Lettre financière, été 2017, 40e édition

Le huard prend son envol

Mine de rien, le dollar canadien est passé de 73,75 $ US début juin à plus de 0,78 $ US, soit une augmentation de 6,6 % par rapport au billet vert. Le changement de ton de la Banque du Canada en juin et l’annonce d’une première hausse du taux directeur depuis le 8 septembre 2010 expliquent l’essentiel de cette poussée. Cela ramène à l’avant-scène l’effet du taux de change sur une stratégie d’investissement. Ainsi, le rendement du S&P 500, qui est de 9,1 % depuis le début de l’année, passe à 3,26 % une fois converti en dollars canadiens.

L’impact de la hausse de 0,25 % annoncée le 12 juillet dernier sur les paiements d’une hypothèque de 200 000 $ – dont le taux passe de 2,89 à 3,15 % – est de 25,68 $ par mois,. Autrement dit, l'équivalent d'un café chez McDo du lundi au vendredi !

Pour le gouverneur de la Banque du Canada, cette hausse constitue un vote de confiance envers les ménages et leur capacité de payer. Les voyageurs qui s’apprêtent à partir en vacances profiteront de ce taux de change, qui offre une belle occasion de convertir le dollar canadien en dollars américains ou en euros !

Indice Niveau 3 mois 1 an 2017
S&P/TSX 15 182,19 -1,64 % 11,05 % 0,73 %
S&P 500 ($ US) 2 423,41 3,09 % 17,89 % 9,34 %
MSCI Pays émergents ($ US) 1 010,80 6,35 % 24,24 % 18,55 %
MSCI Monde ($ US) 1 916,43 4,19 % 18,89 % 11,01 %
Taux de change $ CAN/$ US 0,77 $ 0,75 % -0,30 % 3,67 %
Rend. oblig. Canada 2 ans 1,10 % 0,75 % 112,93 % 47,66 %
Rend. oblig. Canada 10 ans 1,76 % 1,63 % 66,07 % 2,38 %
Pétrole ($ US) 46.04 $ 50,60 $ -4,74 % – 14,30 %
Or ($ US) 1 241,55 $ 1249,35 $ -6,10 % 7,75 %

Taux d’intérêt

À moins d’une pause-santé de la Bourse ou d’une baisse du rythme de l’activité économique, la Fed haussera son taux directeur à 1,5 % d’ici décembre 2017. Au Canada, la Banque du Canada (BdC) a haussé son taux directeur de 0,25 % le 12 juillet dernier, le faisant passer de 0,50 à 0,75 %. Et la table est mise pour une deuxième hausse d’ici la fin de l’année.

En pratique, la BdC exerce une influence sur les taux de moins de deux ans, le reste de la courbe des rendements demeurant soumis aux obligations américaines. La situation au sud de la frontière et une amélioration des conditions économiques au Canada nous incitent donc à prévoir une accentuation de la pente de la courbe des rendements.

Les prévisions de Desjardins d’ici la fin de 2017 sont de 2,50 à 3 % pour les obligations américaines (Treasuries) de 10 ans et de 1,65 à 2 % pour les obligations canadiennes de 10 ans.

Pour faire face à cette hausse graduelle des taux d’intérêt, nous optons pour trois stratégies en matière de gestion du revenu fixe. Premièrement, il est important d’avoir une durée courte pour la portion obligataire. Deuxièmement, nous optons pour une pondération de 35 % du revenu fixe qui est investi dans des titres de sociétés à court terme. Et troisièmement, nous investissons dans des titres à taux variables qui bénéficient des hausses de taux comme le font, par exemple, certaines actions privilégiées.

Devises

Selon les économistes de plusieurs grandes banques, le dollar canadien évoluera dans une fourchette de 74 à 80 cents américains d’ici la fin de l’année. Il sera influencé par la fréquence des hausses de taux d’intérêt aux États-Unis par rapport à celles qui seront effectuées au Canada. Également, le prix des ressources naturelles, notamment du pétrole – dont la cible est de 45 à 60 $ US le baril – dicte la direction du dollar canadien. La forte création d’emplois au pays a donné de l’élan au huard récemment.

Il faudra continuer de surveiller de près le marché de change, car l’augmentation de la valeur du dollar canadien mine le rendement des placements aux États-Unis. Pour ce qui est des investissements à l’international, nous optons pour une stratégie de couverture de change qui met l’investisseur à l’abri du risque de devises.

Notre stratégie de portefeuille

Sur un horizon de trois à six mois, notre stratégie est teintée d’un optimisme prudent. Les ratios de valorisation sont historiquement élevés, certes, mais cela n’est pas suffisant pour que la Bourse américaine devienne encore plus chère. Une pause-santé (baisse de 5 à 10 %) est envisageable, mais les perspectives économiques et financières sont favorables à une prolongation du cycle d’investissement.

L’indice S&P 500 n’a pas affiché une baisse d’au moins 5 % depuis juin 2016 et un recul de 10 % depuis février 2016. Autre signe de complaisance, le S&P 500 n’a connu qu’une seule baisse quotidienne de plus de 1,5 % en 2017.

