Absente l'an dernier, la volatilité secoue les marchés financiers depuis la fin janvier. Cet élan de volatilité permet à l'investisseur de mieux connaître sa vraie tolérance au risque, ce qui est primordial dans le monde de l'investissement.
Cette volatilité est le fruit des mesures de repli sur soi (protectionnisme) qui nuisent au commerce international, de la politique américaine et européenne, des tensions géopolitiques, des prix du pétrole et de l'orientation des taux d'intérêt.
Malgré tous ces bruits de fond, les conditions financières et économiques restent favorables. Étant donné la dynamique générale et les anticipations d'une expansion budgétaire aux États-Unis cette année et l'an prochain, le FMI prévoit maintenant que la croissance mondiale s'établira à 3,9 % pour 2018-2019. Cette toile de fond est tactiquement favorable aux actions. L'ajustement progressif des politiques monétaires dans les grands pays industrialisés occasionnera une normalisation des taux d'intérêt (hausse graduelle) d'ici la fin du cycle, ce qui crée un contexte défavorable aux obligations.
Le marché obligataire évolue dans sa phase de normalisation (hausse graduelle) au Canada et aux États-Unis. D'un creux de 1,37 %, les obligations du Canada de 10 ans ont atteint un sommet de 2,53 % le 17 mai dernier et les Treasuries de 10 ans (obligations américaines) sont passées de 2,04 à 3,22 %. Une autre hausse du taux directeur est prévue au Canada en 2018, suivie de deux autres en 2019.
Indice | Niveau | 3 mois | 6 mois | 1 an |
S&P/TSX | 16,277.73 | 6.77% | 1.95% | 10.39% |
S&P 500 ($ US) | 2,718.37 | 3.43% | 2.65% | 14.36% |
MSCI Pays émergents ($ US) | 1,069.52 | -7.90% | -6.60% | 8.53% |
MSCI Monde ($ US) | 2,089.30 | 1.89% | 0.74% | 11.71% |
Taux de change $ CAN/$ US | 0.76 | 0.78 | 0.80 | -1.30% |
Rend. oblig. Canada 2 ans | 1.91 | 1.78 | 1.69 | 73.53% |
Rend. oblig. Canada 10 ans | 2.17 | 2.09 | 2.05 | 23.04% |
Pétrole ($ US) | 74.15 | 65.94 | 60.42 | 61.06% |
Or ($ US) | 1,253.16 | 1,325.54 | 1,303.05 | 0.94% |
Le dollar américain continuera de profiter du décalage économique et monétaire entre les pays industrialisés pour s'illustrer ; il est en hausse de près de 4 % depuis le début de l'année par rapport au dollar canadien. Selon les prévisionnistes du Mouvement Desjardins, le huard terminera l'année autour de 75 cents américains. Les discussions entourant l'ALENA pourraient modifier ce scénario. Advenant qu'un dialogue de sourds mène à un dérapage dans les négociations commerciales, l'économie canadienne pourrait être freinée dans son élan et plomber les ailes du huard, qui pourrait chuter à 70 cents américains. Les États-Unis représentent environ 80 % des exportations totales canadiennes et ont donc une très grande influence sur les négociations.
Notre lecture de la grande toile de fond économique et financière se veut positive en 2018-2019, voire jusqu'en 2020. Par conséquent, notre stratégie d'investissement est teintée d'un optimisme qui est tout de même sélectif sur un horizon de 12 à 18 mois. De fait, la répartition tactique des actifs surpondère les actions, plus particulièrement les actions américaines, mais sous-pondère les titres à revenu fixe. La volatilité fera partie intégrante de l'équation d'ici à ce que le cycle tire sa révérence.
La prudence est de mise du côté du revenu fixe. Une façon de réduire l'effet des hausses de taux sur le portefeuille consiste à modifier la répartition des échéances. Actuellement, notre échéance moyenne est de 2,25 ans. En d'autres mots, cela veut dire que nous pouvons liquider certaines obligations sans perte de capital pour replacer à un meilleur taux, et cela, en tout temps. De plus, en juin, nous avons diminué notre pondération en actions privilégiées à cause du climat économique incertain au Canada, en raison des négociations de l'ALENA et de l'impact négatif que cela peut entraîner sur cette catégorie d'actifs. Il n'est toutefois pas exclu que nous revoyions notre pondération à la hausse si l'incertitude se dissipe. Nous avons toujours comme prémisse que le revenu fixe est la portion sécuritaire du portefeuille et celle qui sert à protéger le portefeuille en cas de baisse des marchés. Nous privilégions encore une prise de risque avec les actions au détriment des titres à revenu fixe.
