
Wall Street signale aussi que les investisseurs s’attendent à ce que l’expansionnisme budgétaire et monétaire continue jusqu’à ce que la relance économique soit durable. Avant de resserrer les cordons de la bourse, les grands argentiers voudront s’assurer que la science a trouvé un médicament pour soigner et/ou un vaccin pour immuniser contre la COVID‑19.
Populaires auprès des investisseurs, ces acronymes prennent ici tout leur sens : There Is No Alternative pour TINA et Fear Of Missing Out pour FOMO. En d’autres termes, TINA signifie qu’il n’y a pas de solution de rechange aux actions du fait que le taux de dividende est en moyenne plus élevé que le taux d’intérêt sans risque. Dans l’indice S&P 500, 78 % des entreprises versent un taux de dividende (2 % en moyenne) supérieur à celui des Treasuries de 10 ans. Pour le TSX, c’est 75 % des entreprises (taux de dividende moyen de 3,45 %). En d’autres termes, la baisse des taux d’intérêt a donné des ailes aux actions.
Interventionnisme public extraordinaire, taux d’intérêt bas, TINA, FOMO, endiguement de la pandémie, déconfinement et anticipation d’une reprise en V expliquent l’essentiel du rebond des bourses : +39,31 % S&P 500, +47,01 % Nasdaq, +39,65 % TSX et Euro Stoxx, 32,18 %) depuis leur creux respectif.
Globalement, nous sommes légèrement sous-pondérés en actions comparé à notre indice de référence. Nous croyons que la prudence est de mise compte tenu du contexte actuel. L’évaluation des actions soulève plusieurs interrogations à la suite du fort rebond au dernier trimestre. Les Bourses rebondissent, mais pas nécessairement les profits. Ce regain d’enthousiasme de la part des investisseurs à l’égard des marchés boursiers pourrait être potentiellement fragilisé par la décroissance attendue des bénéfices au cours des prochains trimestres. Si le creux des données économiques est possiblement derrière nous, celui des bénéfices pourrait se concrétiser seulement après la publication des résultats du deuxième trimestre. Présentement, l’encaisse que nous avons en portefeuille est un atout très intéressant qui sera déployé judicieusement en temps opportun.
En ce qui concerne les revenus fixes, la durée globale des obligations en portefeuille est de 4,5 ans, ce qui est aligné à notre indice de référence. Les obligations sont une excellente soupape de sécurité si les marchés culbutent encore une fois.
En vue d’optimiser le rendement, la répartition géographique prendra tout son sens pour la portion actions du portefeuille. Au deuxième trimestre, nous avons apporté une modification à notre indice de référence pour les actions. Nous sommes passés de 60 % TSX et 40 % MSCI World à 50 % TSX et 50 % MSCI World. En novembre 2019, nous avions pris la décision de faire un virage vers l’investissement responsable et d’éliminer les titres des pétrolières dans le portefeuille. La Bourse canadienne étant fortement constituée de titres énergétiques, il était moins pertinent de se comparer à 60 % à celle-ci.
Même si le multiple d’évaluation est plus raisonnable qu’aux États-Unis, la prudence est quand même de mise pour le TSX. Les défis des secteurs de l’énergie, puis de l’immobilier post-COVID et la vulnérabilité de la demande intérieure liée à l’endettement des ménages expliquent l’essentiel de cette position. Par ailleurs, le TSX a récupéré près de 300 milliards $ de valeur rien qu’au deuxième trimestre, mais il demeure en baisse de 10 % depuis le début de l’année. Par surcroît, c’est à la lumière des prochaines publications de résultats qu’il sera possible de prendre réellement le pouls de l’imposant secteur bancaire. Pour le moment, les crédits hypothécaires faisant l’objet de reports de paiements ne sont pas comptabilisés comme des prêts en souffrance. Mais lorsque ces programmes prendront fin, l’état réel de la situation pourra être mesuré. D’ici là, la prudence s’impose.
Comptant pour plus de 60 % de la capitalisation mondiale dans les secteurs de la technologie, des services de communication et de la santé, l’indice S&P 500 n’est pas près de voir son étoile cesser de briller. Un jour, nous assisterons à un changement de garde entre les pays, mais pas cette année. En 2020, les États-Unis continueront de se distinguer, même si certains segments technologiques affichent une surévaluation relative.