Parmi une longue liste d’impondérables susceptibles d’entraîner une pause-santé de la Bourse et de créer des occasions d’investissement figurent la complaisance des investisseurs, l’imprévisibilité de la présidence américaine, la politique monétaire américaine, la situation en Corée du Nord, en Chine, en Russie et en Italie, le terrorisme international et un cyberchoc. Un tel repli représenterait une occasion d’investir dans le marché des actions les liquidités gardées en réserve.

Si une pause-santé se produisait à la Bourse, des occasions d’achat se présenteraient et entraîneraient une baisse de l’encaisse au profit des actions. Voici le plan de match :

  • Un recul de 3 à 5 % de l’indice S&P 500 entraînerait une première baisse de l’encaisse de 5 %
  • Un recul de 7 à 10 % déclencherait une autre baisse de l’encaisse à 5 %

Répartition sectorielle

En matière de répartition sectorielle, nous favorisons les secteurs qui sont sensibles aux taux d’intérêt. Nous préférons les services financiers et la technologie, qui ont l’habitude de bien performer dans un environnement de hausse des taux d’intérêt. Nous continuons de sous-pondérer les ressources et l’énergie, notamment le pétrole. Présentement, l’offre est de beaucoup supérieure à la demande, en grande partie en raison de l’emphase qui est mise sur l’exploitation du pétrole de schiste aux États-Unis.

Répartition géographique

Canada

Dans notre portefeuille, nous sommes présentement sous-pondérés en actions canadiennes. La piètre performance de la Bourse canadienne en 2017 s’inscrit dans une lignée caractérisée par une année 2015 misérable, suivie d’un rebond impressionnant en 2016. Les actions canadiennes pourraient donc s’avérer une occasion d’achat dans les prochains mois. La grande volatilité qui touche la Bourse de Toronto ramène encore une fois à l’avant-scène l’importance de la diversification géographique pour l’investisseur canadien.

Outre l’incertitude qui entoure l’évolution du cours des titres énergétiques, les principaux risques auxquels fait face le TSX sont probablement la menace de barrières tarifaires américaines, le marché de l’habitation – où les prix ne cessent de fracasser de nouveaux records, plus particulièrement à Toronto et à Vancouver – et le taux d’endettement des ménages, qui dépasse celui de nos voisins du Sud.

Notre sous-pondération importante aux secteurs énergétique et des ressources nous a été favorable depuis le début de l’année.

États-Unis

Une évaluation élevée et une meilleure performance de la Bourse américaine par rapport aux autres marchés mondiaux depuis quelques années fait en sorte qu’il est tentant de réduire la pondération de ses titres afin d’accroître son exposition à d’autres régions. Certes, les multiples d’évaluation sont élevés, mais rien n’empêche qu’ils le deviennent encore davantage. La reprise boursière en cours depuis novembre 2016 repose essentiellement sur les perspectives de baisses d’impôt et d’investissements dans les infrastructures aux États-Unis. Si elles finissent par être entérinées, les mesures budgétaires et fiscales proposées par la Maison-Blanche pourraient propulser la Bourse vers un nouveau sommet. L’inverse est aussi vrai si les mesures annoncées pendant la campagne électorale et confirmées par la Maison-Blanche ne franchissent pas le cap de la Chambre des représentants et du Sénat. Dans l’ensemble, l’économie, la création d’emplois et la confiance des consommateurs sont robustes; voilà pourquoi nous favorisons une surpondération des actions américaines.

Europe

Dans nos portefeuilles, nous surpondérons présentement les actions des entreprises européennes et nous avons enrichi notre position au dernier trimestre. Nos conclusions s’appuient sur les perspectives de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI). Les données économiques confirment que la reprise devient de plus en plus solide. Soutenue par une politique monétaire très souple, la demande intérieure alimente la croissance de la zone euro.

En 2017, c’est le marché européen qui affiche les rendements les plus élevés, exception faite des pays émergents. L’Europe a donc fait fi des inquiétudes généralisées du début de l’année, stimulée par une croissance économique prometteuse et par une élection française encourageante. Malgré leur performance récente, les Bourses européennes continuent de se négocier à escompte par rapport aux Bourses américaine et canadienne.

Conclusion

Depuis trois et cinq ans, la plupart des investisseurs ont obtenu des résultats qui dépassent les attentes raisonnables. Ces rendements seront toutefois difficiles à reproduire au cours des trois à cinq prochaines années, car la composante obligataire des portefeuilles limitera les rendements espérés en raison de taux d’intérêt déjà excessivement bas. Notons également que la force des rendements sur douze mois reflète les creux touchés au premier trimestre de 2016.

La volatilité est une réalité avec laquelle les investisseurs doivent composer et qu’ils doivent apprivoiser. En 2017, produire un rendement de 5 % pour un investisseur au profil équilibré ne sera pas facile. En recommandant une répartition tactique et en faisant preuve d’un optimisme prudent, nous réduisons l’effet de la volatilité et du risque sur notre portefeuille de placement.

Nous espérons que ces informations vous aideront à mieux comprendre les marchés et nous demeurons à votre entière disposition pour discuter plus longuement de nos stratégies d’investissement. Nous vous réitérons notre engagement à travailler toujours plus fort pour dénicher les bonnes occasions qu’offrent les marchés financiers, de manière à vous aider à réaliser vos objectifs à long terme.

Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.

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