Parmi les actions, nous maintenons une position favorable au secteur financier et neutre à l'égard du secteur industriel, et nous continuons de sous-pondérer la consommation. Toutefois, le recul récent d'Alimentation Couche-Tard nous offre une occasion d'accumulation. Nous sommes également sous-pondérés dans le secteur des ressources naturelles, en raison de la remontée difficilement soutenable des titres énergétiques canadiens.
Si la hausse des taux d'intérêt se révèle négative pour les sociétés de services publics et les fiducies immobilières, il en va autrement pour le reste du créneau des titres sensibles aux taux. En pareilles circonstances, les assureurs et les banques sont normalement les grands gagnants.
Canada (sous-pondéré)
À l'instar de plusieurs pays industrialisés, l'économie canadienne a ralenti au premier trimestre. Selon la Banque du Canada, « l'endettement élevé des ménages rend l'économie canadienne plus vulnérable aux événements susceptibles de compromettre la croissance et la stabilité financière ». Cette sensibilité des ménages aux variations des taux d'intérêt aura un effet modérateur sur la consommation et l'économie. Pour le moment, le plein-emploi et l'augmentation des salaires semblent compenser l'effet des hausses de taux sur le bilan des ménages. Présentement, nous sommes sous-pondérés en actions canadiennes.
États-Unis (surpondéré)
L'environnement économique et financier permet d'envisager une croissance économique (PIB) de 2,8 % en 2018 et de 2,5 % en 2019. L'adoption d'une politique fiscale expansionniste (baisse d'impôts) stimulera l'activité économique d'environ 0,5 % par année d'ici la fin de 2020. Cette mesure contribuera à prolonger le cycle, mais rendra plus difficile le travail de la Reserve fédérale américaine (Fed). Une économie en marge de sa capacité, un marché du travail en situation de plein-emploi (en avril, il y avait 6,7 millions de postes à pourvoir et 6,4 millions de travailleurs disponibles) et un indice de confiance des ménages élevé font en sorte que nous sommes surpondérés en actions américaines.
Europe (sous-pondéré)
En Europe, les défis sont multiples, les principaux étant le Brexit au Royaume-Uni et la situation politique en Espagne et en Italie. Le Brexit pourrait provoquer l'implosion du Royaume-Uni si l'Irlande du Nord, le Pays de Galles ou l'Écosse abandonnaient le navire du Royaume-Uni pour celui de l'Union européenne. L'Espagne et l'Italie imposent une énième épreuve à la zone euro. D'une part, la toile politique espagnole a été marquée par un changement de premier ministre en mai ; d'autre part, nous avons assisté à une montée du populisme en Italie. Il n'est pas exclu que les Italiens retournent aux urnes dans ce qui pourrait être une élection référendaire sur l'euro.
Le feuilleton italien est riche en rebondissements ! Les problèmes qui affligent ce pays sont structurels et touchent la démographie, la productivité et les finances publiques. La population est vieillissante et bénéficierait d'une cure de rajeunissement. La productivité décline depuis une trentaine d'années. Pour toutes ces raisons, nous sommes présentement sous-pondérés en actions européennes.
Depuis 1950, les récessions se sont concrétisées vingt-huit mois après que l'économie réelle ait dépassé son potentiel. Selon Credit Suisse, l'économie américaine et son marché du travail évoluent déjà à la limite de leur capacité, indiquant une récession à partir du deuxième semestre de 2020. Il est donc trop tôt pour adopter une stratégie de prudence envers les actions, mais soyons conscients que nous arrivons à la fin de la huitième manche d'un match de baseball qui a débuté le 9 mars 2009. Notre travail quotidien vise à identifier et à rester à l'affût de tous les signaux qui laisseraient présager un début de récession, et donc, un marché baissier.
Enfin, la volatilité fera partie intégrante du cycle d'ici la fin de celui-ci. Depuis trois et cinq ans, la plupart des investisseurs ont obtenu des résultats qui dépassent toute attente raisonnable. Nous connaissons présentement un retour du balancier qui revient vers la normale. La deuxième moitié de l'année s'annonce riche en occasions à saisir et en possibilités d'investissement, mais aussi en incertitude et en poussées d'angoisse. L'inertie n'est pas une option viable pour l'investisseur qui cherche à atteindre sa cible de rendement à long terme, surtout avec des marchés obligataires qui empruntent le chemin de la normalisation.
Nous espérons que ces informations vous aideront à mieux comprendre les marchés et nous demeurons à votre entière disposition pour discuter plus longuement de nos stratégies d'investissement. Nous vous réitérons notre engagement à travailler toujours plus fort pour dénicher les bonnes occasions qu'offrent les marchés financiers, de manière à vous aider à réaliser vos objectifs à long terme.
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