Les investisseurs attendent patiemment que l’Europe prenne son envol depuis des années. Chaque fois qu’elle accélère sur la piste de décollage, elle est freinée dans son élan par un nid-de-poule creusé par l’appréciation de l’euro. Les gouvernements et la Banque centrale européenne ont beau pousser la manette des gaz à fond, la croissance économique n’arrive pas à décoller durablement. Une reprise est en vue, mais elle ne sera pas encore suffisante pour faire pencher la balance en faveur de l’Euro Stoxx en 2020. À l’opposé du S&P 500, celui-ci est d’ailleurs moins exposé au style croissance qu’au style valeur. Nous continuons de recommander de sous-pondérer l’Europe dans un portefeuille adéquatement diversifié.
L’évolution de la pandémie de COVID‑19 demeure la principale incertitude entourant les perspectives économiques et financières. De plus, le risque est maintenant tourné vers une éventuelle seconde vague qui forcerait la réintroduction de mesures sanitaires qui contraindraient davantage la croissance de l’économie. Les effets négatifs sur les profits des entreprises et sur les Bourses seraient alors plus importants.
D’autres incertitudes ont trait à l’après-pandémie. Une fois les principales restrictions levées, l’activité pourrait ne pas rattraper son rythme comme souhaité. Des secteurs pourraient souffrir longtemps des entraves à la consommation, à la production et aux échanges commerciaux. Au Canada, le retour à la normale après la pandémie de COVID‑19 pourrait s’avérer plus difficile que prévu. Malgré la récente remontée, les prix du pétrole demeurent relativement bas d’un point de vue historique, ce qui pourrait entraîner d’importantes répercussions négatives sur le secteur de l’énergie. Il est difficile de prévoir quelle sera l’ampleur des effets à long terme sur l’industrie. De plus, la réduction des taux d’intérêt directeurs à un niveau plancher pourrait éventuellement accentuer les inquiétudes associées à l’endettement élevé des ménages si les taux demeurent bas trop longtemps. De la même façon, les importants plans de relance annoncés par les gouvernements pourraient amener des doutes sur les finances publiques et des pressions haussières sur les taux obligataires, surtout si la crise économique se prolonge.
L’élection américaine de novembre ne doit pas non plus être prise à la légère et, encore là, les scénarios sont nombreux. À la veille de l’élection de 2016, beaucoup doutaient des chances réelles de Donald Trump. Aujourd’hui à la traîne dans les sondages, celui-ci ne doit pas être tenu pour battu, au contraire. Ne pouvant désormais plus se présenter comme le candidat de l’économie, du renouveau et de la justice sociale, il pourrait être tenté de reprendre un thème qui lui a valu des gains importants en 2016 et confronter directement la Chine avec des mesures protectionnistes. Cette éventualité serait dommageable pour l’économie mondiale, mais aussi pour les États-Unis. Si certains voient d’un bon œil la montée des démocrates dans les sondages et d’une Amérique plus prévisible, un Joe Biden à la Maison-Blanche pourrait également engager un alourdissement de la fiscalité, ce qui est une bien mauvaise nouvelle pour Wall Street. Dossier à suivre.
Une personne de grande sagesse me racontait récemment que les statistiques donnaient de la perspective et qu’il fallait s’en tenir aux chiffres. Comme la logique, la sagesse finit toujours par vaincre. Premier constat, un investisseur qui a investi dans le S&P 500 en décembre 1996 alors que l’indice était à 741 fait assurément de l’argent s’il a conservé son investissement, car cet indice a clôturé à 3 130 au début du mois de juillet. Deuxième constat, le temps est le meilleur ami de l’investisseur qui ne se laisse pas déranger par le bruit et qui est immunisé contre l’anxiété. Une anxiété alimentée en continu par Wall Street, mais aussi par la machine médiatique. Petite confidence, il y a des journées où il ne se passe rien, mais si vous êtes rivés à vos écrans pendant 12 heures vous risquez de trouver quelque chose. Troisième constat, dans le doute, la meilleure transaction est celle qui n’aura pas été faite sur un coup de tête alors que votre indicateur d’angoisse était au rouge. Quatrième constat, une stratégie d’investissement est le reflet du profil d’investisseur et de la tolérance aux risques de celui-ci, elle doit être rééquilibrée à intervalle régulier pour tenir compte des mouvements des classes d’actifs. Finalement, à la question est-ce le temps d’investir, c’est toujours le temps d’investir parce que la probabilité de le faire au moment approprié est négligeable. Autant déployer de l’argent et rééquilibrer son portefeuille à intervalle régulier. Ah la sagesse!
Nous espérons que ces informations vous aideront à mieux comprendre les marchés et nous demeurons à votre entière disposition pour discuter plus longuement de nos stratégies d’investissement. Nous vous réitérons notre engagement à travailler toujours plus fort pour dénicher les bonnes occasions qu’offrent les marchés financiers, de manière à vous aider à réaliser vos objectifs à long terme.
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